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Quand Henry se réveille dans un lit d’hôpital, il n’a plus aucun souvenir des circonstances qui l’ont amené là. La violence de l’accident de voiture dans lequel sa seconde épouse, Charlotte, a péri, a aussi effacé de sa mémoire tous ceux qui lui sont proches et qui défilent à son chevet. Quels sont ses liens avec Stéphanie qui a été sa femme pendant vingt ans avant qu’il ne la quitte brusquement pour Charlotte ? Est-il proche de son frère George, revenu du Canada pour le soutenir dans cette épreuve ? Ses enfants lui ont-ils pardonné le divorce ? Sa mère, l’excentrique Tash, a-t-elle toute sa tête ? Et que veut prouver Jérémy, son beau-frère, en restant près de lui jour et nuit ?
A mesure que les souvenirs reviennent, Henry se découvre et appréhende les liens solides ou confus qui l’unissent à cette drôle de famille. Des secrets seront dévoilés, des sentiments avoués et finalement, c’est bien un amour profond qui les réunira tous autour du repas de Noël.
La neige tombe sur Dublin et un quinquagénaire renoue avec sa famille…Entre révélations, drames et retrouvailles, Jennifer Johnston brosse le portrait d’une famille recomposée avec ses non-dits, ses secrets, ses déceptions, ses trahisons, ses rêves et ses désirs. Le temps qui passe, l’amour, la vie, la mort, s’invitent à un repas de Noël, point d’orgue d’un roman élégant et feutré. Bien que les personnages éprouvent des sentiments forts, exacerbés par l’accident d’Henry, personne ne hausse le ton. La rage, les cris, les insultes ne sont pas de mise. Il faut prendre sur soi et avancer. Se soutenir, accepter l’autre sans le juger, s’aimer…
Un livre doux et pudique qui bouscule les idées reçues et renouvelle le roman familial. Une jolie parenthèse.
La quatrième de couv' de l'édition 10/18 reproduit une critique d'une journaliste de Télérama, dont il vaut mieux taire le nom. Elle dit : résultat magistral, d'une fluidité étonnante. Mes bras de lecteur m'en tombent. C'est tout sauf fluide car les incises du passé, que l'on a envie de sauter, sont globalement inintéressantes, les poèmes assez ridicules (à mes yeux bien sûr). L'intrigue est téléphonée, les descriptions convenues. C'est un texte désuet, d'une pudeur de bourgeoise coincée, d'une retenue affectée. On imagine très bien cette histoire reprise par Michel Houellebecq, ou Beigbeder, ils auraient dynamité la narration. Dans cette attente, passez votre chemin. Et la construction soi-disant originale ne vaut guère mieux que le reste...
Conférencière spécialiste de la littérature irlandaise, Clara voyage de ville en ville, pour être libre de toute attache, pour échapper à la bienveillance d'une famille qu'elle juge envahissante. Mais New York a signé la fin de ses errances. Un homme l'a blessée, l'a meurtrie dans sa chair et dans son cœur et Clara est rentrée au bercail, à Dublin, pour se soigner et se reconstruire. C'est sur la falaise de Killiney Hill, alors qu'il pense qu'elle va se jeter dans le vide, qu'elle fait la connaissance de Lar McGrane. Lui aussi a souffert. Sa femme et sa fille sont mortes dans un attentat en Irlande du Nord, il a tout perdu, il ne lui reste que le chagrin et la haine. Leur rencontre est celle de deux solitudes, deux douleurs, deux êtres qui vont s'apprivoiser, se raconter, se consoler, se faire du bien pour pouvoir aller de l'avant.
Première rencontre avec Jennifer Johnston et le charme à l'irlandaise a opéré. Amour, deuil, blessures, averses de pluie et résilience sont au menu de cette petite musique pour dire adieu à la douleur et au ressentiment. C'est un livre d'ambiance, sans pathos, où deux chagrins se font face. Clara essaie de se reconstruire, d'éloigner la dépression qui la guette. Entourée de l'amour et des confitures de sa mère, de l'attention du médecin de famille, elle porte un regard désabusé sur sa mésaventure amoureuse, s'en veut surtout à elle-même d'avoir été naïve, de s'être laissée piéger par une homme trop beau, trop séducteur, trop peu sincère. C'est par l'écriture qu'elle va entrer en guérison, en couchant sur le papier cette histoire de trahison banale en apparence, mais aux conséquence tragiques pour elle, que la jeune femme pour mettre une distance entre ses sentiments et son vécu. Mais c'est aussi en hébergeant cet inconnu, en appréhendant, sans avoir l'air d'y toucher, sa douleur à lui, qu'elle peut relativiser la sienne. De son côté, Lar a fui l'Irlande du Nord, la compassion tout en retenue de ses parents, tous ceux qui l'exhortaient à prendre sur lui, à aller mieux pour se réfugier avec sa colère et ses larmes auprès d'une femme étrangère à son histoire. Cette parenthèse de quelques jours sera pour ces deux êtres blessés par la vie le déclic propre à les relancer vers l'avenir.
Une belle histoire, de beaux personnages, Dublin pour le décor et la magie d'un roman pudique, subtil, mélancolique mais non dénué d'humour malgré les sujets graves qui y sont évoqués.
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