"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
AVIS GÉNÉRAL
Les six nouvelles sont très différentes les unes des autres tant au niveau de l’histoire que de l’atmosphère, mais elles partagent néanmoins un point commun, celui d’être portées par une présence féminine. J’ai ainsi apprécié que chacune des femmes ou, plutôt, créatures féminines imaginées par l’autrice possède du caractère et une certaine présence. Quelques-unes se dévoilent prédatrices quand d’autres sont victimes, mais toutes ont de la ressource et de la détermination.
Un point m’a, en outre, beaucoup plu dans ce recueil : les fins. En général, je suis une adepte des happy end, mais j’ai pourtant été complètement conquise par chacune des fins proposées par Hélène. Elles sont loin d’être très joyeuses, mais elles sont à chaque fois parfaites prolongeant l’angoisse et parfois, l’horreur de chaque histoire.
Si vous me suivez sur le blog depuis un petit moment, vous devez connaître mon amour des belles plumes. Et avec ce recueil, j’ai été plus que satisfaite. Il ne m’a fallu ainsi que quelques lignes pour comprendre qu’Hélène Duc faisait incontestablement partie de ces auteurs qui ont l’art de manier et sublimer les mots, mettant en valeur toute la beauté de la langue française. L’écriture élégante de l’autrice est, pour moi, une raison plus que suffisante de découvrir ce recueil.
S’il vous en faut d’autres, je vous propose de partager mon avis sur chacune des nouvelles. Dans la mesure du possible, j’ai essayé de vous en dévoiler le moins possible, mais si vous voulez garder la surprise que chaque titre promet, je vous invite à lire la suite de l’article après votre propre lecture.
AVIS SUR CHACUNE DES NOUVELLES
L’Âtre
Dans cette première nouvelle, un jeune homme de dix-neuf ans nous raconte un événement qui lui est arrivé dans la nouvelle maison, réputée hantée, achetée par le patriarche de la famille. A l’issue de cet événement, il va faire une promesse qui, si elle offrira la liberté à l’un, enfermera l’autre dans une autre forme de prison, la tristesse.
Difficile de vous donner plus de détails, mais je peux dire que j’ai apprécié la manière dont l’auteure s’est réappropriée une créature connue de tous. J’ai également aimé l’atmosphère de cette nouvelle qui se fait délicieusement de plus en plus angoissante au fil de la lecture.
Jouer avec le feu
Changement total de décor avec cette nouvelle autour de Léa qui se rend en boîte avec sa meilleure amie, un an après avoir été violée. Elle y fera une rencontre décisive qui va la conduire à troquer sa place de victime pour celle de bourreau.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette nouvelle ne m’a pas laissée indifférente. Il faut dire qu’en mélangeant drame, érotisme et fantastique, l’auteure ne pouvait que susciter des émotions qui, en ce qui me concerne, sont passées de la colère à l’ennui pour finir par de l’étonnement.
De la colère contre la meilleure amie que j’ai trouvée révoltante dans sa banalisation du viol qu’elle transforme presque en petit incident qu’avec un peu de bonne volonté, on peut occulter… Ensuite, de l’ennui, car je n’aime pas les scènes érotiques même si je reconnais que l’élégance de la plume d’Hélène Duc m’a permis de ne pas sauter le passage concerné. Enfin, de l’étonnement, car la tournure fantastique que prennent les événements m’a prise de court ce que j’ai bien apprécié.
Bref, dans l’ensemble, j’ai trouvé l’histoire assez dérangeante sans pour autant qu’elle en soit déplaisante.
Miss Saphira
A travers différentes missives qu’il a rédigées à bord de l’Orient-Express, un écrivain narre sa rencontre avec une passagère, Miss Saphira qui est loin de l’avoir laissé indifférent. Comme nous sommes dans un recueil de nouvelles fantastiques, vous avez probablement deviné que cette demoiselle n’est pas comme les autres ce que va découvrir, à ses dépens, l’écrivain.
