"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un "Japon à l'envers" c'est la définition même du quartier d'Ikeburuko. Yakuzas, gamins perdus et éperdus d'ennui, détresse collective, guerre des gangs et love- hôtels sont les ingrédients savoureux d'un Japon violent et attirant à la fois. Si Ikebukuro west gate park est un très bon roman policier servi par une écriture brillante c'est aussi et surtout une œuvre originale noire et lumineuse à la fois.
Dans la chaleur caniculaire d'un été sans fin, Tokyo bruit d'une étrange rumeur concernant une nouvelle drogue, une petite pilule verte capable de vous faire danser jusqu'au bout de la nuit et au-delà. Baptisé snake bite, ce comprimé est un must pour la jeunesse tokyoïte qui découvre la frénésie des rave parties. A Ikebukuro, comme ailleurs, on s'agite pour trouver ce nouveau Graal qui permet de s'envoler loin du quotidien, et qu'importe si la mort est au bout du voyage. Makoto, le célèbre solutionneur d'embrouilles du quartier, connaît bien des jeunes prêts à tout pour se vider la tête et c'est pour eux qu'il accepte de démanteler le raison des vendeurs de snake bite. Contacté par le plus grand organisateur de raves du Japon, il se lance à leur poursuite, un peu pour protéger son quartier, mais aussi pour les beaux yeux d'une charismatique chanteuse unijambiste.
Revoilà Makoto, le marchand de fruits d'Ikebukuro avec qui on partage, le temps de ce court roman, les nuits enfiévrées de Tokyo. Contrairement à son habitude, Ira Ishida délaisse le recueil de nouvelles pour suivre son héros le long d'une seule histoire, une enquête dans le monde de la drogue et des raves, mâtinée d'un zeste de romantisme. Mais si le vendeur de fruits détective amateur tombe amoureux, il ne lâche pas pour autant ses amis, ceux qui sont en danger à cause de la drogue. Malin et persévérant, il décide de piéger ce serpent vert malfaisant, tout en contemplant, désabusé, ses contemporains qui s'abrutissent, conscients des dangers mais si peu soucieux de leur vie qu'ils sont prêts à la perdre pour quelques heures de sensations fortes.
C'est un regard sombre qu'Ishida porte sur une jeunesse nipponne déconnectée des réalités qui n'en finit pas de se détruire avant que la société ne le fasse à leur place. Son roman, dans la lignée des deux tomes précédents, n'est certes pas un chef-d'oeuvre mais se lit avec plaisir, du fait de la personnalité de Makoto, jeune homme sensible sous son apparence de mec dans le coup. Pour les fans de la série.
Revoilà Makoto, toujours vendeur de fruits et légumes, parfois chroniqueur dans une revue de mode, et par-dessus tout, ''solutionneur d'embrouilles'' à Ikebukuro, le quartier de Tokyo qui est le sien et dont il veut autant que possible préserver la paix. Il y a d'ailleurs acquis une petite notoriété qui fait que les individus les plus divers lui demande de l'aide en cas de problème. Et des problèmes, il y en a dans une société qui fait de plus en plus d'exclus, vivant en marge de la réussite professionnelle et du bonheur domestique.
Après un brillant premier tome, l'attrait de la nouveauté n'est évidemment plus au rendez-vous de ce deuxième opus des aventures de Makoto à Ikebukuro. Cependant, c'est toujours un plaisir de suivre les pas du jeune homme dans son univers cosmopolite où se côtoient violence et bons sentiments. Dans ces quatre nouvelles, il va s'occuper d'un enlèvement d'enfant, d'une prostituée menacée par un clan de yakouzas, d'une bande de faux monnayeurs et d'une affaire de SDF violemment agressés. Chacune met la lumière sur les failles du système japonais : jeunesse à la dérive, prostitution, mainmise des yakouzas sur les commerces, exclusion des SDF. Makoto s'y révèle profondément humain sous ses airs de jeune frimeur très cool, particulièrement sensible au sort des enfants, et lucide face aux SDF dont il sent qu'il pourrait rejoindre les rangs tant sa situation est précaire. Un héros malin, même si Ira ISHIDA lui facilite la tache par des intrigues faciles, mais aussi plus mature et sensible. Un bon moment passé à Ikebukuro, lieu de tous les dangers mais où survit un fond d'humanité.
Au centre de Tokyo, la gare d'Ikebukuro, sortie Est. Une ville dans la ville où se côtoient les salarymen, les mères de famille, les yakusas, les jeunes voyous désoeuvrés. Au milieu des magasins qui grimpent jusqu'au ciel, des love hôtels, des salons de massage, la petite boutique de fruits et légumes que tient la mère de Makoto résiste à la modernité et au gigantisme. Makoto y travaille en rechignant un peu, mais la plupart du temps, il traîne avec ses potes dans le parc face à la gare. Plutôt débrouillard, pas trop stupide, Makoto n'a pas fait carrière -à 19 ans, il cherche encore sa voie- mais il n'a pas non plus trop mal tourné, contrairement à d'autres, embarqués dans les gangs qui pullulent dans le quartier. Makoto a des amis partout, s'entend avec tout le monde et traîne dans les parages une réputation de mec bien à qui on peut se fier. D'ailleurs, quand un problème vient perturber le quartier, c'est toujours à lui qu'on s'adresse pour le résoudre rapidement et sans violence. Il est ainsi devenu le "solutionneur d'embrouilles" d'Ikebukuro, celui qui se préoccupe de maintenir la paix, de remettre les égarés dans le droit chemin.
Une visite guidée d'Ikebukuro avec dans le rôle de l'hôte, Makoto, le futé, le débrouillard, le pacificateur. Avec lui, on se promène dans les ruelles de ce quartier hétéroclite à la rencontre de sa faune bigarrée. Peu à peu, on investit l'endroit, on partage ses règles secrètes, les combines, les trafics, la face cachée de ce lieu populaire et contrasté. C'est tout l'intérêt de ce livre, immersion totale dans la vie tokyoïte, bien loin des clichés touristiques. Et puis, bien sûr, il y a les enquêtes pour lesquelles Makoto semble développer un don particulier. Il sait composer avec les gangs, les yakusas, la police pour faire régner un semblant de calme et régler les affaires de drogue, de meurtre ou de disparition. On sent tout l'amour pour son quartier dans le récit dynamique et plein de fraîcheur de ses aventures. Un texte bien ficelé, moderne et jeune qui change de la littérature nippone poétique et éthérée. Attachant et original, à suivre dans les tomes suivants.
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