"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
A la mort de leur grand-mère, Beth et sa soeur Erica héritent de Storton Manor, somptueux domaine familial où, enfants, elles ont passé toutes leurs vacances, malheureusement laissé à l'abandon. La seule condition pour en devenir propriétaires: l'habiter. Sinon, le manoir sera vendu et l'argent de la vente versé aux bonnes œuvres.
Pourtant, le domaine devrait revenir à Henry, leur cousin mystérieusement disparu vingt-trois années plus tôt, à l'âge de onze ans, sans laisse aucune trace. L'enquête menée par la police est restée lettre morte. Ce mystère qui a bouleversé leur famille semble toujours planer sur les murs du domaine, comme une ombre maléfique, accablant Beth d'un poids qu'elle semble ne plus pouvoir porter, comme si elle savait ce qui s'est réellement passé ce jour d'été lointain.
Mais il n'est pas le seul: Erica, en triant les affaires de sa grand-mère, trouve une très vieille photo qui l'intrigue: une jeune femme pose avec sur ses genoux un bébé âgé d'environ six mois, aux cheveux noirs, au visage brouillé. C'est Caroline son arrière-grand-mère. Qu'est devenu cet enfant? Pourquoi a-t-il disparu de l'arbre généalogique de la famille? Autant de questions laissées sans réponse qui continuent d'empoisonner le présent et empêchent les deux sœurs de s'épanouir. Mais Erica est bien décidée à faire la lumière, quoiqu'il puisse lui en coûter, en bien comme en mal...
Lhéritage, The legacy dans la version originale parue en 2010, a été publié par les éditions Belfond en 2011. Le récit est raconté au présent à la première personne selon le point de vue d'Erica, la narratrice, comprenant des flash-back racontés au passé; l'histoire se déroule au rythme de ses souvenirs imbriqués dans le présent: "Je tends la bras derrière la tête de lit en chêne sombre, laisse courir mes doigts sur les montants jusqu'à ce que je le sente. Il est cassant maintenant, couvert de poussière, ce bout de ruban -un ruban en plastique rouge provenant d'un cadeau d'anniversaire. Je l'avais attaché là à huit ans pour avoir un secret que je serais la seule à connaître. Ainsi je pouvais y penser dès le retour à l'école." (Page 29)..."Ce n'était jamais le cas dans notre enfance. Il y avait peu de désaccords et de disputes entre nous. La différence d'âge, peut-être, à moins que ce ne soit parce que nous avions un ennemi commun. Même quand on nous avait enfermées deux journées entières, deux longues journées ensoleillées, nous ne nous étions pas crêpé le chignon." (Page 78).
Construction du récit: d'incessants allers-retours nous emmènent du début du vingtième siècle, dans les années 1902-1905, à aujourd'hui, quatre générations plus tard.
Thèmes: secrets de famille; disparition d'enfant; poids des secrets: "Que serait-il arrivé si Henry n'avait pas disparu? Peut-être que Mérédith ne serait pas devenue si désespérée? Peut-être que maman ne se serait pas brouillée avec elle, poussée à bout, ayant épuisé sa patience et son indulgence. Clifford et Mary auraient continué à venir, n'auraient pas été lésés." (Page 327).
Un premier roman qui témoigne du sens de la description de l'auteur, son aptitude à créer des atmosphères chaleureuses ou mystérieuses, champêtres ou désenchantées, selon le moment de l'histoire: "Excessivement éclairée, la salle à manger de La Fiorentina était cloîtrée derrière des fenêtres que la vapeur des plats chauds et les exhalaisons avaient gainées d'une buée opaque. Une lumière jaune ricochait par intermittence sur les verres, les bijoux et l'argenterie rutilante." (Page 34)
Certes, le scénario de L'Héritage est construit sur les thèmes galvaudés et fort à la mode des secrets de famille issus du passé qui perturbent les nouvelles générations, mais avec tant de brio et de finesse que l'on est tout à fait enclin à mettre de côté cet aléa. D'autant que Katherine Webb enrichit son propos grâce à des personnages à la personnalité attachante et à la psychologie décrite avec beaucoup de justesse, et à une intrigue captivante. Voilà un bon début !!
2011. Suite à la découverte d'un cadavre de soldat non identifié, dans le village de Poperinge, en Belgique, Ryan, employé à la Commission des sépultures militaires, fait appel à son amie Leah, journaliste, afin qu'elle enquête et tente de découvrir l'identité de l'inconnu. En l'absence d'insignes de son régiment ou d'une plaque d'identité, la Commission n'a pas les ressources pour mener des recherches approfondies. Seuls indices: deux lettres écrites en 1911 par une certaine H. Canning. Le jeune soldat risque alors de retourner dans les limbes de l'oubli sans que personne ne sache jamais qui il était.
