Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
A travers un thriller érudit d’excellente facture, l’auteur brosse un portrait de la Russie contemporaine remarquable tout en rappelant des évènements majeurs qui ont fait l’Histoire de ce pays où violence et corruption règnent en maîtres, ce pourtant, sans omettre la grandeur de l’âme russe si attachante.
Le Danois Marcus Hoffman est un cadre commercial travaillant sans compter pour la branche internationale d’une entreprise de colorants alimentaires. Il rencontre Nathalie à Moscou et suite à un coup de foudre réciproque, ils se marient à Copenhague où ce couple sans histoires vit depuis 10 ans. Absorbé par son travail et souvent en déplacements, Marcus aime passer des vacances tranquilles avec sa femme sur l’île de Mon quand parfois ils leur arrivent de rendre visite au père de Marcus, un écrivain danois qui vit à Faïence avec son épouse française.
D’ailleurs, alors qu’il s’était rendu chez son père, Marcus de retour à Nice pour prendre son avion pour Copenhague, va intervenir lorsqu’un homme se fait agresser par d’autres types. L’homme, Victor Terekhov, est russe et lui propose une grosse somme d’argent pour le remercier. Marcus refuse mais accepte sa carte de visite qu’il glisse dans son portefeuille. Et, par la suite ce numéro de téléphone lui sera fort utile bien que…
Peu de temps après, à sa grande surprise, Nathalie lui propose une croisière touristique sur la Volga. En fait, Nathalie était devenue une citoyenne danoise et il ne s’était jamais préoccupé de son passé et elle, n’avait jamais émis quoique ce soit à ce propos.
Marcus accepte et les voilà partis dans ce Moscou moderne regorgeant de boutiques, de stations-services, de voitures japonaises, de McDonald et d’Ikea, où le Rossiya, un bateau blanc à l’ancre à la Moskova les attendait pour l’embarquement de cette promenade fluviale luxueuse qui devait se terminer à Saint-Pétersbourg.
Première étape : Uglitch à 300 kilomètres de Moscou. Une ville à l’air triste mais qui accueille ses visiteurs au son de chansons de folklore russe.
« C’est la province russe, Marcus. C’est triste ici. Les gens n’ont rien d’autre à faire qu’à boire et c’est ce qu’ils font. »
Nathalie préfère rester à bord quand Marcus fait un tour rapide dans la ville.
« Il faut goûter la Russie à distance, mon chéri. Si tu t’approches, tu vois toutes les plaies purulentes qu’un nouveau maquillage superficiel essaie de cacher. »
A son retour à bord, plus de Nathalie ! Disparue!
Marcus va débarquer du Rossiya et se mettre à la recherche de son épouse dans Uglitch, une ville historique qui aurait dû être la capitale de la Russie et qui reste aujourd’hui avec une pauvre usine d’horlogerie très célèbre autrefois avant de se faire dépasser par les montres japonaises et russes qu’on trouve en masse dans les boutiques de Moscou.
Marcus va se heurter aux lois russes qui lui interdiront l’accès à tout hôtel car il n’en a pas la permission.
Il va rencontrer un gamin des rues qui va le conduire dans un bouge et tout va très mal tourner bien que ce gosse répondant au nom de Sacha va être sa boussole et sa bouée de sauvetage dans cette odyssée où Marcus va n’avoir de cesse d’être confronté à l’organisation d’une société violente, corrompue, mafieuse et dangereuse.
Pour retrouver Nathalie, cette épouse inconnue, que Marcus va découvrir avec surprise étape après étape, l’aventure nous entraine de Copenhague à Kaliningrad en passant par Moscou, le Japon et la Sibérie. Si cette épouse se dévoile à lui avec étonnement, c’est pour moi une Russie inconnue que je découvre avec consternation.
