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Un totalitarisme qui donne le vertige....
Vertigéo est l'adaptation d'une nouvelle d'Emmanuel Delporte qui faisait partie du recueil intitulé "Au Bal des Actifs - Demain le Travail " publié par La Volte en 2017.
Toute une société s'organise autour de la construction de tours, des grattes-ciels aux airs vertigineux. Il faut se soumettre.
Pourquoi ? Le passé semble s'être effacé... on pense aux huis-clos de Silo, au travail sans relâche fourni dans La Horde du Contrevent évidemment mais aussi au Transperceneige. Les références aux grands ouvrages de la SF sont bien là, quitte à enlever un peu d'originalité au scénario de Lloyd Chéry.
Concernant le récit, on suit un personnage principal, Ugo, un chef de chantier, mais durant la majeure partie de la narration, il ne se passe pas grand chose... L'univers du récit prend finalement le pas sur l'intrigue.
La trame se veut oppressante mais il manque ce petit quelque chose qui donnerait du rythme et de l'impact à cette histoire dystopique. Beaucoup de planches nous décrivent le fonctionnement de cette société post-apocalyptique sans être vraiment intégrées à la narration, aux actions des personnages.
Graphiquement, Amaury Bündgen joue avec les perspectives, les axes de vision. L'accent est mis sur l'architecture des lieux, moins sur les personnages. On est sur du noir et blanc la majeure partie de l'album.
Coup de théâtre à la fin au niveau du récit. Les planches suivent la cassure et prennent alors de la couleur.
"Un immense nuage noir. Plus de soleil, plus de vie, l'humanité frôla l'extinction." Dès lors, une seule chose compte, construire Vertigéo. Une tour, parmi d'autres tours, qui monte au-dessus des nuages sombres, soumise aux tempêtes, construite par des ouvriers esclaves, au mépris du danger.
Lloyd Chéry et Emmanuel Delporte proposent un récit post-apocalyptique sombre et glaçant. Dans une nouvelle société très hiérarchisée, seule compte la poussée, c'est-à-dire la construction de nouveaux étages de la tour. Mais, comme dans la caverne de Platon, les apparences sont parfois trompeuses. Un contremaître usé va initier presque malgré lui un élan de révolte.
Après Ion Mud et Le Rite (Casterman 2020 et 2022), je découvre enfin le travail graphique de Amaury Bündgen. Ce noir et blanc fin est tout à fait approprié à un monde sans soleil, sans couleurs, soumis aux poussièreux vents et nuages qui soufflent sur les tours. Des couleurs, de Elvire De Cock, qui apparaissent en toute fin d'album pour une révélation bien amenée (même si on la sent venir un peu quand même).
Vertigéo est un très bel album (belle couv, beau livre !) qui s'avère emballant et qui présente, qui plus est, une habile allégorie platonicienne dans un beau travail graphique. Définitivement à découvrir !
L’apocalypse et la disparition de beaucoup d’Hommes. Les survivants, selon une classification impériale, construisent la tour Vertigéo, toujours plus haute. Les morts sont nombreuses, le travail harassant. Peu de temps pour l’introspection et les questionnements existentiels… jusqu’au moment où une rencontre fait douter Ugo, le chef de chantier.
Bande dessinée de Science fiction, dans le plus pur style post-apocalyptique, dystopique. Beaucoup de références, la Tour de Babel entre autres, ou Metropolis de Fritz Lang. Et surtout une métaphore du monde du travail dans ce qu’il a de plus brutal, de plus inhumain, de plus irrespectueux des individus. Un album dur, noir et violent qui montre un monde qui ne fait pas envie mais dont déjà certaines bases sont dans nos sociétés et dans l’essence même du travail. Scénario de Lloyd Chéry -d’après une nouvelle d’Emmanuel Delporte- habile et bien mené, qui prend les codes du genre en les personnalisant, en y ajoutant des détails, des références. Aucun temps mort et même l’envie de prolonger…
Quant au dessin d’Amaury Bündgen, dans tous les tons de gris qu’il peut exister, il est somptueux. Très loin de son album précédent que j’avais beaucoup aimé, Le rite. Exit la nature et le grand air et bonjour les lignes droites et infinies de Vertigéo, les décors d’apocalypse, les personnages au divers costumes pour identifier leurs tâches.
Une bande dessinée envoûtante, flippante et superbe.
Très très bel album, et ce compliment vient d'un lecteur pas particulièrement amateur d'histoires peuplées d'êtres et de mondes qui empruntent à la fois à la science fiction, à la mythologie et aux légendes. Il débute par des pages superbes en noir et blanc, muettes, aux détails importants et continue en noir et blanc avec des paroles. Il y a le monde des puissants, des envahisseurs qui s'oppose à la sagesse, la tranquillité et la méditation du prêtre. Difficile en ce moment de ne pas faire l'analogie avec l'ogre russe à l'assaut de l'Ukraine, mais il est vrai que cette histoire peut coller à toutes les guerres. Pas super originale, mais bien tournée et bien menée, j'aime beaucoup l'histoire qui puise dans les légendes, qui ménage un certain suspense ou tout du moins une tension sur les véritables raisons du massacre des Kévarks et sur le tour que prendra la vengeance du prêtre. Et le dessin est convaincant, superbe de détails. Les personnages sont reconnaissables, le trait est clair et le noir et blanc du plus bel effet.
Enfin, bref, c'est un album que je conseille fortement, qui m'a permis de (re)découvrir un genre que j'avais mis de côté depuis assez longtemps et un bédéiste très talentueux.
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