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Ce recueil de poèmes de Joshua Bennett, poète américain traduit par Cécile Deniard aux éditions Globe, se compose de sa version originale à gauche, et de sa traduction en français à droite.
« L’Amérique sera » est le titre choisi pour traduire « Owed », son titre original. Comme l’explique la traductrice dans les quelques pages de notes de traduction très instructives, owed est un jeu de mots pour parler du poème lyrique, l’ode; mais aussi pour évoquer la dette. La dette du poète envers sa famille ou sa communauté, mais surtout celle de l’Amérique envers les populations afro-américaines.
Dans ce recueil on trouve des thèmes variés, comme la famille, la politique, l’injustice. Joshua Bennett parle beaucoup de son enfance et s’attaque aux préjugés et stéréotypes. Il évoque l'identité, la survie, le fait d'être noir en Amérique, l'espoir.
De nombreux poèmes sont des odes, portant des titres qui peuvent sembler en contradiction avec ce genre lyrique, comme « ode à la housse en plastique du canapé de ta grand-mère » ou encore « Ode au caleçon long », qui sont des thèmes simples mais profonds, mettant en lumière les souffrances quotidiennes et persistantes des populations noires américaines. On sent l’inquiétude des parents, anormalement décuplée par la peur de voir son enfant tué par erreur par un policier, battu à mort par un gang, ou privé d’avenir professionnel.
J’ai trouvé le premier poème du recueil poignant. « Le noir de service chante le blues » évoque dans un souffle l’injustice et la discrimination, qui donne aux nouvelles générations, de façon inconsciente, le devoir d’être encore meilleur. « sois deux fois meilleur dit maman ».
Son poème « Mike Brown est une sorte de Christ », évoquant le jeune afro-américain abattu par un policier blanc en 2014, est bouleversant.
Les poèmes « Réparation » mettent en lumière la difficile reconstruction, à la fois individuelle et politique, d’un lourd passé douloureux. En évoquant Donald Trump ou Jimmy Carter, la police et « le regard laser de l'Etat américain, de l'école à la prison. », il affronte le passé avec amertume, mais nous invite à nous tourner ensemble vers l’avenir.
J’ai beaucoup apprécié le style de Joshua Bennett, qui a une écriture kaléidoscopique captant des instants d’émotion, avec un rythme effréné. Ses odes sont autant de rhapsodies, lui qui évoque le jazz, le blues ou « Le prochain hymne national noir ». On y ressent l’Amérique dans ce qu’elle a de meilleur et de pire.
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