"Je ne sais pas trop par où commencer. Je ne sais pas non plus si j'ai aimé ou non. Une chose est sûre : ce livre m'a bouleversée"
"Je ne sais pas trop par où commencer. Je ne sais pas non plus si j'ai aimé ou non. Une chose est sûre : ce livre m'a bouleversée"
"Saturne" est un magnifique roman qui nous faire découvrir l'Espagne du XVIIIe siècle, la passion dévorante de Goya pour la peinture et la relation tissée de haine et de déception entre Goya et son fils Javier, "empêché" de peindre à cause de la proximité de son père, génial mais cruel. Le style est parfois terrible et glaçant, mais en même temps très poétique. Une lecture à ne pas manquer.
Merci au club des explorateurs pour cette lecture !
Krivoklat est un roman comme je n’en avais jamais lu avant, et comme je pense que je n’aurais pas l’occasion d’en relire. En l’ouvrant, j’ai découvert un texte dénué de toute mise en page. Le texte s’étale sur les pages de façon tout à fait uniforme, sans paragraphe, sans alinéa, sans retours, sans saut de ligne. La forme est très perturbante, et le fond l’est tout autant.
Krivoklat est le narrateur et le héros de cette histoire étonnante. On suit ses pensées, comme elles arrivent dans sa tête. Ses phrases sont très longues, contiennent plusieurs propositions, voire plusieurs thèmes. C’est un drôle de mélange entre oral et écrit. C’est vraiment comme si on était dans la tête de cet étrange personnage. Ce style rend la lecture assez compliquée. Chaque interruption, si petite soit elle, nous fait perdre le fil et l’absence des repères visuels usuels rend la reprise de la lecture complexe. Idéalement, il faudrait pouvoir lire ce roman d’une seule traite, sans aucune distraction possible. C’est donc une lecture difficile. Toutefois, ce choix original est en parfaite adéquation avec le propos, et c’est là tout l’intérêt de ce livre.
On suit les réflexions d’un homme, Krivoklat, défini comme fou, qui a le désir d’asperger des œuvres d’art d’acide sulfurique dans les musées. Derrière son obsession se cache tout un tas de réflexions sur le monde. Qu’il s’agisse de la folie elle-même, de l’art, ou encore des perceptions, ce personnage n’épargne rien ni personne. Il nous livre le monde tel qu’il le voit. Il ne tente pas de nous convaincre. Il est lui-même persuadé de ce qu’il dit, et il ne fait que nous exposer sa vision des choses. S’il est difficile au départ d’accepter les pensées de ce fou, on se laisse finalement embarquer à travers les yeux de cet homme.
On ne peut pas dire qu’il y ait une histoire au sens classique du terme. C’est plutôt un mélange de souvenirs et d’introspections diverses. Ce narrateur insolite semble s’ennuyer alors qu’il est interné et il revient sur beaucoup de choses. Sa femme, sa notion de l’art, mais aussi sa rencontre avec un artiste également interné. Il nous explique avec passion comment il envisage le monde, il nous dépeint ses perceptions que nous finissons par accepter malgré leur extravagance et leur intransigeance. Bien que tous ces raisonnements soient intéressants et aient une certaine cohérence – si tant est qu’on puisse parle de cohérence compte tenu du type de personnage en présence -, il me serait difficile de les relater, ou même de les résumer, le propos étant rendu difficilement rapportable à cause de la structure, ou plutôt du manque de structure, du récit.
Krivoklat est une découverte très intéressante, parce qu’il s’agit d’un texte écrit sous une forme très peu fréquente qui étale des propos empreints à la fois de folie et de sagesse. On ne s’ennuie pas en lisant, soit parce que la pagaille dans la syntaxe nous maintient en éveil soit parce que les pensées énoncées poussent à la réflexion et à la remise en question de nos propres perceptions. Toutefois, la lecture en est assez difficile et laborieuse, à cause du style d’écriture mais aussi de la façon dont l’auteur jette les idées sans transitions. Une chose est sûre, Krivoklat vaut le coup d’être lu, ne serait-ce que pour découvrir son originalité.
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