"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le Plan est la suite de Tel père, telle fille et le deuxième tome d’une trilogie (la suite est déjà annoncée !). Vous n’êtes toutefois pas obligés de les lire dans l’ordre, le récit est parfaitement compréhensible mais c’est tout de même préférable pour vivre l’histoire à 100%.
Nous retrouvons Marc Man, un père très très en colère qui a soif de vengeance. Il souhaite faire payer à ceux qui s’en sont pris à sa fille, Alex, dans le tome précédent. En parallèle, il a pour but de kidnapper Théodore Sawatondo, le fils d’un Président africain et d’obtenir une jolie rançon. Pour ce faire, il a un plan. Mais comme tous les plans, il y a toujours une part d’imprévu ! Il faut dire que le fameux Théodore est sacrément timbré !
Fabrice Rose est un ancien braqueur qui a passé de nombreuses années en prison avant de se ranger, pour sa fille. L’ex-taulard est devenu écrivain et s’inspire de la vie qu’il a menée pour écrire ses romans (sans que ceux-ci ne soient autobiographiques). Ce lourd passé se ressent dans son écriture. Fabrice Rose sait de quoi il parle. Ses personnages, bourrés de testostérone, les courses poursuites, les faux-plans et les alliances douteuses, le lecteur ne peut qu’être dans le feu de l’action !
J’ai beaucoup aimé le style d’écriture de Fabrice Rose qui parvient à nous provoquer de nombreuses montées d’adrénaline. On s’attache à ses personnages et on espère secrètement qu’ils atteindront leur objectif sans se faire attraper ! Il me tarde de lire la suite !
Un polar musclé, bien charpenté qui ne laisse guère de place au pardon et, au contraire érige la vengeance en règle de vie incontournable. Le Plan, est une mise en scène diabolique pour venger l’honneur de la fille du chef et régler son compte à l’héritier indélicat du dictateur impitoyable d’un pays imaginaire. On sent le vécu dans la plume de l’auteur, il y de l’action, on ne s’ennuie pas, cela défouraille dans tous les sens, c’est dur, mais l’honneur et la fidélité aux idées et aux amis est sans faille. Âmes sensibles s’abstenir, mais les excès sont tels qu’ils prêtent plus à sourire qu’à faire peur et font éprouver au lecteur une forme de sympathie pour ces truands au grand coeur.
J’étais impatiente de découvrir ce livre à sa sortie. Le prologue promettait une réflexion intéressante sur la difficulté d’être l’enfant de criminel. Plus précisément la fille d’un braqueur qui n’a qu’une envie, c’est de construire une relation normale avec son père. Un désir rien de plus naturel. Je dois dire que la thématique me plaisait bien, car les relations enfants et parents criminels sont rarement abordées, occultées, comme si le fait d’être un criminel, ne permettait pas d’être un parent.
J’ai été déstabilisée dans la première partie de ma lecture par la plume imagée et métaphorique de l’auteur. Des phrases courtes, des figures de style assez lourdes, qui ne faisaient que casser le rythme de lecture.
Et puis il y a un léger changement dans la plume, comme si le fait de s’être évadé de prison, la liberté lui donnait des ailes et surtout lui permettait d’avoir les idées plus claires et donc de moins user de métaphores.
L’enfermement de l’esprit lié à l’enfermement physique, bride le cerveau donc la narration, le tout volant en éclats lorsqu’il se libère de ses chaînes, libérant la parole et la plume. Plus besoin d’user de métaphores, la vie prend le pas et le libère dans tous les sens du terme.
Malgré plusieurs passages qui semblent bourrés de clichés, avec ces courses-poursuites, ces fusillades parsemées de violence d’une rare cruauté, j’ai trouvé que c’était assez crédible.
Une opposition entre criminels aux grands cœurs, avec des valeurs humaines, malgré le crime et les criminels qui se cachent derrière des valeurs religieuses qu’ils faussent pour faire ce qu’ils veulent sous couvert de pardon divin.