« —Je croyais que la Russie était un pays libre. —La Russie est avant tout la Russie. Voulez-vous payer ? »
J’ai découvert ce qu’étaient les Kolkhosniki, les passeports internes de Staline, la propiska, la maskirovka, les siloviki, le pouvoir du KGB, du FSB et du SFB, le pouvoir absolu d’une police féroce, répressive et corrompue dans chaque district à la solde de l’État, les exclus, les oligarques, les fabriques d’argent, les vouchers qui ont servi à l’achat des compagnies de gaz et de pétrole pour des bouchées de pain suite aux privatisations de 1992, les politiques de Staline, Gorbatchev, Eltsine et Poutine qui, ce dernier mise sur le pétrole et le gaz pour faire renaitre la Russie de ses cendres et en faisant planer l’idée d’une renationalisation fait trembler l’ensemble des nouveaux milliardaires nés sous Eltsine, les faux-semblants, la désinformation, la manipulation de la vérité, le terrorisme, etc. J’ai appris sur l’Histoire des goulags et prisons des femmes, de la Russie et le Japon, la Russie et la Tchétchénie, la Russie et l’Ukraine, la Russie et le Kazakhstan.
« C’est un siècle terrible et nulle part il n’a été aussi barbare qu’en Russie. »
Ce livre édité en 2007, qui est avant tout une fiction au suspense très prenant, m’avait été recommandé par la librairie russe parisienne Le Globe mais était resté dans ma MAL (Montagne A Lire). Une belle découverte tardive donc !
Au-delà d’être un thriller érudit, il faut noter que c’est très bien écrit avec le rythme tambour battant d’un page-turner addictif qui ne se lâche pas.
« Et les icônes de la Trinité ? »
C’est l’été, le moment de se faire plaisir, de s’installer en terrasse pour savourer un cocktail bien frais. La carte est jolie, il y a des tas de nouveaux noms, on étudie, on hésite et puis, finalement, on prend toujours le même parce qu’on sait qu’on ne sera pas déçu. On voudrait changer, explorer de nouvelles saveurs, mais rien à faire, on y revient toujours, c’est comme ça.
Exactement comme avec Leif Davidsen, on sait à quoi s’attendre, la qualité est toujours au rendez-vous-même si la trame générale est presque toujours identique : une aventure qui commence à Copenhague et très vite se poursuit du côté de Moscou. Le rapport de la Russie avec ses petits voisins de l’Ouest offre des scenarii illimités et toujours de qualité chez cet auteur, qui ne manque jamais d’évoquer l’histoire et la culture russe, les questions géostratégiques et ici, en prime, le rapport des Japonais à l’effort et au travail.
Marcus, gentil Danois rencontre Nathalie à Moscou. Coup de foudre réciproque, ils se marient et rentrent au Danemark. Ils sont heureux et sans enfant. Et puis, un jour, dix ans plus tard :
"J'aimerais faire une croisière sur ce bateau, m'a dit ma Nathalie, nous embarquant tous deux dès cet instant, devant notre table de cuisine, pour le voyage fatal qui a transformé notre vie pour toujours, même si ce changement avait déjà commencé de longue date sans que je m'en sois aperçu. »
Voici le couple embarqué pour une croisière de Moscou à Saint-Petersbourg, lui rendu quasiment sourd et muet par la barrière de la langue, elle toute à sa joie de reparler russe et de s’amuser à bord… jusqu’à ce que, dès la première escale, elle disparaisse. Il interrompt son voyage pour se lancer à sa recherche et les ennuis commencent. La police se montre si peu coopérative (euphémisme) qu’il se retrouve délesté de ses roubles et sévèrement contusionné. Où est passé sa femme, qui est-elle vraiment, quels secrets lui cachait-elle, pourquoi l’a-t-elle quitté, comment la retrouver ? Avec comme seul soutien un gamin des rues, il va lui falloir affronter la mafia, la police corrompue, les indépendantistes tchétchènes et un oligarque russe. Et c’est là qu’on doit se souvenir que les gentils Danois d’aujourd’hui sont les descendants des redoutables Vikings et que, pour paisibles qu’ils semblent être, ils ne manquent pas de ressources. Le suspens est vraiment très réussi, la vérité n’éclatant qu’en toute fin de roman avec une scène très cinématographique dans un ancien camp désaffecté du goulag soviétique.
Comme d’habitude, une histoire passionnante et très bien racontée, une documentation habilement distillée sans être didactique, des personnages épais et complexes vous feront passer un excellent moment, refermer ce roman à regret et prévoir de piocher à nouveau, un autre jour, dans la production de Leif Davidsen.