Le gros point fort pour moi de cette nouvelle est l’ambiance que le huis clos dans le train permet d’instaurer. A mesure que l’on découvre les lettres de l’écrivain, on sent son changement d’humeur : il passe ainsi d’homme transporté par l’émoi amoureux à un individu en proie au doute avant de finir par être rongé par l’angoisse.
Appréciant les lettres, j’ai beaucoup aimé découvrir l’histoire de cet écrivain et celle de Miss Saphira par ce biais. En plus d’apporter un charme presque désuet à l’histoire, cela induit un certain suspense puisque l’on attend avec impatience chaque lettre, chacune d’entre elles nous rapprochant de la révélation sur qui est réellement Miss Saphira.
Sa langue au chat
Dans cette nouvelle, l’autrice nous narre les retrouvailles charnelles entre un homme, de retour à Londres, et son amante qui, comme vous le découvrirez, a une singulière particularité et, accessoirement, un sacré caractère. D’ailleurs, le protagoniste de notre histoire va en faire les frais…
L’expression « donner sa langue au chat » prend une toute autre dimension sous la plume d’Hélène Duc ! Bien que je n’aie aucune appétence pour les histoires érotiques, j’avoue avoir lu sans ennui cette nouvelle, fortement intriguée par son aspect fantastique. Sa langue au chat fut donc une expérience de lecture originale et intéressante.
Diligence vers l’Ailleurs
Bienvenue dans le Far West avec ses diligences, ses braquages de banque, ses Indiens, ses chasseurs de primes, ses figures emblématiques sans oublier ses extraterrestres. Oui, oui, j’ai bien écrit « ses extraterrestres » même s’il faut bien admettre que ces personnages venus d’ailleurs ne sont pas forcément associés au Far West, du moins, pas en ce qui me concerne.
J’ai donc été agréablement surprise quand j’ai découvert cette nouvelle où la science-fiction fait une entrée très réussie au pays des cow-boys. Alors que je ne lis quasiment jamais de science-fiction, le mélange des genres m’a conquise d’autant que j’ai apprécié le retournement de situation à la fin.
Renaissance
Nous découvrons une jeune femme dépressive qui va commettre un geste désespéré dont elle n’aurait jamais pu anticiper les conséquences…
J’ai eu un problème assez personnel avec cette nouvelle puisque ma phobie relative au sang en a rendu, au début, la lecture assez difficile. Heureusement, l’ambiance des premiers paragraphes évolue nous offrant une atmosphère moins sanguinolente et plus fantastique.
J’ai, en outre, apprécié la manière dont l’autrice aborde la dépression même si c’est de manière sommaire. Elle montre bien que malgré une vie en apparence parfaite, une personne peut néanmoins être victime de cette maladie. Cela me semble important à rappeler, car bien souvent, la dépression chez les personnes qui ont tout ce qui leur faut est très mal acceptée dans la société. L’angoisse de l’abandon est aussi évoquée puisque la rupture avec son petit ami va raviver, chez notre héroïne, des souvenirs assez difficiles.
J’ai trouvé que cette nouvelle se démarquait assez des autres que ce soit par les sujets abordés ou la fin réservée à l’héroïne. A noter également que le titre de l’histoire est, en ce qui me concerne, celui qui est le plus parlant du recueil. Il retranscrit parfaitement l’expérience ultime que va vivre cette femme qui n’appréciait plus sa vie.
CONCLUSION
Pour conclure, j‘ai beaucoup aimé parcourir les six nouvelles qui composent le recueil et découvrir des figures féminines intéressantes, parfois fascinantes. De cendres et d’écarlate fut donc une lecture très plaisante autant pour les instants de détente que le livre offre que pour le bonheur de savourer la finesse de la plume d’Hélène Duc. En quelques mots parfaitement choisis, elle arrive ainsi à nous immerger complètement dans ses histoires où se mêlent fiction et réalité.
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