En fin de compte, le récit possède une certaine authenticité que ce soit par le vécu de l’auteur, ancien braqueur, que par les situations aussi incroyables que rocambolesques. Mais ce qui est drôle, c’est que c’est tellement incroyable que certaines scènes deviennent plausibles. Entre le faux émir, opportuniste, qui ne pense qu’au sexe, mais qui se cache derrière Dieu, le converti qui doit faire ses preuves et être au taquet, les flics parfois dépassés, mais qui restent professionnels…
Bref, il y a de tout, comme dans la vie… Comme dans la vie que ce braqueur, dit braqueur à l’ancienne, braqueur au grand cœur, qui n’a jamais fait de mal à personne…
Je pense sincèrement que c’est un livre que l’on ne doit pas prendre au premier degré, que l’on doit approfondir. Il faut lire entre les lignes pour y déceler une rédemption, une envie de tourner la page, l’amour de l’auteur pour sa fille, et de dire que le meilleur reste à venir et peut être vécu.
Je remercie Lecteurs.com qui m'a envoyé ce livre au titre des Explorateurs du Polar. Je l'avais choisi en me basant sur la quatrième de couverture et je me sens très décontenancée au moment de rédiger ma chronique : je ne m'attendais pas du tout à ce que j'ai lu.
« Plongez dans les ténèbres ! « annonce le bandeau d'Olivier Marchal et j'ai plongé dans la violence, le meurtre, le viol, le sadisme, la barbarie jusqu'aux toutes dernières pages qui n'ont pas été sans me rappeler une scène de « Une bête au Paradis » de Cécile Coulon.
J'aime beaucoup lire des romans policiers et autres thrillers, ce qui m'a incité à choisir « Tel père telle fille » dans les propositions faites par Lecteurs.com c'est le point de vue adopté par l'auteur ; cette fois-ci l'histoire met l'accent sur le braqueur et ses acolytes et Fabrice Rose sait de quoi il parle ; s'il est maintenant animateur culturel dans un foyer rural il fut lui aussi un de ces « beaux mecs », un braqueur à l'ancienne ceux qui n'ont pas de sang sur les mains avant de se ranger pour voir grandir sa fille Alexandra.
Quelle est la part de souvenirs, de confidence de ses codétenus, d'autobiographie ?
Je ne sais pas trop dans quelle catégorie ranger ce roman : un policier ultra-violent, un livre « gore » pétri de fureur et de haine ou un pastiche du genre ? Afin de ne pas lâcher prise à la page 47 lorsque j'ai eu le cœur au bord des lèvres à la lecture d'une scène de torture d'une rare sauvagerie, j'ai pris le parti de n'y voir qu'une pantalonnade, une gigantesque hyperbole et suis allée bravement juqu'à la dernière ligne du texte pour rendre ma chronique. Mais j'avoue que la formule « action réaction » répétée comme un mantra, les scènes violentes à répétition, l'hémoglobine jaillissant comme un geyser et le sadisme sans frein m'ont un peu lassée. « J'ai compris l'idée et l'intention Monsieur Rose, de grâce n'en rajoutez pas encore vingt pages ».
« Tel père telle fille » a pour héroïne Alexandre, 24 ans, dite Alex, une artiste peintre livre, insouciante, heureuse de vivre. Son petit ami, Ludo est grand amateur de livres et de jazz. Un peu gaucho, un peu anar, il se trouve dans les locaux de la 8ème BT pour un délit mineur dont il s'échappe en volant une Audi de fonction dans le coffre de laquelle se trouve un sac rempli de billets : 270 720 euros produit de la zakat l'impôt musulman confisqué, lors de son interpellation à Hamid Bensalli, trafiquant de drogue notoire et suspecté d'appartenir à un réseau salafiste.
Ludo cache le sac chez Alex, faisant d'elle la cible des djihadistes. La vie de cette jeune fille bohême, un tantinet fleur bleue, vire au cauchemar lorsqu'elle apprend un soir, en rentrant chez elle, la mort de deux de ses amis tués par trois skinheads en fuite, « l'arrestation d'n casseur, la mort d'un islamiste présumé sortant de chez elle et la présence d'un cadavre dans son salon, Ludo son petit ami ».
Mais Alex est aussi la fille du braqueur Marc Man. Ce dernier s'échappe lors d'un transfert au Palais de Justice d'Angoulême et, alors qu'il prépare un nouveau casse vole au secours de sa fille dans une véritable chasse à l'homme. « Face aux mecs qui s'en sont pris à Alex pas d'état d'âme […] Avec ces mecs pas de place pour le dilemme. ».
