"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dès le début, Eric Yung nous avertit : « Five points est un roman… inspiré très librement de la vie d’une femme originaire de la Martinique et qui s’installa à New York ». En l’occurrence il s’agit de Stéphanie Saint-Claire.
Stéphanie est arrivée à New York en octobre 1924 à bord du Volubilis. N’ayant pas la chance de faire partie des heureux des 1ère et seconde classes, elle reste deux jours à Long Island où, grâce à l’adresse d’un vieux bougre, elle peut donner une adresse et…. Emprunter l’escalier de droite, celui qui donne droit à une nouvelle vie.
Et quelle nouvelle vie !! « Stéphanie rejoint l'Irish Mob, une équipe de voyous irlandais qui domine, entre autres activités criminelles, les loteries clandestines » sous la mainmise de Brady Mac Mullen. Elle va monter les échelons et se faire connaître et respecter du milieu. Toute femme et noire, rappelez-vous, nous sommes dans la première moitié du vingtième siècle, elle est respectée par tous. « Son sens de l’organisation et la mise en place d’une bande composée de miséreux sans toit ni loi, qui pour la première fois de leur vie, avaient une chance de sortir de leur conditions pitoyable, interrogea et inquiété le mitan new-yorkais, qui apprit vite qu’une fille noire venue d’Europe mettait la main sur quelques rues de la Vallée. Sa réputation était celle d’une jeune femme près du bonnet, proche de prêcheurs charismatiques implantés dans Harlem et engagés dans la lutte en faveur de l’égalité des droits, intransigeante en affaires, détestant les maquereaux et prête, par les armes, à éliminer ceux qui s’opposeraient à sa quête de pouvoir dans le milieu des loteries clandestines. » C’est ainsi qu’elle devient chef de gang et par là même, la princesse de Harlem.
Bien sûr elle côtoie les chefs de l’époque, Lucky Luciano, Franck Costello.
Stéphanie est respectée aussi bien par le milieu interlope que par le milieu intellectuel. Elle œuvre dans des associations qui militent pour le droit des noirs, des femmes. Elle sert de banquière à de petites gens qui veulent monter une petite affaire légale, mais, attention, par d’entourloupe, car le princesse devient dangereuse. Si quelqu’un veut s’emparer de son business, lui fait un petit dans le dos, pas de pitié, elle commandite son exécution.
Quelle force de caractère ! Cette femme a été violée par des membres du KKK, son fiancé de l’époque a été exécuté sous ses yeux, elle a dû lutter pour ne pas se laisser marcher sur les pieds et ne pas se retrouver sur le trottoir.
Comme tout un chacun, il y a deux personnes en elle, la business woman et la femme, même si, dans le domaine amoureux, elle n’a pas été très heureuse, cela l’a conduite en prison.
Stéphanie est capable du pire et du meilleur avec ce qui la différencie du commun des mortels, une volonté d’arriver, de ne pas avoir quelqu’un au-dessus d’elle
Au fait, à qui écrit-elle ces lettres interminables qu’elle cache dans un coffre ? Elle y raconte tout, une sorte de cahier intime à destination de….
Eric Yung est journaliste, son écriture est ferme, efficace, sans fioriture, il connaît son sujet, cela se sent dans le déroulé de l’histoire qui se glisse entre les pages du roman.
Je remercie Virginie et les éditions de Borée et de m’avoir proposé « Five points » qui m’a fait découvrir cette princesse. Un très agréable moment de lecture
Escroqueries légendaires est un livre qui se lit avec plaisir. On va de découverte en surprise, de surprise en admiration.
Comme l'indique son titre et son résumé il parle des arnaques légendaires qui ont parfois rapporté gros aux Arsène Lupin audacieux, je ne vais donc pas m'étendre dessus. Toutefois je dois vous parler de ce sentiment d'admiration que j'ai parfois ressenti en lisant ces pages. En effet malgré leur forfait et ma personnalité honnête, je n'ai pas pu m'empêcher d'admirer ces génies de l'escroquerie qui pour mettre un peu de piment dans leur vie ou rajouter du beurre aux épinards, ont trouvé des trésors d'astuce, de mensonge, de magouille, d'idée, d'audace, sans en être en plus particulièrement inquiété par les créanciers ou la justice, certes pas à tous les coups mais même en cas de poursuite faut savoir que les créanciers peu glorieux de s'être fait avoir n'en feront pas un grand tapage et chercheront à cacher leur mauvaise histoire.
Dans ce monceau d'histoire il y a donc différentes histoires à différentes époques, mais même si toutes m'ont plu je dois avouer que certaines m'ont davantage satisfaites soit de par la personnalité des escrocs et leur génie, soit de par leur histoire et le culot des canailles. Et là, deux histoires se sont particulièrement démarquées celle de Monsieur Victor qui même en prison a quand même arnaqué Al Capone (visiblement tout allait bien dans sa vie, il ne voulait pas vivre vieux) et L'étonnante affaire Humbert qui est étonnante de par la grosseur des mensonges qui ont pourtant fonctionné et ont permis à cette famille de récolter plusieurs centaines de milliers de francs de l'époque même si au final ils ont fini ruiné ; et ce qui est plus incroyable dans cette histoire c'est que ça a touché des artistes célèbres, des hommes d'affaires ou encore la Banque de France ! Et en passant cette histoire n'est pas la seule à avoir touché des institutions étatiques.
En fait, ces arnaques à grande échelle sont celles qui d'une manière générale m'ont le plus plu car dans ces affaires on retrouve le culot, le sang-froid et le génie de personnes surdouées et sûres d'elles qui sont magnifiques même dans le crime (je vous jure que ce n'est pas une déclaration d'amour). Surtout si on compare aux autres histoires à petite échelle qui sont justes de la magouille sans réel génie pour moi et sans trop d'ambition, là-dedans je pourrai citer Les passagers fantômes, La bande des cinq, etc.
Bon, là j'ai l'air de faire l'apologie de l'arnaque juste pour le plaisir de la lecture, mais je vous rassure je trouve cela pas bien et il ne faut pas faire ça, mais honnêtement pour certaines histoires j'ai eu autant de plaisir à les lire que l'auteur a eu à les écrire. Franchement même si ce n'est pas beau c'était superbe à lire car ça laisse admiratif, perso je ne pourrai pas en faire autant.
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