1911. Le village de Cold Ash Holt, dans le Berkshire. Un été caniculaire. Catherine Morley, la nouvelle servante des époux Canning, arrive au presbytère après un séjour particulièrement éprouvant dans les geôles de la capitale. Quelques semaines plus tard, le révérend invite le jeune théosophe Robin Durrant à séjourner dans sa maison afin d'y mener ses travaux, sans se douter une seule seconde que la vie paisible qu'il mène avec son épouse va être à jamais bouleversée par un drame si terrible que ses ondes destructrices se feront sentir cent ans plus tard...
Leah, dont la curiosité est attisée par ce mystère insondable, se rend à Cold Ash Holt afin de retrouver la trace de la piste refroidie, en espérant que non seulement elle identifiera le soldat inconnu, mais qu'elle découvrira les circonstances du drame qui s'y est déroulé cent ans plus tôt, en 1911, sans soupçonner une seule seconde du secret qu'elle et Mark mettront au jour. Commence alors une quête passionnante....
Dans ce second roman, Katherine Webb démontre avec talent sa capacité à restituer les moeurs, mentalités, préjugés et coutumes en vigueur au début du vingtième siècle. Grâce à la magie de sa plume délicate et élégante, le lecteur se trouve transporté dans le passé, vivant, avec délectation et un soupçon d'appréhension, les événements de ce fatal été.
Le +: reconstitution très évocatrice d'une séance de spiritisme; évocation très réaliste de la lutte menée par les suffragettes et des conditions dans lesquelles elles étaient incarcérées; de la situation des domestiques, en particulier des femmes.
Au-delà du drame et des secrets de famille, Pressentiments dresse le portrait de Catherine Morley, jeune femme consciente de sa dignité d'être humain, au caractère farouche et entier, prête à braver les convenances pour conquérir son droit à sortir de sa condition héritée de sa mère afin de mener sa vie comme elle l'entend, ciselé avec beaucoup de pudeur et de mordant, la rendant particulièrement vivante.
"L’héritage" est le premier roman de Katherine Webb. Et c’est réussi.
Nous somme plongés à Storton Manor en Angleterre, un somptueux domaine où les sœurs Erica et Beth Calcott ont passé toute leur enfance, jusqu’à la disparition mystérieuse de leur cousin Henry.
À la mort de leur grand-mère, elles héritent du manoir laissé à l’abandon et c’est en découvrant par hasard une photo, qu’Erica mettra à jour un terrible secret de famille.
L’intrigue est bien menée et les personnages crédibles. Nous nous retrouvons vite happés par l’histoire. Cependant, celle-ci peut rester un atout de second plan pour laisser place à une tout autre réflexion.
Le véritable atout de cette intrigue psychologique est qu’elle s’étale sur un siècle. Nous pouvons lire le parcours de cinq femmes d’une même lignée. Caroline, l’arrière grand-mère, Meredith, la grand-mère, la mère (personnage moins important) et Beth et Erica, les enfants. Ainsi, nous allons retracer une histoire de famille.
Tout part de Caroline, certainement le personnage le plus marquant car le plus détaillé. Caroline est une jeune femme vivant à New-York avec sa tante en 1902 au sein d’une société bourgeoise et qui rejoindra cette même année l’homme qu’elle vient d’épouser à Woodward dans le Territoire de l’Oklahoma. Un mariage considéré comme une grave erreur selon sa tante.
Ce voyage vers l’inconnu chamboulera et transformera toute la vie de Caroline et par conséquent celle de ses descendantes. Son arrière petite fille en quête de sens concernant l’histoire familiale et son envie de comprendre un passé flou, nous montre alors combien le vécu de nos ancêtres peut être déterminant dans certains choix, certains comportements transmis, inconsciemment ou non.
Nous vivons avec Caroline à cette époque où la femme d’un certain rang social doit trouver le bon mari. Cette femme si jeune à qui l’on a rien appris de la vie, si ce n’est d’être conforme aux normes exigées par son milieu. Cette femme qui cherche à être autonome et qui, finalement ne l’est pas. Ces barrières dans son esprit qui l’emprisonnent. Car oui, comment faire lorsque le monde vous perd et que vous vous échappez à vous-même ? Que reste-t-il ?
Ce livre sur cette lignée féminine, sur les descendantes Erica et Beth, deux sœurs bien différentes, qui vivent et ressentent les événements de leur histoire familiale de manière presque opposée, mène à se questionner sur la transmission. Son poids, ses parts obscures mais aussi ses découvertes et ses lumières permettent une certaine compréhension du monde, de son propre monde pour peut-être mieux trouver sa place.
Pour ma part, j'ai toujours beaucoup aimé les livres se déroulant sur deux époques différentes et ai beaucoup apprécié celui-ci. Deux sœurs vont entreprendre de retracer la vie de leur aïeule afin de découvrir son secret, ce qui va leur permettre de mieux comprendre.leur grand-mère. L'histoire est très bien écrite.
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