Caraïbes, 1492. "Ce sont ceux qui ont posé le pied sur ces terres qui ont amené la barbarie, la torture, la cruauté, la destruction des lieux, la mort..."
Derrière l’image de la garrigue et le romarin, se profilent celles des traditions strictes, du « qu’en dira-t-on » et du labeur.
Le travail des simples qui apporte juste de quoi vivre. On reste humble, comme Pascal, le père : « Je ne suis pas assez riche pour me fâcher contre quelqu’un qui me donne du travail. J’ai des enfants à nourrir. »
La différence est justement bien marquée entre les « manuels », ceux qui vivent de leurs mains, et ceux qui ont des biens, comme les Mazel. Dont l’aisance assèche le cœur et rend sourd. « Maintenant, je comprends qu’il faut se méfier des gens qui vendent des outils, mais qui ne s’en servent jamais. »
Mais la tendresse affleure sous la dureté de façade. Comme souvent dans les personnages de Pagnol.
La sincérité et la simplicité de l’amour de Felipe pour la belle Patricia sont touchantes « Depuis trois ans que je vous connais, j’ai remarqué que quand je vous vois, je suis content… Et puis, quand vous êtes là, les autres filles, je ne les vois pas. »
Un dessin classique, qui retransmet particulièrement bien l’esprit de l’époque. J’ai bien aimé le graphisme pour ses couleurs qui évoquent immédiatement le sud et le soleil. Moins les personnages aux expressions peu travaillées.
Un bon moment de lecture qui plaira aussi aux plus jeunes qui ont découvert « la gloire de mon père » et « le château de ma mère », dans cette excellente collection dédiée à Marcel Pagnol.
Merci aux Éditions Grand Angle et aux éditions Radio France pour cette belle découverte.
C’est après s’être rendu au camp D’Auschwitz où le silence hurle et laisse encore imaginer l’écho de l’horreur, la mémoire des cris et des prières que l’auteur, Stephen Desberg décide d’écrire cette fiction aider en cela des dessins d’Emilio Van Der Zuiden.
David est un jeune juif qui croit aux anges depuis que son père est revenu de voyage après qu’il les ait invoqués dans ses prières du soir. Lorsqu’il se retrouve à Auschwitz où règnent la faim, la violence, la torture et la mort, il évoque avec une belle conviction devant ses compagnons d’infortune, les anges qui toujours veillent sur eux. Cela arrive aux oreilles de l’Oberstrumpführer Karsten qui se trouve déstabilisé et envahit par la peur. David cerne très vite l’allemand qui ment à son fils sur son travail. Fils qui, lui aussi, prie les anges pour que son père revienne de la guerre. De plus, ces divagations donnent de l’espoir aux prisonniers et retarde d’autant leur mort, or, il ne pourra rentrer chez lui que lorsque tous les juifs auront été exterminés, ce qui doit être le plus tôt possible. Un rapport de force impossible va s’installer entre le bourreau qui inflige la souffrance et sa victime qui insuffle l’espoir.
Tout a été dit sur Auschwitz. Nous sommes à l’intérieur du camp et c’est avec beaucoup d’humanité mais sans aucune complaisance que l’insupportable nous est raconté : les humiliations infligées aux prisonniers par leurs semblables, les tortures, les exécutions arbitraires, l’utilisation des fours.
L’épilogue qui nous propulse en 1952 soit 7 ans après la fin de la guerre termine ce récit par un juste retour des choses.
Emilio Van Der Zuiden parvient à illustrer l’horreur du camp tout en faisant conserver à ses personnages leur part d’humanité. Son trait classique est extrêmement efficace. Les couleurs ternes et la grisaille sont omniprésentes, afin de souligner la noirceur de l’histoire.
Cet album raconte une histoire intime. Stephen Desberg a choisi de lever le voile sur un secret de famille en mettant en scène la jeunesse de sa mère dans un récit qui mêle réalité et fiction.
Monique a fait un choix, celui de quitter une vie qui semblait toute tracée, une vie avec Francis, doux et attentionné. Monique veut une autre vie, elle veut l’amour, le vrai. Mais en laissant partir Francis au Canada, elle laisse aussi partir Nicole, leur fille. On comprend bien l’impact d’un tel choix qui prend vie dans un contexte chargé, la guerre se termine, la libération approche….
Je n’en dirai pas plus. L’émotion est souvent palpable dans ce récit très récitatif. Monique nous raconte sa vie. L’accompagnement graphique est sobre, élégant, on sent qu’il n’est pas utile de trop en faire tant l’histoire porte en elle suffisamment de puissance émotionnelle.
Au final, un album au ton intime et grave, une vie racontée, faite de choix, de chemins pris. Un récit qui ne pourra laisser insensible.
S’il est bien un amour inconditionnel, c’est celui qu’on porte à ses enfants. Alors quand une mère décide de laisser son enfant à son père, pour vivre une nouvelle histoire d’amour, ce ne peut être que douloureux.
Mars 1941, Monique 20 ans arrive à Paris. La jeune étudiante découvre une capitale occupée mais décide de profiter de la vie, malgré les bombardements qui obligent à se réfugier dans les abris.
Mais sous terre, dans des caves, Monique va également découvrir, avec son ami Francis, une autre vie, celle où la guerre n’existe plus. Au rythme des accords de Gin, un pianiste, elle va pouvoir danser la nuit au son de la musique jazzy.
Rapidement Monique est enceinte. Que faire quand on est dans cette situation à 21 ans ? La jeune femme épouse donc Francis, le père de sa petite Nicole, un mariage pour sauver les apparences, sans amour, même si ce dernier est un mari et un père attentionné.
À la libération, les yeux de Monique croisent ceux de Robert, un bel officier américain. C’est le coup de foudre. Mais que faire quand on veut enfin vivre le grand amour ?
Dans toutes les familles il y a des secrets dont on ne parle pas. La famille de Stephen Desberg, le scénariste de cet album, en fait partie. Monique est la mère de Stephen et Nicole est donc sa sœur, même s’ils n’ont pas le même père.
Ce récit est touchant et nous montre les difficultés qu’on doit affronter, quand on a décidé de vivre une vie qui n’entre pas dans la normalité. Faire un choix entre deux personnes, celles qu’on chérit le plus au monde. Voilà qui est cornélien.
Le trait d’Emilio van der Zuiden est efficace, beau et sobre. Il donne parfaitement vie aux personnages, décors et extérieurs.
Cet album ne juge pas l’attitude qu’a eue une femme, une mère à un moment de sa vie. Parfois pour comprendre ces douloureuses situations familiales, il faut chercher des explications. Et quoi de mieux, quand on est scénariste de bandes dessinées, que de s’approprier ce qui était tu, en le dévoilant au plus grand nombre.
Cet album montre tout simplement un choix de vie, pour mieux l’expliquer et essayer de mieux le comprendre.
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Caraïbes, 1492. "Ce sont ceux qui ont posé le pied sur ces terres qui ont amené la barbarie, la torture, la cruauté, la destruction des lieux, la mort..."
Chacune des deux demeures dont il sera question est représentée dans le sablier et le lecteur sait d'entrée de jeu qu'il faudra retourner le livre pour découvrir la vérité. Pour comprendre l'enquête menée en 1939, on a besoin de se référer aux indices présents dans la première histoire... un véritable puzzle, d'un incroyable tour de force
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