"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Ce roman est une ode à la femme.
Il y a d'abord la mère : fière, debout, combative, résiliente, source d'une fratrie de 10 enfants juifs et/ou arabes, indépendante en dépit de la pauvreté, du vacarme des hommes et des conjoints devenus pères puis démissionnaires.
Il y a ensuite la fille : lucide, désabusée, énergique, sans racine, abandonnée de père mais remplie de l'amour d'une mère, forte, vivante, prédisposée à la soumission mais émancipée volontaire et en pleine rupture sentimentale.
Comment une fille qui n'appartient a aucun monde sort du fracas social en écoutant son instinct de vie ? Un conte sur la difficulté d'être soi. Un saisissant hommage aux femmes et aux mères maghrébines.
L'histoire :
Elle a passé son enfance et son adolescence dans une ville ouvrière à la frontière allemande. Sa mère à eu dix enfants. Six d'un Juif autrichien et quatre d'un Algérien. Elle est la fille de l'Algérien mais porte le nom du Juif. Vive, intelligente, rebelle, rien ne l'arrête. Ni la pauvreté, ni la triste médiocrité des vies dévastées qui l'entourent, ni les événements horribles qu'elle doit affronter. Elle s'accroche à sa fratrie, aux rencontres heureuses, à cette chaleur que diffuse la solidarité des classes populaires, et surtout à sa mère, cette femme extraordinaire dotée d'un étonnant courage et d'une étrange sagesse, à qui elle voue une véritable vénération. L'auteure nous livre ici le récit abrupt et sans concession d'une jeune vie saisissante, plongée dans la France des Trente Glorieuses. Un premier roman. Un livre rare.
Bonjour, la découverte de ce roman m'a intéressée par son histoire et son écriture...
Une enfance difficile au sein d'une famille composée de 10 demi-frères et soeurs, de culture différente: 6 juifs autrichien et 4 algériens...Compliqué de trouver sa place, sous un toit avec un père alcoolique...Ce père qui décide de retourner à ses racines... l'Algérie...,abandonnant sa femme et ses plus jeunes enfants, sans ressources...
Ce roman traverse divers sentiments, l'amour mais aussi la haine, la violence physique et verbale..
Les dernières pages m'ont particulièrement touchées....
Elle s’apprête à quitter le père de sa deuxième fille, parce que rien d’autre n’est possible, parce que le maintien d’un couple que plus rien n’unit ne nuira à personne. Parce que son passé familial lui a apporté mille preuves que l’obstination pour maintenir des apparences ne conduit pas au bonheur.
Mois après mois, la narratrice fait une sorte d’arrêt sur image, tandis que les chapitres alternés reviennent sur l’histoire familiale chaotique. Filiations reniées, trahisons multiples, abandon, les destins des femmes de cette famille ne font pas rêver. Mais malgré tout, elles sont soudées, solidaires, et la figure centrale de la mère, bafouée, délaissée, pauvre et démunie, reste un ancrage solide pour l’enfant puis la jeune fille.
Les nombreuses soeurs sont aussi un socle et une bouée.
Au coeur des années 60, un récit familial haut en couleur, porté par une écriture sans concession, dans un décor ingrat. Un cri du coeur et une déclaration d’amour envers celle qui incarne le refuge.
262 pages Mialet Barreau Août 2022
Une famille de bric et de broc
Le livre s’ouvre sur une scène forte, celle d’un petit déjeuner familial épars comme l’est devenue la famille en question. C’est une table où la gêne et l’individualisme se sont invités.
Une scène particulièrement bien écrite où le lecteur se projette dans l’atmosphère qui règne.
La narratrice, la quarantaine, fait le point sur sa vie qui ne lui convient plus, elle échafaude le meilleur plan pour rompre avec son conjoint et faire accepter sa décision à leur fille.
C’est aussi le portrait d’une femme qui a besoin d’air, les souvenirs affluent, issus de l’empreinte de sa mère qui n’est plus où l’amour qui les liait est encore très présent malgré une vie agitée dans les années 50 dans une HLM comme il en fleurissait dans la France des trente glorieuses.
Le récit alterne entre voix de l’enfant et celle de la femme devenue avec pour soupape un humour corrosif qui fait rire pour ne pas pleurer.
Elle s’est construite avec la vénération pour sa mère mais aussi contre la vie qu’elle a eue.
Elle nous livre une enfance « pur jus », abrupt, bruyante, violente, mais aussi joyeuse dans les scènes burlesques d’une vie de gens ordinaires, ceux qui se débrouillaient et s’entraidaient car ils n’avaient pas besoin des mots, ils savaient.
A travers ses réminiscences elle est en quête d’elle-même. Analyser, accepter, tracer, avancer sont les verbes-moteur, et le titre vivantes est au pluriel car ces femmes sont vivantes de mère en fille.
Ce premier livre illustre le magnifique : « écrire, c’est hurler sans bruit » de Marguerite Duras.
Un livre comme une fenêtre ouverte sur un nouvel horizon avec l’élan nécessaire chevillé au cœur.
Une belle découverte grâce à Masse Critique Babelio et les éditions Mialet Barrault que je remercie.
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2022/10/15/vivantes/
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