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GPS – Lucie Rico
Une seule phrase est indiquée en 4e de couverture
Sandrine souhaite partager sa localisation avec vous.
Ce livre a eu la mention spéciale du Prix Wepler.
J’ignorai ce prix. Il est indiqué qu’il récompense une œuvre marquée par une audace, un excès, une singularité et que l’écriture doit échapper toute visée commerciale.
J’avoue qu’en le lisant il m’a été difficile de le classifier « roman » ; « forme policière conjuguée » ; « oulipisme »…Quoi qu’il en soit, ce livre à une forme originale, une histoire intéressante, une fausse réciprocité d’un GPS et son histoire…Ce livre peut paraître par des lignes redondant, mais il exerce une action attachante, une envie d’aller au bout…Présenté à deuxième personne du singulier, assez rare pour le souligner, il répond bien aux critères du prix qui lui a été décerné. A découvrir !
Ariane, journaliste au chômage est invitée aux fiançailles de son amie Sandrine qui partage sa géolocalisation avec elle. Le petit point rouge matérialisant la position géographique de Sandrine est le fil conducteur de ce roman à la gloire de Google (google maps, google earth, Steet view….). Le monde virtuel supplante le monde réel, il est celui par lequel se déroule un scénario indigent.
De prime abord, je ne serai pas allée vers ce genre de roman si mon Grand Couassous n’avait pas participé au Prix littéraire de France Culture : je lui ai emprunté son livre.
C’est un roman à l’univers étrange, où l’auteur emploie la deuxième personne pour parler de son personnage, Ariane.
Mais qui est le personnage principal : Ariane qui vit recluse, ou Sandrine sa meilleure amie qui disparait, ne laissant qu’un point rouge sur le GPS d’Ariane ?
Qu’est-il arrivé à Sandrine ? Est-elle partie avec un connard de la fête ? Est-elle le cadavre brûlé retrouvé non loin du point rouge ?
Et pourquoi ce point rouge sur le smartphone d’Ariane bouge-t-il ?
J’ai eu du mal à osciller entre l’univers onirique des déplacement de Sandrine (les lieux de l’enfance commune des deux amies, les voyages qu’elles n’ont jamais fait) et les données froides du GPS.
J’ai aimé les noms de lieu : le lac du Der, la rue du renard, la ruelle des cailloux.
Un sacré roman sur la vie moderne, notre dépendance aux objets connectés qui nous déconnectent de la vie et du rêve.
Deux citations :
Le paysage semble s’être comme Sandrine offert une opération de chirurgie esthétique. Tu apprécies c emonde, sans météo, sans contrainte, sans choix.
Entre le moment de la photographie en 360° d’un lieu et son apparition sur Google Maps, il se déroule plus de six mois. Si une bombe nucléaire ravage ta ville, elle restera intacte sur la carte pendant deux saisons. Cette pensée te rassure.
L’image que je retiendrai :
Il est beaucoup question de feu dans ce roman : le prénom Sandrine, et l’amant d’Ariane qui est pompier, comme un contre-point à la froideur du monde virtuel.
https://alexmotamots.fr/gps-lucie-rico/
Si le GPS a squatté l'intérieur de nos automobiles ou remplacé grâce (à cause?) de nos smartphones les " Bonjour Mr-Mme, pourriez-vous m'indiquer où se trouve la rue Piquempoix ? " ( question que désormais on ne pose plus puisque, à cause ( grâce ? ) au GPS, plus personne ou quasi ne sait vous répondre) , ce dernier n'était pas encore vraiment apparu comme élément principal d'une fiction. Pour son premier roman, Lucie Rico s'empare de cet engin ô combien symbolique de nos vies connectées et en fait l'élément central d'un récit habile et en prise avec notre époque.
De nos jours, finis les grands espaces, les road-movies à la Kerouac, peut être pas à cause d'un carburant trop cher, mais sans doute, comme l'héroïne de ce roman, à cause d'un mal être existentiel, ici doublé d'une phobie sociale. Les outils numériques d'aujourd'hui, sortes de relais au monde, permettent de voyager grâce entre autre à cet instrument qu'est le GPS. Dans ce récit, on s'accroche au portable de la narratrice qui va jouer un rôle terriblement troublant. Sous la forme d'un petit point, représentant son amie Sandrine avec qui elle a accepté de partager sa localisation via Google Maps le temps d'une fête de fiançailles, nous voyagerons au coeur d'un décor minimal et symbolique ( même si au bout d'un moment il deviendra beaucoup plus précis, peut être dans la tête de son utilisatrice). Et quand cette même amie, ne donnera plus signe de vie mais continuera à s'agiter sur l'écran, une traque silencieuse, de plus en plus angoissante, va commencer. Le lecteur, aussi fasciné que l'héroïne, vivra donc un road-movie immobile où l'espace et le temps joueront constamment les duettistes d'un fascinant fait divers.
Jouant autant sur la forme que sur un fond très sociétal autour de l'enfermement social et mental, Lucie Rico mélange habilement regard sur nos névroses contemporaines et récit façon thriller tout en semant une multitude de petits détails, donnant à son texte une profondeur qui nous habite encore longuement une fois le livre refermé ( avec une fin tellement ouverte qu'elle en devient énigmatique). Un second roman fort et stimulant !
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