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Les pierres de famille, Gwenaël Manac’h, 6 pieds sous terre
Une étrange maladie s’empare de certains hommes : ils se calcifient jusqu’à devenir en phase ultime de grandes statues, des Moaïs. L’État et la politique s’en mêlent et bientôt les hommes atteints par ce mal sont regroupés dans des dispensaires. C’est là que Camille va visiter Paul, son père.
Très étrange cet album. J’avoue qu’il m’a tour à tour intéressé, ennuyé et perdu. L’idée de départ est bonne, puis, j’ai eu peine à me retrouver dans les allers-retours dans le temps. J’ai aussi pu trouver cette parabole du masculinisme un peu lourde et appuyée.
Néanmoins, l’originalité du propos et de l’intrigue a su me retenir à plusieurs moments. Et si je ne sors pas totalement emballé, cet un ouvrage qui sort de l’ordinaire et rien que pour cela il mérite d’être découvert.
J'ai beaucoup aimé le scénario original et le graphisme de cette bande dessinée. Sans que l'on comprenne pourquoi au départ (le voile se lève progressivement) des hommes, et seulement eux, se métamorphosent en Moaïs, ces statues de pierre géantes typiques de l'île de Pâques. Cela m'a fait penser à du Ionesco, quand les personnages sont peu à peu atteints de rhinocérite, ou à "la Métamorphose" de Kafka. Ici, la transformation se produit quand les hommes sont incapables de se laisser envahir par les émotions ou d'accepter qu'ils puissent se montrer "faibles" (mais aux yeux de qui ?). Que faire, dès lors, de ces statues encombrantes qui envahissent les maisons et les rues ? Un centre est créé pour "rééduquer" les malades qui peuvent encore être sauvés d'une totale calcification. Nous suivons le parcours de la famille de Camille, confrontée à la métamorphose du père.
C'est vraiment une belle découverte, les dessins tout en nuances de gris rendent compte des différents degrés de transformations, on est vraiment captivé par ce scénario très original.
(lu dans le cadre du prix Orange de la bande dessinée, merci à Lecteurs.com et aux Editions 6 pieds sous terre pour cet envoi)
(Lu dans le cadre du Prix Orange de la BD 2024)
J'ai abordé cet album sans avoir aucune idée de son sujet, et je me suis laissé agréablement surprendre. On comprend assez vite que derriere son récit fantastique, Gwenaël Manac'h expose par métaphore un problème sociétal bien réel : c'est la masculinité toxique, le refus d'exprimer ses sentiments qui calcifie peu à peu tous ces hommes et les transforme en monolithes. Si l'idée et le propos sont bien vus, l'auteur reussit également à les enrober dans une bonne histoire, où les retours en arriére structurent intelligemment le récit. Le graphisme donne habilement corps aux transformations des hommes, et les visions des grands moaïs occupant l'espace sont saisissantes. Un album réussi à tous les niveaux !
https://www.instagram.com/p/C7HaE_0NrXD/
Une dystopie originale et percutante
Parfois, pour nous amener à réfléchir et à prendre du recul, il peut être intéressant de ne pas aborder les choses frontalement. C'est ce que nous propose ici Gwenaël Manac'h. Dans cette bd, au départ, on tourne les pages sans trop comprendre de quoi il est question, si ce n'est qu'une maladie touche les hommes. Et seulement les hommes. Pourquoi ? Envie de comprendre ce mystère, on poursuit donc la lecture qui nous amène dans des allers/retours au niveau narratif.
L'imaginaire de l'auteur vient mettre à mal certaines injonctions sociales de notre société. De manière très symbolique et surprenante, il vient nous exprimer un propos fort, l'importance de laisser surgir nos émotions au risque sinon, que notre cœur ne se transforme en cœur de pierre, et nous en des statues, vides de toute vie, n'ayant plus trace d'humanité.
Graphiquement, c'est une réussite. Un travail important est à l'œuvre pour rendre visible cette maladie qui s'insinue progressivement dans la chair des hommes en utilisant toute une palette de gris.
Album à mettre dans les mains de certaines personnes si vous avez un message à faire passer et à lire et partager tout simplement pour le beau moment de lecture et de réflexion qu'il procure.
Lu dans le cadre du Prix Orange de la BD 2024. Merci à Lecteurs.com et aux Editions 6 Pieds Sous Terre pour l'envoi.
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