Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
Un thriller pour les adeptes de la noirceur de l'âme humaine dans un gouffre de tristesse, de soumission et d'absence d'avenir. Situé dans les années deux mille dans les Vosges, au fin fond d'une vallée sombre et froide, s'élève une scierie plongée sous les frondaisons tourmentées de résineux et couronnée d'épais brouillard.
Bon, le décor est planté ! Le côté humain : une petite entreprise familiale au bord du gouffre financier, régie par deux frères qui maintiennent à flot celle-ci et par conséquent l'avenir de la famille. Mais cette existence se double d'activités troubles pour le moins, de trafics répréhensibles par la loi ; que corroborent le règne de l'autoritarisme, de l'avilissement de la morale : une famille de la France profonde.
L'action : ce microcosme est perturbé par l'arrivée d'un frère et de sa femme enceinte dans une parodie d'entente cordiale. En effet, désargenté, sans avenir, ils essayent de s'intégrer mais un fort sentiment de rejet limite l'intégration par cette famille éminemment asociale. Mais pas le choix pour eux, pas d'autres solutions dans l'immédiat...
Dès le départ, l'atmosphère lourde suggère rapidement que les mœurs dissolues des membres
vont provoquer de profonds conflits, d'autant que tous connaissent les travers de chacun mais ne dit mot, encore et toujours les non-dits, voire les secrets de famille. L'engrenage est en marche : les coups bas, les bagarres et les exactions s'enchaînent rapidement et m'obligent à poursuivre sans halte, les chapitres courts de ce récit.
Une simplicité de l'écriture mais dotée d'un suspens sans anicroche, sans temps mort, et parcourue d'une ambiance délétère m'obligent à en connaître rapidement le dénouement. Un roman où le temps est suspendu pour voir évoluer tous ces personnages envoûtants dans cet univers d'ensorcelantes forêts, où règnent l'inconnu et le mystère.
Pour une raison obscure, Eric a été rejeté par sa propre famille à l’âge de cinq ans et confié aux soins de sa tante d’Annecy. Il fait un retour aux sources, vingt ans plus tard, sans le sou et accompagné de sa jeune épouse (Elise) qui est sur le point d’accoucher … Mais pas sûr du tout qu’ils soient les bienvenus dans cette famille fruste et peu accueillante, au coeur de cette scierie laissée à l’abandon.
Elise et Eric vont très vite se rendre compte qu’ils ont vraiment eu tort de quitter Annecy ! Dans ce trou perdu des Vosges, ils vont se retrouver – pour leur plus grand malheur – aux prises d’une petite « communauté » aux moeurs inquiétantes, un milieu de dégénérés …
L’auteur n’y va vraiment pas « avec le dos de la cuillère » ! C’est glauque, ça sent « la France profonde » à plein nez … Bref, « âmes sensibles : s’abstenir » ! … Le style est sec voire brutal, sans la moindre trace d’empathie … Je tenais toutefois à savoir comment se terminait cette intrigue qui avait si mal commencée : je vous laisse deviner … Vous n’allez pas être déçus ! (Bon, j’avoue que j’avais déjà un doute sur leur « secret de famille » concernant Eric …)
Bon polar, on commence: on termine ! pas de pause !
Pas de travail, ni d’argent, avec Elise, sa femme enceinte, Éric est contraint de retourner dans ses Vosges natales. Mais la scierie familiale, qui tourne au ralenti, est tout, sauf un doux cocon. Eric avait quitté une famille rude suite à un accident où il avait perdu une main, le voilà qui doit retrouver sa mère, ses deux frères avec femmes et enfants, et son oncle. Loin de toute civilisation, enclavée dans la montagne, la famille vit en autarcie sous la férule de l’ainé, Léo. Les secrets de familles sont aussi lourds que les portes qui se ferment. Sous les sapins rien n’est gratuit. Et quand ses recherches d’emploi ne donnent rien, Eric se voit obligé à accepter l’inévitable, travailler avec ses frères et leurs magouilles.
L’atmosphère de Mauvaise Main, m’a immédiatement projeté en arrière. Vers Les Grandes Gueules. Celles de 65, de Robert Enrico, avec Bourvil et Lino. Rien n’a changé. Le temps s’est arrêté au cœur des forêts des Vosges. Les hommes sont rudes, rustres et prêts à tout pour survivre, même au pire. Pourtant le parallèle s’arrête là. Gilbert Gallerne signe ici un huis-clos à l’extérieur. Lu d’une traite, ce roman bien noir, à l’écriture sèche et directe brosse un joli panier de salauds, avec un ainé ignoble à souhait. Gallerne réussit à instaurer un malaise prégnant tout au long du roman. La tension est palpable, la terreur familiale suinte de sous chaque grume. Certes il y a ce qu’il faut de tendresse et d’amour, mais la peur et la tyrannie prennent le dessus. Après, Sous terre personne ne vous entend crier, Gilbert Gallerne prouve, s’il en était besoin qu’il est un grand auteur de romans noir.
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