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Héritière d’une très riche famille juive américaine, Peggy Guggenheim a consacré une grande partie de sa vie à rassembler les œuvres d’art des plus grands artistes de son époque. Durant la seconde guerre mondiale, elle fera en sorte de sauver le plus d’œuvres possible de ce que les nazis considéraient comme de l’art dégénéré. Elle présente alors dans sa galerie Art of this Century de New York les surréalistes européens : Klee, Duchamp, Mondrian...ainsi que les américains Pollock ou Rothko. Après-guerre, elle s’installe à Venise et ouvre une nouvelle galerie dans un Palais Vénitien que les touristes peuvent encore visiter aujourd’hui.
Cette biographie passionnante soulève le paradoxe entre le goût très sûr de Peggy Guggenheim concernant les artistes dont elle achète les œuvres et celui beaucoup moins sûr qu’elle avait dans sa vie amoureuse et dans les choix de ses amants et maris. Celle qui se trouvait très laide (notamment à cause de son nez !) et souffrait visiblement d’un complexe d’infériorité assez marqué n’a en effet pas eu de chance avec ses maris et ses amants et s’est entourée d’un certain nombre d’hommes assez toxiques.
Francine Prose nous plonge dans la société que fréquentait Peggy Guggenheim constituée d’artistes, d’écrivains, de femmes du monde et avec lesquels elle partageait une vie tourbillonnante pleine de fêtes et de tumulte. On croise les plus grands artistes et intellectuels et l’auteure sait rendre sa part d’humanité à une Peggy Guggenheim pétrit de doutes, d’angoisses mais qui sut écouter les meilleurs conseillers et suivre son instinct pour constituer une collection inégalée.
Francine Prose, qui a déjà à son actif plusieurs ouvrages, décide d'écrire la biographie d'un personnage passablement sulfureux, Violette Morris, décédée en 1944. Sauf que les éléments qu'elle trouve sont insuffisants pour le faire convenablement. Que cette affirmation soit vraie ou qu'elle préfère finalement jouer avec la réalité, elle finit par écrire un roman dont les personnages s'inspirent librement de plusieurs personnes réelles dont Violette Morris et le photographe Brassaï.
Le résultat est tantôt passionnant, tantôt très agaçant.
La peinture de l'atmosphère de l'époque, des cabarets , des artistes est fort intéressante. Mais la forme, certes originale, est loin d'être toujours plaisante.
Le récit se fait à travers des lettres, des extraits d'oeuvres et du journal personnel des différents personnages, lesquels sont mis sensiblement sur le même plan. Il y a beaucoup de longueurs et de phrases creuses si bien que l'on a du mal à s'immerger dans le récit qui aurait été infiniment supérieur sans cela.
Vers la fin, l'auteure hésite brusquement entre le roman et la biographie comme si elle regrettait de n'être pas parvenue à écrire la seconde et intervient dans l'histoire, nous livre, ce qui n'a aucun intérêt pour le lecteur, ses états d'âme. On aurait amplement préféré, dans le cours de l'ouvrage, une peinture plus profonde de ceux de ses personnages ...
L'ouvrage reste néanmoins intéressant en ce qu'il montre comment, dans une époque injustement opprimante et répressive, une personne de valeur peut être détruite et basculer dans l'inadmissible. Le sujet avait déjà été brillamment traité par le cinéaste Louis Malle dans "Lacombe Lucien". Au cours de la seconde guerre mondiale, il n'y avait pas que des salauds et des héros. Et dans d'autres circonstances, certains salauds auraient pu être des héros.
Par un bel après-midi de printemps, Vincent Nolan, jeune néonazi au crâne rasé et aux bras entièrement tatoués de symboles SS arrive à Manhattan. Il entre dans les bureaux de la fondation de défense des droits de l'homme «World Brotherhood Watch», dirigé par le très charismatique et survivant de l'Holocauste, Meyer Maslow. Vincent affirme qu'il est membre de l'ARM (Mouvement pour la Résistance Aryenne), qu'il a lu tous les livres de Maslow. Mais qu'il a changé et qu'il veut aider à empêcher des types comme lui de devenir des types comme lui. Il sait comment pensent ces types, comment ils se retrouvent, où ils se retrouvent et comment les faire changer de camp. Ce qu'il ne dit pas, c'est que dans sa fuite, il a emprunté à ses anciens compagnons un pick-up, 1 500 dollars et le contenu d'une armoire à pharmacie. Si Vincent est celui qui veut changer, il influence également et change la vie de ceux qui l'entourent : Meyer, qui s'interroge de plus en plus sur le sens de sa quête vis à vis du pouvoir, des médias et de l'argent ; Bonnie, collectrice de fonds pour la fondation, divorcée, qui élève seule ses deux enfants et qui se demande avec effroi si elle n'est pas en train de tomber amoureuse d'un skinhead ; et enfin Danny, un adolescent qui découvre le monde et dont Vincent va devenir l'ami et le complice. Avec «Un homme changé», Francine Prose élabore un roman d'une grande finesse qui associe avec brio réalisme et humour noir. Le personnage de Vincent Nolan, adepte de la suprématie blanche, issu d'une famille pauvre et pur produit de l'Amérique profonde est totalement crédible. Toutefois, le comique des situations provoquées par l'arrivée d'un néonazi dans une famille américaine typique issue de la classe moyenne new-yorkaise nuance le récit.
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