"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Chère Baronne,
Pardonnez mon outrecuidance, mais je viens de lire le courrier que vous destiniez à votre « dear duchess » publiée par Erik Egnell et cela créé des liens….
« Vous ne sauriez imaginer, «dear duchess», avec quel ravissement j'ai retrouvé Coppet. » dites-vous et je vous comprends. Pourtant, ce fut un peu votre prison, Napoléon er vous y assignât à résidence après que vous ayez publié, « De l'Allemagne ».
Vous attendez vos amis, Messieurs de Chateauvieux, Sismondi, Pictet… ainsi que votre chère fille et son mari, le Duc de Broglie. Vous avez décidé d’interpréter la pièce de Voltaire, « la Mort de César ». Bien sûr, les répétitions se feront à Coppet.
Des visiteurs prestigieux passeront par votre château et enrichiront vos soirées, entre autre, Lord Byron et le frère de-qui-vous-savez : Joseph Bonaparte.
Vous discutez politique et bien sûr de Napoléon 1er qui n’est pas trop aimé chez vous, croyez que j’en comprends les raisons. Le Duc de Broglie très pragmatique « Vous avez raison Monsieur, je n’ai pas aimé Napoléon, mais je lui dois justice.
-Vous l’avez servi en tout cas, et bien servi comme nous savons tous.
- Le servir, c’était servir plus que lui. Je me suis efforcé, dans mon humble sphère, de ménager les vaincus en faisant entendre raison aux vainqueurs. Ce n’était pas toujours commode. J’ai fait ce que j’ai pu.
-A le servir, il ne fallait ni compter les efforts ni mesurer les sacrifices ! »
Ces conversations vous amenèrent à modifier vos sentiments, vos vues sur ce despote. « Et, si prisonnière de rêves d’un autre temps, j’étais tout simplement passée à côté de mon époque, une époque au contraire parfaitement comprise et dominée par Lui » « Mais je ne mourrais pas dans cette imbécilité où j’avais vécu jusqu’à ce jour ! La vérité m’éclairait enfin.
Arrive Monsieur Guyot qui révèle la terreur qui règne à Paris : « On imagine mal de climat qui règne en France aujourd’hui. C’est une autre forme de terreur. Il n’y a plus la guillotine, mais on tue les gens impunément dans la rue ou chez eux. A Nîmes où je suis né, où habite ma mère, le général Lagarde a été frappé par des forcenés. Ils avaient assassiné son collègue Ramel dans son lit à Toulouse. Les tribunaux se gardent bien de punir les coupables ou n’infligent que des peines légères. Les royalistes sont ivres de leur pouvoir. Ils ont soif de vengeance. Ils accaparent les postes d’autorité. On assiste partout à l’éviction des fonctionnaires libéraux ou modérés.
« En un mot, la Contrerévolution. Ce sont toutes les passions de l’Ancien Régime déchaînées contre toutes les œuvres de la Révolution. »
Vous vous ouvrîtes au duc de Broglie de votre projet commun : « Comment, tout en répétant Jules César, nous pensions Bonaparte. Nous ne voulions pas réhabiliter le conquérant, le despote, mais rappeler aux Français les droits et les libertés qui, sous lui et par lui, leur avaient été acquis inaliénablement. » Ces écrits, Monsieur Bonstetten, grand ami de votre père, les approuve « Vous avez osé dire que Bonaparte était un usurpateur et un despote, soit, mais qu’il avait été aussi un législateur et que son œuvre ne devait pas périr. Adresser un tel message à l’opinion publique demandait du courage, et peut-être plus encore de votre part, puisque vous êtes celle qui l’avez tant combattu… »
Cet été à Coppet sera fertile en rebondissements. Monsieur Dunant vous informe que le roi a dissous la Chambre alors que votre manifeste n’est pas encore prêt. « Il n’est plus de circonstance. Tout ce que nous pouvons faire maintenant est de souhaiter le succès de MM. De Broglie, Guizot et leurs amis dans leur combat pour donner au pays l’assemblée dont il a besoin. »
J’ai passé un bel été à Coppet en votre compagnie. Vos lettres m’ont ravie et il eût été inconvenant qu’en français du XXIème siècle, vos écrits fussent traduits.
A certains moments, je fus un peu déroutée, que voulez-vous, mes connaissances en histoire sont très floues, mais, grâce un outil moderne appelé Internet, j’ai pu surseoir à mon ignorance.
Souffrez que je remercie Monsieur Erik Egnell qui vous a faite revivre dans son livre. Par vos écrits et les siens, j’ai pris connaissance plus en profondeur de cette période postnapoléonienne. Vous m’êtes devenue moins lointaine.
Été 1816. Napoléon est prisonnier à Sainte-Hélène et sa plus virulente ennemie, Germaine de Staël est en exil en Suisse, dans son château de Coppet. En France, Louis XVIII règne mais la Chambre,ultra-royaliste, accapare le pouvoir et les Alliés ( Angleterre, Prusse, Autriche) occupent le territoire militairement. Sur les bords du lac Léman, Mme de Staël s'inquiète pour un pays qu'elle aime et que son père, Necker, a aimé avant elle. Avec son groupe d'amis, des genevois pour la plupart, et sa proche famille, elle décide de monter "La mort de César", une pièce de Voltaire. Sous couvert d'un simple divertissement, elle entend comparer César et Napoléon et démontrer que la tyrannie de l'Empereur était finalement un moindre mal comparée à tout ce qu'il a apporté à la France. La femme éprise de démocratie et de libertés ne supporte pas le régime en place et, la farouche opposante,qu'elle fut, en vient à défendre le célèbre exilé. Elle entend d'ailleurs rédiger un pamphlet pour appeler les parisiens et les français à ne pas oublier Napoléon et ses bienfaits.
Bienvenue chez Mme de Staël! A Coppet ou à Paris, la femme de lettres, intellectuelle brillante, reçoit les grands du monde. Politiques, écrivains, militaires, poètes,tous se bousculent à sa porte pour parler du destin de la France, débattre de politique, remuer des idées nouvelles. Et Germaine de Staël relate les faits, petits et grands, dans des lettres,jamais envoyées, qu'elle adresse à "My Dear Duchess", Claire de Duras, comme elle, femme de lettres ayant quitté Paris. C'est cette intimité que nous fait découvrir Erik EGNELL dans un texte écrit avec le plus grand soin. Dans la peau de Mme de Staël, il manie la langue française comme elle l'aurait fait elle-même. Termes désuets, tournures alambiquées, imparfait du subjonctif....rendent la lecture difficile. Non, Un été à Coppet n'est pas un page-turner! Il faut lire attentivement chaque mot, chaque phrase pour bien assimiler et comprendre. 212 pages à peine mais qui demandent le temps de déguster un style riche, ampoulé parfois, qui ne fait plus partie de nos habitudes de lecture.
Ces quelques mois dans la vie d'une femme d'envergure manquent tout de même d'un petit quelque chose pour nous la rendre attachante... Brillante, sûre de son fait, elle apparaît trop souvent comme imbue d'elle-même, froide, seule détentrice de la vérité et ses rares moments de faiblesse (une pointe de jalousie quand une poètesse approche de trop près son compagnon, par exemple) ne suffisent pas à faire d'elle une femme aimable, malgré ses qualités d'hospitalité et son sens de l'amitié.
Un livre difficile d'accès et qui nécessite des connaissances historiques préalables pour comprendre les sous-entendus, les non-dits et le contexte politique de l'époque.
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