Né au XIXe siècle dans l'île Bourbon, Edmond Albius va faire l'une des plus extraordinaires découvertes...
Né au XIXe siècle dans l'île Bourbon, Edmond Albius va faire l'une des plus extraordinaires découvertes...
Si j’ai eu un peu de mal au début de ma lecture de : Le fruit le plus rare ou La vie d’Edmond Albius, j’ai été ensuite emporté par la plume de Gaëlle Bélem, autrice réunionnaise. Avec un talent incroyable, s’appuyant sur des archives, elle rend justice à cet homme injustement oublié : Edmond Albius.
Sortir de l’ombre un homme qui n’a pas écrit ses mémoires n’est pas facile mais l’autrice me plonge habilement dans la vie de cette île Bourbon que nous appelons La Réunion aujourd’hui.
Dans ce XIXe siècle proche et lointain à la fois, l’esclavage est encore monnaie courante puisque Napoléon l’avait rétabli en 1802. Il faudra attendre 1848 et son abolition en France grâce à Victor Schoelcher pour que cette abomination cesse enfin. Abolir, c’est bien mais il faut appliquer cela et c’est très difficile sur le terrain comme l’histoire d’Edmond Albius le démontre très bien. À La Réunion, il fallut l’action de Sarda Garriga, commissaire général de la République, pour tenter le vivre-ensemble qui devint d’abord le vivre séparément comme le dit très bien Gaëlle Bélem.
Alors, je suis rapidement captivé par la vie de ce petit garçon qui, à Sainte-Suzanne, échoue, bébé âgé de quelques semaines, dans les bras de Ferréol Bellier-Beaumont, un veuf passionné de botanique. Ferréol craque pour cet orphelin mais c’est Elvire Bellier-Beaumont, sa sœur, qui réussit à décider Ferréol à garder l’enfant ; mais il ne peut être qu’esclave…
Avec humour et nostalgie, Gaëlle Bélem fait revivre son île au cœur du XIXe siècle. Rapidement, c’est l’exubérance des plantes qui s’impose car Edmond qui appelle Ferréol « ti père » s’y intéresse et retient tout ce que cet homme lui désigne. D’ailleurs, ce dernier nomme l’enfant « ti gâté pourri » et cela semble idyllique pour le moment.
Ils ont trente-sept ans d’écart tous les deux. Edmond a 7 ans quand il dit, en créole, qu’il veut être botaniste ; mais Ferréol affirme qu’il ne veut pas de botaniste noir mais un simple jardinier, faveur inestimable dans le contexte de l’époque. Edmond ne se découragera jamais.
Comme elle le fera à nouveau plus tard, l’autrice effectue un retour en arrière pour permettre de faire connaissance avec la famille Dejean, celle de l’épouse de Ferréol. C’est le passage que j’aime le moins car je trouve sa lecture compliquée, voire chaotique car c’est Edmond qui m’intéresse.
Je précise que les notes de bas de page sont nécessaires pour décrypter certains mots créoles ou détailler des plantes méconnues. Cela permet aussi à l’autrice d’indiquer ses sources.
Pendant ce temps, Edmond grandit. Même s’il ne sait pas lire – on n’apprend pas à lire aux esclaves – il est le seul esclave de Bellevue à pouvoir ouvrir un livre, un livre de botanique, bien sûr !
Ensuite, Gaëlle Bélem fait un crochet par le Mexique et Hernán Cortés, au XVIe siècle pour conter l’histoire de cette orchidée extraordinaire : la vanille. En 1529, le conquistador, imbu de sa personne, rapporte en Espagne des plants de vanille mais il oublie l’essentiel : la fécondation !
Eh bien, c’est ce qu’Edmond va découvrir et mettre en application et cela, Gaëlle Bélem le raconte parfaitement, détaillant les bons et les mauvais moments vécus par ce jardinier botaniste fin et observateur. Il doit faire preuve d’une persévérance hors du commun car Ferréol doute, demande des preuves pour finalement se rendre à l’évidence devant les gousses obtenues après cinq semaines, vertes comme les haricots.
Edmond n’a que 12 ans et il « apporte au monde occidental une saveur nouvelle, oubliée depuis le XVIe siècle. L’arôme vanille. » C’est là que Gaëlle Bélem livre une démonstration très imagée de la propagation d’une nouvelle. Si Ferréol revient à de meilleurs sentiments, il faut encore trouver le moyen de rendre la vanille comestible, savoureuse comme le faisaient les Aztèques. Ce sera fait et Edmond, inventeur sans brevet, premier maillon de la chaîne fait de l’île Bourbon le premier producteur du fruit le plus rare dans le monde entier.
Le fruit le plus rare ou la vie d’Edmond Albius propose une histoire vraie, certes romancée pour combler les espaces vides mais que c’est triste et bien conté dans les moments rares de bonheur comme dans les moments les plus difficiles ! Dans ce second roman que j’ai pu lire grâce à Lecteurs.com que je remercie, Gaëlle Bélem confirme un talent d’écrivaine qui me touche profondément.
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2024/12/gaelle-belem-le-fruit-le-plus-rare-ou-la-vie-d-edmond-albius.html
Une écriture riche pour relater l'histoire du découvreur de la façon de cultiver la vanille.
Je recommande ce roman pour tous ceux qui s'intéressent à l'île de la Réunion, mais pas que...
Je connaissais l'histoire de ce jeune esclave orphelin suite à une visite du musée historique de Villèle à la Réunion.
Cette version romancée n' enlève rien au sentiment de profonde injustice, de dureté de vie pour ceux qui ne sont pas nés sous une bonne étoile et dans la bonne caste.... Il n'aura en droit qu'à très peu de compassion et ne tirera ni profit, ni reconnaissance, ni respect...de sa découverte.
Coup de cœur pour ce roman de Gaelle Belem. Une plume unique qui rend hommage à Edmond, jeune esclave et ti pourri gâté de son maître Ferréol, botaniste fortuné, qui jour après jour lui enseignera les plantes jusqu'à que l'enfant, à force de persévérance, découvre comment feconder l'orchidée afin qu'elle donne naissance à une gousse de vanille. A son affranchissement, il deviendra Edmond Albius qui malgré la reconnaissance de sa découverte restera dans la misère tandis que les producteurs de vanille s'enrichiront sur sa découverte.
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