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"Un immense nuage noir. Plus de soleil, plus de vie, l'humanité frôla l'extinction." Dès lors, une seule chose compte, construire Vertigéo. Une tour, parmi d'autres tours, qui monte au-dessus des nuages sombres, soumise aux tempêtes, construite par des ouvriers esclaves, au mépris du danger.
Lloyd Chéry et Emmanuel Delporte proposent un récit post-apocalyptique sombre et glaçant. Dans une nouvelle société très hiérarchisée, seule compte la poussée, c'est-à-dire la construction de nouveaux étages de la tour. Mais, comme dans la caverne de Platon, les apparences sont parfois trompeuses. Un contremaître usé va initier presque malgré lui un élan de révolte.
Après Ion Mud et Le Rite (Casterman 2020 et 2022), je découvre enfin le travail graphique de Amaury Bündgen. Ce noir et blanc fin est tout à fait approprié à un monde sans soleil, sans couleurs, soumis aux poussièreux vents et nuages qui soufflent sur les tours. Des couleurs, de Elvire De Cock, qui apparaissent en toute fin d'album pour une révélation bien amenée (même si on la sent venir un peu quand même).
Vertigéo est un très bel album (belle couv, beau livre !) qui s'avère emballant et qui présente, qui plus est, une habile allégorie platonicienne dans un beau travail graphique. Définitivement à découvrir !
L’apocalypse et la disparition de beaucoup d’Hommes. Les survivants, selon une classification impériale, construisent la tour Vertigéo, toujours plus haute. Les morts sont nombreuses, le travail harassant. Peu de temps pour l’introspection et les questionnements existentiels… jusqu’au moment où une rencontre fait douter Ugo, le chef de chantier.
Bande dessinée de Science fiction, dans le plus pur style post-apocalyptique, dystopique. Beaucoup de références, la Tour de Babel entre autres, ou Metropolis de Fritz Lang. Et surtout une métaphore du monde du travail dans ce qu’il a de plus brutal, de plus inhumain, de plus irrespectueux des individus. Un album dur, noir et violent qui montre un monde qui ne fait pas envie mais dont déjà certaines bases sont dans nos sociétés et dans l’essence même du travail. Scénario de Lloyd Chéry -d’après une nouvelle d’Emmanuel Delporte- habile et bien mené, qui prend les codes du genre en les personnalisant, en y ajoutant des détails, des références. Aucun temps mort et même l’envie de prolonger…
Quant au dessin d’Amaury Bündgen, dans tous les tons de gris qu’il peut exister, il est somptueux. Très loin de son album précédent que j’avais beaucoup aimé, Le rite. Exit la nature et le grand air et bonjour les lignes droites et infinies de Vertigéo, les décors d’apocalypse, les personnages au divers costumes pour identifier leurs tâches.
Une bande dessinée envoûtante, flippante et superbe.
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