Fabrice Rose dans un style nerveux, rapide et efficace nous offre près de 300 page de scènes d'action dignes d'un scénario de film dont les rebondissements cocasses, comme des petits grains de sable enrayent la mécanique et ménagent le suspense.
Le style colle aux personnages, le langage fleuri, souvent ordurier n'est pas dénué d'humour. « deux sandwiches 100 % mécréant et une bière 100 % sans alcool ». Les phrases, sans circonvolution aucune ont le mérite d'être efficace et, en peu de mots, disent la situation, le ressenti des personnages. « L'émir est sur le cul » ; voilà qui a le mérite d'être clair.
Fabrice Rose nous livre un roman visuel dont les personnages croqués sont décrits à grands traits parfois à renfort de métaphore outrancières qui en font des personnage de « comics » dont chacun a la tête de l'emploi : les policiers de la SAT sont « robocopés », l'héroïne a de grands yeux bleus et la blondeur ingénue. Quant aux méchants la noirceur du cœur se reflète dans la laideur physique ; le méchant est non seulement méchant mais en plus il est laid avec « une gueule de limande sur laquelle on aurait greffé une barbe rousse ».
Il règne dans « Tel père telle fille » une atmosphère digne d'une planche de bandes dessinées « une féminine épurée en tee-shirt mini-jupe, sandales et bigoudis sur la tête dédie un sourire à Driss […]. Sur le trottoir d'en face des ados somnambules succombent à l'attrait de leurs portables. Aveugles et sourds à ce qui les entoure, ils marchent en lévitation vers nulle part ».
Il y a dans ce livre des scènes ubuesques, atrocement surréalistes, des scènes au cours desquelles le lecteur déstabilisé se demande s'il lui faut hurler de terreur et de rage ou éclater d'un rire franc et sonore tellement le propos est excessif, des scènes violentes de meurtre et de viol où le sang comme l'élément central d'un tableau est étudié dans un jeu de miroir « secoué de soubresauts le corps de Mariam se vide alors que la verge de Tariq se gorge de sang ».
En contrepoint de ces djihadistes fous il y a Marc Man et sa bande de braqueurs grands seigneurs des hommes de la vieille école, celle des films en noir et blanc de Gabin et Ventura, celle des dialogues d'Audiard. Ces braqueurs sont responsables « le sang ne devant jamais couler pour de l'argent », hommes d'honneur, ils respectent la parole donnée et ont l'amour du braquage bien fait : « si on vole une voiture que ce soit pour une utilisation de quelques jours ou pour un braquage on la rend clean ou on roule à bicyclette ». Leurs répliques n'ont rien à envier à celles des Barbouzes » ou des « Tontons Flingueurs ». Les formules à l'emporte-pièce font mouche « ils sont tellement sûrs d'eux que la gueule dans un sac plastique ils ne flaireraient pas le danger ». Ce sont des Mozart du braquage « avec eux ni bruit, ni fureur ni brutalité ni mort. Leur approche, quoique prédatrice est subtile ».
Tout n'est pas noir dans l'univers de Fabrice Rose qui sait émailler son texte de quelques bulles légères et poétiques ; il excelle dans l'humour tendre notamment lorsqu'il évoque par petites touches subtiles les relations père-fille et le manque induit par l'éloignement et l'enfermement carcéral. Alex « n'était pas plus haute que trois golden quand sa mère l'y [au parloir de la prison de Fresnes] a amenée pour la première fois ». « Les box sont à peine éclairés, sur leurs cloisons défraîchies des cœurs, des prénoms, des tags de dealers sont écrits et dessinés à la va-vite ». L'auteur brosse un paysage, raconte une atmosphère dont le sens du détail respire le vécu. Des formules lapidaires traduisent avec pudeur la peine, le tourments et les désillusions imposés.
Cependant, l'étude psychologique n'est pas au programme de l'ouvrage de Fabrice Rose, il ne dissèque pas la complexité des liens qui unissent le père et sa fille, pas plus qu'il n'analyse le manque et ses conséquences.
« Action Réaction » Marc Man saura prouver son amour à Alexandra, il fera de la protection de la chair de sa chair sa priorité, sa croisade, son djihad.
Un livre explosif à ne pas mettre entre toutes les mains. Ames sensibles s'abstenir !
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