"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Il fut lui-même » écrit-on bien souvent à propos de Félix Vallotton (1865-1925), un artiste qui compte avec Ferdinand Hodler parmi les plus grands peintres suisses. Après la visite de sa rétrospective au Musée Van Gogh d’Amsterdam, ce petit recueil de textes épars (de sa main, de critiques également) vint à point pour connaître l’homme plutôt que l’auteur de nus désincarnés, d’intérieurs bourgeois et de gravures férocement satiriques. Donc, ici, il n’est guère question d’art, d’esthétique mais bien du quotidien d’un homme au tournant du XIX° siècle, un Nabi presque malgré lui (Nabi, cela veut dire « prophète » en hébreu. Prophète, rien que cela). Il détestait l’école, les souvenirs d’enfance et avait un regard acéré sur ses contemporains, sur l’amour, sur le couple, sur les autres membres du groupe (pauvre Charles Cottet !) Anarchiste plus par réflexe que par conviction politique, il dénonce tout ce qui enferme l’individu dans un carcan, le dénature, le pervertit, le détourne de son destin. Si bien que tout devient une aliénation à ses yeux. Seul l’Art sauve, semble-t-il.
Mais la conclusion des dernières pages de son journal ne laisse aucun doute sur la lucidité de Félix Vallotton sur la vanité de toute chose en ce bas monde : le pouvoir, l’argent, le savoir, la culture, les arts, même l’amour, tout cela s’efface pour toujours face à la mort.
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