Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
Un petit livre découvert par hasard, chez un éditeur que je ne connaissais pas "Inculte".
L'histoire se passe en République Tchèque, en Moravie plus exactement, un pays que j'aimerais visiter car j'aime l'Europe Centrale et de l'Est. Cet aspect a dû jouer dans mon choix.
L'écriture est très correcte au début, la fin a peut-être été moins bien relue, quelques coquilles, mais le côté humoristique de l'histoire m'a fait passer sur cet aspect pourtant important pour moi. J'ai aimé l'aspect découverte de la Moravie et aussi les traces de l'occupation du pays par l'Union Soviétique.
Les personnages sont intéressants, le principal plutôt sympathique, les anecdotes amusantes et le style plein d'humour.
De quoi passer un moment distrayant entre deux autres litres moins faciles à lire.
Il y a des périodes, comme ça, où rien ne va.
Non, je ne vous parle pas de celle que l'on vit en ce moment (!) mais de ce que subit un certain Paul Solveig : sa femme le quitte et le robinet de la cuisine fuit. Oui, difficile de placer ces deux faits sur le même plan me direz-vous, n'empêche qu'un robinet qui goutte, ça peut mettre les nerfs en pelote! Et puis, allez trouver un plombier, vous… Mission quasi impossible… C'est un certain monsieur Boulay, enfin plus exactement son beau-frère qui se présente enfin. Il a un léger accent : il est tchèque. Jusque là tout va bien… Sauf qu'il va malencontreusement laisser tomber une photo. Oui, une photo un peu floue d'une très belle femme… Notre Paul apprend, en restituant la photo audit plombier, qu'il s'agit de sa mère disparue dans sa Moravie natale pendant la période communiste… Paul est intrigué et comme sa vie part à vau-l'eau, il se dit que c'est peut-être un signe : et s'il partait ? Oui, s'il se lançait à la recherche de cette femme? Pourquoi ? Ben pourquoi pas ? Où ça ? Ben en Moravie voyons ! Bon, ok, la Moravie, c'est un peu nulle part (comme la Pologne hein). Laissons à Paul et à son humour pince- sans-rire le soin de résumer la situation : « Je savais que je partais pour longtemps, résolu à me consacrer aux chose essentielles, et j'avais pour cela un projet à ma mesure : retrouver dans un pays à la langue inconnue la mère d'un faux plombier exilé qui figurait sur une vieille photo floue. »
Et si l'aventure commençait précisément là où on ne l'attend pas : à Blednice au coeur d'une région qui va se révéler follement attachante, d'une très grande richesse culturelle et d'une beauté telle qu'on aurait plus qu' envie d'aller y faire un tour nous aussi !
Après l'excellent « La certitude des pierres » (voir chronique sur le blog), Jérôme Bonnetto nous régale avec ce roman désopilant, rocambolesque, pétri d'humanité et d'amour, de tendresse et d'humour… Ajoutez à cela une petite dose de mélancolie slave qui achève de nous faire succomber...
Un VRAI délice !
Je recommande vivement !
LIRE AU LIT le blog
«Le vent de Ségurian remonte le chemin Saint-Bernard et va se perdre tout en haut de la montagne, au-delà des forêts. C’est un vent tiède et amer comme sorti de la bouche d’une vieille, un souffle chargé de poussières de cyprès et d’olives séchées qui emporte avec lui les derniers rêves des habitants… » Dans ce roman rural construit comme une tragédie grecque, Jérôme Bonnetto raconte un conflit entre un berger et des chasseurs. Et livre une réflexion sur la place de l’autre au sein d’une communauté repliée sur elle-même.
Comme le fils prodigue, Guillaume Levasseur a choisi de partir pour découvrir le vaste monde, en travaillant notamment pour des ONG en Afrique. Le voici die retour à Ségurian, un petit village de montagne où il retrouve ses parents, Jacques et Catherine. «À aucun moment ils n’eurent l’idée de lui faire le moindre reproche. Guillaume était devenu un homme. Le verbe, surtout, avait changé. Il s’exprimait mieux, ses phrases coulaient dans une syntaxe ample que des mots précis et nuancés irisaient. Il était devenu un homme fin et fort tout à la fois.»
C’est là, dans ce village de 400 âmes qui «n'était pas un pays mais un jardin», qu’il entend s’installer en communion avec la nature et reprendre le métier de berger qui avait disparu au fil des ans.
