"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Françoise Pitt-Rivers raconte dans « La petite librairie de la rue bonaparte » l’histoire de sa mère, qui a créé une librairie à Paris, spécialisée dans la bibliophilie et la poésie.
Ce livre est un très bel hommage à cette femme libre, féministe, en avance sur son temps et passionnée des arts et des artistes.
Il était une fois une librairie, pas n’importe laquelle, celle de la renommée « Porte étroite ». L’emblème d’un roman réputé de nos jours, celui d’André Gide.
Cette ode à l’art, à la culture et à la littérature dans le frémissement du début d’un
XX ème siècle à Paris, est un parchemin vivifiant et palpitant.
La plume est concernée, maîtrisée à l’extrême dans cet aérien gagné d’avance. Puisqu’il s’agit de Yvonne Vierne, la propre mère de Françoise Pitt-Rivers. Cette dernière rassemble l’épars de la vie d’une belle personne éveillée, curieuse et intuitive. Dont la jeunesse affranchie et l’avant-garde naissante, rien qu’au toucher, elle pressentait déjà le perpétuel d’une œuvre.
10, rue Bonaparte, citadelle livresque, lieu régénérant où d’aucuns croisent leurs destins. Passions siamoises, le rare est observé, frénétiquement feuilleté. Les échanges avec les passionnés sont dès les prémices, ce qui résistera au temps et aux déconvenues.
Yvonne Vierne rencontre Henri-Pierre Roché, le futur auteur du fabuleux « Jules et Jim ».
Bibliophile, perfectionniste, belle et jeune dans cet enthousiasme humble, elle est remarquée. La librairie devient un lieu où, de Cocteau, Picasso, Dufy, Radiguet… tous auront un jour certain pénétrés cet espace fascinant. Elle cueille les artistes et goûte le raisin artistique. Les amitiés spéculatives, Henri-Pierre Roché grand collectionneur, l’initie à l’Art.
Ce livre au pouvoir cinématographique est une mise en abîme d’une période où les rencontres allaient s’avérer cruciales et d’une richesse infinie. La réalité d’une contemporanéité excelle pour notre plus vif intérêt.
On est en fusion dans cette sphère intellectuelle, frémissante dont tour à tour des écrivains tels que Radiguet, Cocteau.. . au peintre Picasso, etc , tous sont acteurs de ce livre qui encense l’idiosyncrasie artistique. Ce chef-d’œuvre parchemin, rue Bonaparte « Entre la Seine et la rue Jacob reste un havre de paix pour qui veut flâner en s’arrêtant devant les boutiques Galeries d’estampes et de tableaux, ateliers d’encadreurs ont investi les lieux… L’existence d’une nouvelle librairie, si petite soit-elle,ne peut y passer inaperçue, surtout lorsqu’on reconnaît le frontispice d’un livre exposé en vitrine un portrait d’Apollinaire par Picasso. »
Yvonne est éveillée, libre, curieuse et belle. De fil en aiguille elle rencontre son futur mari. Les présentations à la belle-famille valent le détour pour comprendre les habitus et les préjugés de la haute-bourgeoisie. Elle doit se plier aux règles. Une femme ne doit pas travailler et tutti quanti. Que faire ? Elle est si amoureuse !
La petite librairie va se retrouver sans son héroïne. Mais Yvonne ne renonce pas à sa passion pour l’Art. Son mari, aux professions multiples et diverses mais toujours dans ce qu’il y a de plus valorisant pour une société ployé sous les diktats conventionnels est souvent à l’étranger. Yvonne voyage donc beaucoup, déménagement sur déménagement.
Yvonne revoit Roché. Ce dernier lui relate Franz et Helen Hessel, l’éduque à la peinture côté soleil.
Nous sommes en plongée dans un roman vif et éclairant qui touche au cœur. Ici, ce sont les parents de Françoise Pitt- Rivers qui encensent les lignes. Magistral et précis, ce roman est apprenant et l’évasion dans ce siècle passé est une délectation. L’intime sous un prisme culturel hors pair. Ici, c’est le parfait accord entre une trame construite avec les rappels pavloviens, et la mémoire générationnelle qui anime les pages et insuffle la vie. Françoise Pitt-Rivers rend le plus bel hommage à sa famille.
« Avant de tomber malade mon frère me disait souvent, s’attribuant, je crois, une parole de Sacha Guitry à sa cinquième femme : Tu me fermeras les yeux, tu ouvriras mes tiroirs. »
Rémanence : les Chrysanthèmes roses dans un vase blanc de Sanyu, peintre chinois, première de couverture et point final élégant, doux et magnifique.
Publié par les majeures éditions Le Passage.
Dans ce roman Françoise Pitt-Rivers rend hommage à sa mère, Yvonne Vierne, amoureuse d'art et de littérature qui, en 1921, ouvre une petite librairie rue Bonaparte à Paris qui sera connue plus tard sous le nom de « La porte étroite » en référence au livre du même nom d'André Gide et avec l'accord de ce dernier.
Une femme qui, par amour, n'hésitera pas à renoncer très vite à sa chère librairie afin de respecter les convenances de la famille bourgeoise de son futur époux.
L'auteure remonte le temps pour nous compter Yvonne, de sa jeunesse à ses derniers jours.
Une mère instruite, courageuse, en avance sur son temps, au goût raffiné, passionnée de décoration et qui, sur les conseils de son ami Henri-Pierre Roché, écrivain et collectionneur d'art, fera l'acquisition d'oeuvres d'artistes alors peu connus comme Férat, Prunat et surtout Sanyu, surnommé le Matisse chinois, dont la cote s'élèvera bien des années plus tard.
L'histoire enrichissante d'une famille, d'une époque et de l'art dans laquelle nous croisons de grands noms.
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