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Ivan Dmitrievitch Poutiline est le chef de la sécurité de Saint-Pétersbourg que j'ai découvert avec plaisir dans « le costume d'Arlequin », premier opus d'une série le mettant en scène.
Alors qu'il profite d'une retraite bien méritée, il raconte ses enquêtes à Safronov, un homme de lettres chargé de rédiger ses mémoires, ce qui nous vaut quelques intermèdes malicieux dans lesquels le pauvre rédacteur essaye tant bien que mal de rendre une certaine cohérence chronologique au récit de Poutiline.
Un riche marchand, se trouvant habiter avec femme et enfant dans le même bâtiment que Poutiline, a été retrouvé mort dans une maison de rendez-vous, dénotant une certaine légèreté dans sa vie sentimentale. La mère de cet homme a disparu, rajoutant un peu de consternation dans son entourage.
Le chef de la sureté est tout naturellement chargé de résoudre l'affaire, qui s'avère rapidement délicate en raison de la présence d'un baron parmi les connaissances de la victime, et de la pression exercée par quelques personnalités qui ne souhaitent pas voir leur nom associé à un lieu de rencontres galantes.
Poutiline suit la piste des rares indices a à sa disposition, principalement d'étranges jetons qui semblent annonciateurs d'événements tragiques. Les interprétations que font divers personnages de ce qui est représenté et écrit sur les faces de ces étranges amulettes n'éclairent pas vraiment sa lanterne, l'emmenant loin dans la mythologie, voire la franc-maçonnerie.
Dans une ambiance très théâtrale, avec des gens aux fenêtres s'interpellant copieusement, se mêlant sans vergogne de ce qui se passe dans la rue, s'occupant tout naturellement des affaires des autres et surtout de l'avancée de l'enquête d'un de leurs voisins sur la mort d'un autre, Poutiline se fie à sa bonne connaissance de la nature humaine pour éviter les pièges susceptibles de nuire à la recherche de la vérité.
À mon humble avis un peu moins savoureux que « le costume d'Arlequin », ce roman m'a cependant permis de passer un bon moment dans la Saint-Pétersbourg du 19ème siècle.
Léonid Youzéfovitch s'inspire d'un policier Russe, Ivan Dmitrievitch Poutiline, chef de la sûreté à Saint-Pétersbourg au dix-neuvième siècle, qui a écrit ses mémoires en 1889.
Ce premier tome débute avec le meurtre du prince von Arensberg, attaché militaire à l'ambassade d'Autriche.
Poutiline est chargé de cette délicate enquête touchant les milieux diplomatiques, avec les risques de crise internationale que cela implique.
Il doit composer avec le comte Chouvalov, directeur de la gendarmerie, et son adjoint Pevtsov, avec qui l'entente n'est pas des plus cordiales, et subir la pression du comte Khotek, l'ambassadeur autrichien.
Il est secondé par deux collaborateurs, Sytch et Konstantinov, pas toujours très dégourdis, mais très utiles pour mener des investigations dans les bas-fonds de la ville où des rumeurs aussi farfelues qu'inquiétantes circulent au risque d'envenimer la situation.
Les pistes ne manquent pas. Les gendarmes privilégient la plus politique, soupçonnant les milieux extrémistes et anarchistes qui sont pléthore à Saint-Pétersbourg : Bulgares, Polonais, Turcs, Italiens... l'assassinat de l'agent d'un état souverain étranger étant un moyen efficace de déstabilisation.
Poutiline, quant à lui, ne délaisse pas des pistes plus prosaïques comme le meurtre crapuleux ou le crime passionnel, la victime étant connue pour sa fréquentation des cercles de jeu et sa grande passion pour les femmes.
Ce qui devient étonnant c'est la multiplication des coupables, un Bulgare se faisant passer pour Turc, un lieutenant de l'armée Russe, le mari de la maîtresse du prince assassiné, chacun des trois revendiquant haut et fort la paternité du forfait pour des raisons diverses et variées.
La tâche du chef de la sûreté devient d'autant plus compliquée qu'il faut rechercher le vrai coupable tout en démontrant que les argumentations des divers prétendants au titre de meurtrier ne tiennent pas la route.
Le ton est plaisant, empreint d'un certain humour, avec quelques scènes vaudevillesques. L'intrigue est complexe de par les nombreuses directions prises par les enquêteurs, police et gendarmerie ne ramant que rarement dans le même sens.
Au final une agréable surprise que ce polar et cet auteur Russe.
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