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Gone with the wind, Autant en emporte le vent, roman écrit en 1936 par Margaret Mitchell et récompensé par un prix Pulitzer en 1937 ainsi que Rhett Butler et Scarlett O'Hara, voici les premiers dessins que l'on découvre en ouvrant ce premier tome de la série Louisiana, intitulé La couleur du sang, de Léa Chrétien et Gontran Toussaint, paru en Août 2019 chez Dargaud.
Nous sommes en 1961 à la Nouvelle Orléans, chez une vieille dame centenaire à qui, ses filles et petites filles demandent de leur raconter son enfance dans une plantation. Leur refusant énergiquement ses confidences, elle demande néanmoins à son employée de maison, une femme noire, si celle-ci serait d'accord pour écouter l'histoire de sa vie et en prendre note.
1805, La Pointe Coupée, Louisiane, Augustin Maubusson, l'arrière-grand-père vient de créer une plantation où vivent Laurette son épouse, Joséphine et Antoine ses enfants. Mais une plantation c'est en réalité un lieu de travail forcé pour les esclaves, hommes, femmes et enfants noirs qui appartiennent à un propriétaire et qui sous la contrainte de ce dernier et de gardes, sont corvéables à merci dans les champs de canne à sucre.
En effet, début 19e siècle aux États-Unis, l'esclavage est encore en vigueur dans les états du sud. Dès le 17e siècle, un trafic d'esclaves par navires "négriers" s'organise entre l'Afrique et les États-Unis. Suite à la révolution américaine (1775-1783), les états industriels du nord abolissent l'esclavage mais les états agricoles du sud feront perdurer cette pratique infâme jusqu'à la fin de la guerre de Sécession (1861 -1865).
C'est Abraham Lincoln qui proposera que les esclaves soient émancipés en 1863, mais le 13e amendement instaurant l'abolition de l'esclavage, ne sera voté qu'en 1865.
Cette série en 3 tomes, dont le 2e est sorti en 2021, met en avant plusieurs générations de femmes qui vont se battre pour faire changer les choses, en fonction du contexte historique propre à chaque période. Ce sont elles, les vraies héroïnes de cette saga, puisque comprenant avant leurs maris, pères ou frères l'inutilité et surtout l'abjection d'un tel système.
Après plus d’un an d’attente, c’est avec un très grand plaisir que je découvre le deuxième tome de la série Louisiana, « la couleur du sang ».
Fruit de la collaboration entre Léa Chrétien (scénario et couleur) et Gontran Toussaint (dessin), cette saga nous plonge dans l’histoire d’une famille de planteurs en Louisiane, entre 1805 et 1961. Le scénario continue sur le même principe, celui de la narration par Louise Soral l’arrière-petite-fille, au soir de sa vie, afin de laisser une trace de l’histoire familiale pour ses filles et petites-filles.
Cette formidable aventure a débuté avec la construction de la plantation par l’arrière-grand-père, Augustin Maubusson. Nous assistons donc à des retours en arrière chronologiques qui font surtout la part belle aux femmes de cette famille, puisque ce sont elles, les véritables héroïnes de ces albums. En effet, elles vont devoir se battre pour diriger leur plantation en l’absence des hommes, trop occupés par la gestion, soi-disant commerciale, depuis la Nouvelle Orleans, où la vie est nettement plus agréable pour ces messieurs.
Après un premier tome se déroulant entre 1805 et 1811, ce deuxième tome couvre la période allant de 1822 à 1861 et les deuxièmes et troisièmes générations sont mises en lumière avec Joséphine Maubusson, la fille d’Augustin, qui va devoir à son tour s’occuper de la gestion de la plantation de canne à sucre, dans une société axée sur le machiste.
Dans ce nouvel album, on retrouve à nouveau les thèmes forts, déjà abordés dans le tome 1 comme l’esclavagisme, mais avec cette fois, des relations se nouant entre certains personnages alors que cela leur est totalement interdit, en raison de la différence de couleur de peau et de la peur du métissage.
Comme pour le précédent tome, le judicieux choix, d’utiliser de superbes camaïeux de rouge, bleu, vert sur les planches, met en valeur les très beaux dessins de Gontran Toussaint, que ce soient les personnages, les intérieurs mais surtout les extérieurs, dont on a l’impression de ressentir la moiteur et la touffeur.
Ce deuxième tome s’achève en 1861, à l’aube de la guerre de Sécession, ce qui augure une fin des plus intéressantes avec un troisième tome qui sera plus qu’attendu.
Une série véritablement à découvrir, si ce n’est pas encore le cas.
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