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Dernier volume du cycle des bas-fonds, Jim Tully – pionnier du hard-boiled – raconte sans fard ce qu’il a vécu et vu, de son enfance jusqu’au moment où il se mettra sérieusement à l’écriture : l’orphelinat, sa période hobo, son travail de chainier en usine, son expérience de boxeur.
Vagabondant dans tout le pays, sautant d’un train à l’autre, il décrit l’Amérique d’en bas en ce début de 20ème. Il passe 7 années à se cacher dans des wagons, à dormir avec des clochards, à éviter les flics du rail, à mendier des repas par des portes dérobées, à côtoyer les prostitués et à hanter les bibliothèques publiques. Quand il quitte la route c’est pour travailler comme fabricant de chaînes ou pour s’essayer à la boxe. Au fil de ses errances, il rencontre toute une galerie de personnage dont il dresse le portrait et j’ai eu notamment grand plaisir à retrouver Hugh Tully, le mémorable grand-père irlandais, déjà croisé dans « Les assoiffés ».
Et pendant tout ce temps, lui qui aspire à devenir écrivain et à ne pas se laisser piéger par l'absurdité d'une vie laborieuse, transforme ses souvenirs en une chronique sombre et étonnante des déclassés et de ceux qui ont choisi de vivre en dehors du système.
« Du sang sur la lune » c’est encore une fois la Comédie Humaine à la sauce Tully, c’est-à-dire avec son style brut, direct, sans filtre et avec son extrême franchise.
Un récit autobiographique où la rudesse et l’iniquité du monde nous explose en pleine face mais qui pourtant se lit en sentant souffler un grand vent de liberté.
Traduit par Thierry Beauchamp
La tradition migratoire irlandaise aux Etats-Unis précède la Grande Famine mais c'est bien cet épisode qui sera le grand accélérateur de l'exode irlandais. En l'espace de sept années plus d'1,5 millions d'Irlandais quittèrent leur terre natale. La famille de Jim Tully fut de ceux-là.
« Les assoiffés » est un roman autobiographique. L'auteur nous offre les portraits mémorables des Tully et des Lawler, la famille de sa mère. Nous sommes dans l'Ohio - fin 19ème et début 20ème – tous vont prendre vie sous les yeux du lecteur. On découvre des hommes durs et sentimentaux, à la faconde intarissable. On les imagine avec des mains énormes, des épaules massives, taillés dans le granit, nés pour le dur labeur et la bagarre. Ils font partie de cette diaspora Irlandaise, celle qui a creusé des fossés, des canaux, construit les chemins de fers dans l'arrière-pays.
La sagesse de ces hommes est bien cachée sous les hectolitres de whisky et de bière qu'ils ingurgitent ; car tenir l'alcool est une qualité essentielle pour être respecté.
Au centre de ce récit il y a le grand-père paternel, buveur invétéré, hâbleur. le récit d'un concours de boisson au coin d'un bar avec un unijambiste mythomane est un des morceaux de bravoure de ce livre !
Chaque membre de la famille va ainsi être croqué, donnant lieu à des portraits courts et colorés, mis en valeur par le sens du détail concret et du mot juste de Jim Tully.
Quelques mots sur l'auteur :
Jim Tully était romancier, nouvelliste et journaliste. Populaire dans les années vingt et trente, il est finalement tombé un peu dans l'obscurité. Pourtant il est considéré comme l'un des précurseurs du hard-boiled, style qui influencera toute la littérature américaine. Son oeuvre est aujourd'hui éditée en France par les Editions du Sonneur.
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