"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Ce livre a été une réelle découverte pour moi.
Un style percutant, un second degré très présent et une histoire très particulière.
On passe de patrice Jean à Barjavel avec une halte chez Thomas Day.
Le livre est articulé en trois parties indépendantes qui sont toutes les trois très réussies.
J'ai un petit faible pour le début qui est un chef d’œuvre de second degré.
Mais je ne dévoile rien car cela enlèverait beaucoup à l'intrigue.
Un très bon moment de lecture.
Un homme se promène sur les plages d'une petite île, un carnet à la main. Il note :
"Un chalutier relève son filet, déclenchant un feu de mouettes."
"Je ne veux pas connaître le nom des oiseaux, ni celui des herbes. Je ne veux même pas savoir où se trouvent le nord et le sud."
"L'instituteur fait le tour de l'île avec ses élèves. Il n'y a pas meilleure leçon."
On le voit, le bonhomme est un peu poète, un peu sauvage, un peu branleur aussi. Il passe quelques jours en touriste discret. Pas du genre à faire des vagues sur la plage. Mais ce type qui se balade tout seul attire cependant l'attention des habitants de Houat. Sur cette île qui baigne à quelques encablures de Belle-Île en mer, il intrigue d'autant plus qu'une folle rumeur court depuis quelques jours : un James Bond pourrait être tourné ici même ! Vraie rumeur ? Fausse information ? Forcément, il va falloir tirer cela au clair et alors un jour, le maire et deux de ses adjoints viennent frapper à la porte de notre homme : "Bonjour, excusez-nous de vous déranger. Nous avons une question à vous poser. Vous venez pour le James Bond ?"
Commence alors un joyeux récit le temps d'une soirée bien arrosée où la vie insulaire, ses secrets comme ses peines et ses joies, est l'objet d'une conversation passionnante. On y parle des enfants qui quittent l'île et de ceux qui y reviennent abîmés par le continent après des années d'exil, de la façon que l'on a ici de faire appliquer les règles en l'absence de forces de l'ordre à disposition, de l'inflation immobilière qui chasse les insulaires et du chômage qui n'est pas plus agréable ici qu'ailleurs... Alors, c'est vrai que cette histoire de James Bond, ça donnerait un peu d'attractivité au coin, comprenez ?
Laurent Graff parle aussi de lui-même, narrateur de cette histoire qui a décidé de rester 5 semaines sur cette île rencontrée par hasard quelques années auparavant. Il confie ses doutes d'écrivain, son admiration pour Jean-Philippe Toussaint, revient sur son parcours littéraire et sur les précieux mots d'encouragement que Jérôme Lindon, l'innommable éditeur des éditions de Minuit, lui glissa il y a bien vingt années maintenant et sur cette obstination qu'il y a à écrire, chaque matin, très tôt, et pour combien de lecteurs ?
Quand je suis arrivé à la fin du "roman", je me suis demandé si je venais de lire un "2984". La réponse est non. L'auteur invente une sorte de futur (pas très reluisant) où la machine serait omniprésente et où l'homme serait un simple objet.
J'ai mis les guillemets à roman car on est plus dans l'exercice de style que dans la construction d'un récit. L'auteur a adapté la forme au fond. L'écriture apparaît robotique. Une phrase simple. Un point. Une phrase simple. Un point. Il n'y a pas de connecteurs, la voie passive est très utilisée, beaucoup de "on" qui ne renvoient à rien.
Il m'a manqué de l'humain au final, c'est le "Grand Absent" bien sûr.
C'est une petite chose étrange que ce livre.
C’est un livre étonnant, Antoine, le personnage principal, a depuis longtemps résolu le problème que pose à chacun l’idée de la mort : il l’attend depuis toujours, mais d’une façon si particulière qu’elle peut en être d’abord choquante pour le lecteur.
Il achète sa concession à l’âge de 18 ans, fait réaliser et modifie régulièrement l’épitaphe de sa pierre tombale, et décide de vivre en maison de retraite dès l’âge de 35 ans. Il fait preuve d’un fatalisme qui veut qu’il ait déjà tout appris et tout connu de la vie et qu’il n’a plus rien à en attendre si ce n’est la mort ! !
J’ai d’abord été surprise de ses descriptions quelque peu cyniques, « morbides et méchamment ironiques » (malgré ce qu’il en dit) qu’il nous fait de ces personnes qui en sont à la fin de leur vie.
Difficile de voir en face ce que nous deviendrons ! Comme si l’idée de la mort, ce qu’elle implique dans les comportements de chacun, nous était insupportable.
Les petits caprices de ces personnes âgées, leurs travers, le fait que les êtres soient diminués, même le dur chemin vers la mort de Mireille, avec ses caprices de jeune fille, sont terriblement réalistes.
Enfin, Antoine, au véritable seuil de sa vie est toujours pensionnaire « aux jours heureux », mais c’est devenu un centre pour enfants. Son premier ami était Al’, souffrant de la maladie l’Alzheimer, son nouvel ami est Al’ (Alain, un des enfants en vacances au centre), juste retour des choses : la boucle est bouclée, il a fait le chemin à l’envers !
Mais il y a cependant une forme de tendresse dans ce roman, dans les relations ambiguës entre les différents personnages, et puis il nous montre une réalité bien ordinaire finalement.
Notre seul problème est de l’accepter ou pas.
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