Une initiative que les autochtones vont d’abord regarder avec indifférence avant de constater que ces moutons gênent leur loisir favori, la chasse. Désormais, ils sont entravés dans leurs battues, gênés par le troupeau. Guillaume sait qu’il a le droit avec lui et refuse de dégager. Mais que peut le droit face aux traditions solidement ancrées et à une histoire qui s’est cristallisée au fil des ans autour de la famille Anfosso? Leur entreprise de construction règne depuis des générations sur le village. Il suffit d’une visite au cimetière pour comprendre la manière dont la communauté fonctionne: «En dehors des Anfosso, on y trouvait quelques noms connus. Pastorelli, Casiraghi, Barral, Leonetti. Des familles bien de chez nous. Deux ou trois d’entre elles avaient fait les grandes guerres. On leur avait donné un emplacement à l’ombre sous des pierres lourdes et admirables. D’autres avaient défendu l’Algérie française. Allée principale, plein soleil. Chacun était à sa place et de la place, il y en avait pour tout le monde. Au fond dormait le caveau de la famille Levasseur. La pierre était lisse et fraîche, elle n’avait pas eu le temps de se polir, de faire des racines. On jurerait qu’elle sonne creux. Seulement une génération sous la terre. Une pièce rapportée, des estrangers, des messieurs de la ville comme on dit.»
Au fil des jours, le conflit s0envenime, les positions se figent. La Saint-Barthélemy, le jour de la fête du village célébrée 24 août, marquant le point d’orgue d’une guerre qui ne va pas restée larvée. Un mouton est retrouvé égorgé et il ne fait guère de doute sur l’origine de l’attaque. Mais Guillaume préfère minimiser l’affaire et se concentrer sur l’accroissement de son troupeau. «On continuait de se regarder de travers, des regards tendus comme une corde de pendu, mais – et c’était bien l’essentiel – on partageait la montagne, même si on le faisait un peu comme on séparerait le bon grain de l’ivraie. La vie poursuivait son cours.»
Construisant son roman comme une tragédie grecque, avec unité de lieu et même un chœur de femmes qui «s’ouvrait sur une étrange mélodie, tremblante, incertaine, comme le vol d’une chauve-souris en plein jour», Jérôme Bonnetto réussit à faire monter la tension page après page jusqu’à cet épilogue que l’on redoute. Ce roman est à la fois un traité de l’intolérance, une leçon sur les racines de la xénophobie et un conte cruel sur l’entêtement qui peut conduire au pire, mais c’est avant tout un bonheur de lecture.
https://urlz.fr/dryh
Après avoir beaucoup voyagé et fait de l'humanitaire, Guillaume Levasseur décide de revenir dans le village où se sont établis ses parents, Ségurian. Guillaume a décidé de devenir berger. Un projet de vie qui lui tient à coeur. Dans ce bourg de 400 âmes, au coeur des montagnes où la vie est immuable et les tradition bien ancrées, l'arrivée de ce néo-rural et de son projet un peu fou est d'abord regardé avec curiosité. On se moque même un peu de ce citadin qui veut travailler comme le faisait les anciens. Mais tout va s'envenimer quand certains vont se rendre compte que son troupeau pâture sur un espace dévolu à la chasse au sanglier. Guillaume et ses brebis commencent à énerver sérieusement ceux qui étaient là avant, ceux qui sont «vraiment» de Ségurian et qui par conséquent pensent avoir des droits face à «l'empêcheur de chasser en rond» . La guerre est déclarée.
Une histoire remarquable de tension et qui va s'étirer sur plusieurs années. On perçoit l'électricité dans les rapports humains, les crispations qui vont crescendo, la haine qui fait son nid. On ne sait pas ce qui va se passer mais on sent bien que rien de bon ne peut sortir de cette guerre de territoire. L'air pur de la montagne ne vous empêchera pas d'étouffer entre ces pages.
Un Jean de Florette revisité qui montre la vanité, l'égotisme, la puérilité des hommes.
Un roman dans lequel l'auteur saisi à merveille les mesquineries, les faiblesses et l'étroitesse d'esprit qui révèlent toute l'animalité qu'il peut y avoir dans l'être humain.
C'est rude, tendu, aride, un peu comme le scénario d'un western, et c'est bon.
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