Un roman à l’atmosphère particulière, entre deux époques, deux pays, le Danemark et la Russie où il est question d’espionnage, de pardon, de filiation ; quand la grande histoire croise des destins personnels.
Tout commence par un prologue qui se situe à Berlin en 1988 : l’exfiltration d’un agent danois, John, en Allemagne de l’est. Cet agent disparaîtra peu après laissant sa famille danoise désemparée.
C’est là que le lecteur fait la connaissance de Laila, (qui s’avère être la fille de John) jamais remise de la disparition de son père, retrouvé après son exfiltration lorsqu’elle avait six ans, enfui pour ses neuf ans ; pas facile d’endosser le costume de la fille du traître. La trahison de son père la poursuivra sa vie durant, identifiée comme telle, déménageant de ville en ville avec sa mère.
Laila, adulte, se laisse convaincre d’accepter une mission qui la conduira en Russie, dans un petit village où son père a pris sa retraite. Elle y découvrira un demi-frère ancien militaire et l’épouse russe de son père.
Ajoutez à cela un dirigeant corrompu en fuite, un coup d’état, un pays en déroute où l’économie est en faillite.
Le rythme est très lent, le récit très long (429 pages) fourmillant de (trop) nombreux détails qui nuisent au déroulement et au suivi de l’intrigue. Je me suis un peu perdue et vaguement ennuyée, le ton est très académique. Je préfère les récits plus nerveux.
C’est d’autant plus dommage que je ne me suis pas vraiment attachée aux personnages, notamment Laila et sa quête, trop concentrée à m’y retrouver parmi tous ces détails historiques.
Au final, ce récit ne m’a pas emballée, j’en garderais le souvenir d’une lecture laborieuse malgré tout l’intérêt que je porte à l’histoire de la Russie, aux bouleversements de ces dernières décennies en Europe de l’Est.
Ce texte trouvera son public j’en suis certaine car il est très précis et d’une qualité historique sans conteste, une belle démonstration de l’histoire russe et européenne.
Avant la chute du mur de Berlin, John, un officier du renseignement danois est exfiltré d’Allemagne de l’Est. Quelques années plus tard il disparaît et refait sa vie en Russie, laissant derrière lui sa femme et sa fille. Laila grandit en étant partout la fille du traître… Elle tente de se construire dans la haine de ce père qui les a trahis elle, sa mère et son pays… Peut-on faire confiance aux hommes après ça ?
Après avoir démarré une carrière d’officier, elle ouvre un camping à la mort de sa mère. Un camping qui périclite depuis que son petit ami est parti. Et…le passé la rattrape : deux ex-agents du renseignement, dont son oncle, viennent la chercher : ils ont besoin d’elle pour aller récupérer quelque chose que son père veut donner à son ancien pays. Elle a envie de revoir celui qu’elle haït, ne serait-ce que pour le lui dire. Va-t-elle se réconcilier avec lui ou est-ce impossible ? et ce demi-frère, à peine plus jeune qu’elle, qui est-il ? vont-ils s’entendre ?
Dans ce drame familial, la politique russe et le KGB joue un rôle prépondérant si ce n’est le principal.
Pour apprécier ce livre, il faut être intéressé par la Russie, par la politique des secrets, par un monde souterrain où les Etats s’accordent ou se déchirent en fonction d’enjeux dont ne nous soupçonnons même pas l’existence.
Leif Davidsen nous fait découvrir ce monde à part. Tout est en subtilité, sans pathos. Les personnages sont entiers et plutôt réalistes et sont finalement attachants.
Toutefois, j’ai un avis plutôt mitigé sur cet ouvrage. Je me suis perdue dans les méandres des accords/désaccords politiques où chacun joue un rôle en fonction de ses intérêts. J’avoue avoir sauté quelques explications sur les enjeux de la Russie et du Danemark un peu longues à mon goût.
Si ce monde vous attire, alors oui ne ratez pas cet ouvrage.
Je remercie les éditions Gaïa et les Explorateurs du polar de Lecteurs.com qui m’ont permis de découvrir ce livre qui sortait de mes achats habituels.
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