"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
ma chronique :Ma chronique : "Le passé se venge toujours quand on s'efforce de l'oublier" . Dans un petit village au fin fond du Berry il ne se passe pas grand chose. Peut- être encore quelques rares histoires de sorciers. Chacun se retrouve au café du Centre, afin de commenter les dernières nouvelles, le concours de boules, les lotos, les fêtes de la Rosière, bref rien de palpitant. Et bien détrompez-vous ! Dans Les années 70 de curieux événements perturbent les habitants de cette petite bourgade du Cher qui se dérègle.
Un jour, un inconnu s'installe à l'hôtel durant plusieurs semaines. Chaque matin il vient lire son journal au café du centre. Il arrive de Paris ou de Lyon, c'est un homme jeune, distingué et aisé. "Il farfouille en tapinois" dans le passé des habitants. Il connaît l'histoire de chacun durant l'occupation allemande. Qui, grâce au marché noir a réalisé des profits illicites durant la guerre ? Qui a collaboré, qui a résisté ? Qui était du côté des tortionnaires et qui était martyrisé ? Pourquoi ce passé l'intéresse tant? lui qui était trop jeune pour avoir vécu la guerre !
Tout remonte à la surface et saute au visage des habitants. Henri le patron du café du Centre est très inquiet. Il s'est enrichi grâce au trafic de vin. Simple serveur, il a pu racheter l'entrepôt de Gustave, riche négociant en vins qui a été assassiné. Et d'ailleurs qui a tué Gustave? Cette question revient sans cesse.
Faites connaissance avec les nombreux personnages hauts en couleurs du café. Chacun a son petit secret.
Surtout vous serez stupéfait par les conséquences de ces événements qui sont liés à des scandales bien plus importants qu'on ne l'aurait imaginé au début, et c'est là tout le talent de l'auteur. C'est vivant, parfois drôle, c'est prenant.. N'hésitez pas à pousser la porte du café du Centre.
Comme on l’aime Le Monico ! Voici des échappées pétillantes qui enlacent le même rythme. Sans erreurs d’aiguillage, l’envolée prétend aux sourires, aux clins d’œil. Aux jeux savoureux d’une subtilité hors pair. Arlette est une jeune femme, narratrice de cette trame et l’on peut dire aussi : rame, voie de gare, humoristique et tendre comme du bon pain. Mais, attention ! ici règne l’atmosphère relevée, agréable d’une teneur cartographique aérienne. Arlette est en voyage, pas n’importe lequel. Elle est partie en quête de Juju, l’homme de sa vie, son amoureux, en direction de Saincaize. Telles des poupées gigognes, ces morceaux d’architecture s’emboîtent frénétiquement. Cette délicieuse constance est une torpeur en attitude souveraine. A l’aise, bien en assise dans ce train des plus paraboliques la lecture est une ode de tendresse et d’attention envers les images de la vie d’antan et de ce jour. « Assise à l’avant du premier wagon je suis accompagnée par des colombes qui font les malines en montrant qu’elles vont plus vite que le train ne roule. » Juju n’est pas seulement l’amoureux. Mais un otage de guerre qui n’a jamais pu atteindre Khartoum la capitale du Soudan. On a parfois la gorge serrée dans cette lecture où l’émotion est vive et fusionne d’emblée avec les paysages traversés aux couleurs sentimentales et existentialistes. Arlette n’est pas seule dans le train. Elle est en périple avec Robert qu’on imagine un adulte riche de savoirs et de réponses subites et justes. C’est le dictionnaire parabolique, le plan des routes et des destins. Ce trésor littéraire est salvateur. Les gares traversées en haute contemporanéité s’imprègnent d’un habitus révolu, celui d’avant. La nostalgie n’est pas triste, seulement consolante. Va-t-elle retrouver Juju ? « Dans le désert j’ai été seul avec mes geôliers durant neuf cent trente-six jours. » Dans Le Monico emblématique règne le summum qui ne fait pas vibrer les trains et n’incitent jamais à un arrêt sur image. Au contraire, s’élève ce que Eric Bohème modèle de plus majestueux, de plus durable, de plus sincère. Retrouver Juju, aller au bout de ses ressources, et s’accorder cette part de chance, de fusion avec un voyage des plus initiatiques et paysagés riches d’intériorité révélée. « Le Monico » est un lieu de retrouvailles, je ne dirai pas les gares visitées avant de trouver ce port d’attache. Lisez ce rayonnant, ce baume au cœur. Un récit qui fait du bien. Publié par Les majeures Editions Antidata .
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