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On ne rend que trop rarement hommage au travail des traducteurs.
Ils permettent de faire des ponts entre des pays de langue et de culture différentes, d’être émus, touchés par des œuvres que nous n’aurions jamais comprises sans eux.
Ils sont notre porte d’entrée pour des romans que nous chérissons. Pour moi qui aime tant la littérature russe, mais qui ne lit pas le russe, ils sont essentiels.
Ici, cette nouvelle rend hommage à la traductrice russe du Don Juan de Byron, Tatiana Gnéditch.
Descendante du traducteur de l’Iliade, elle est passionnée par la littérature anglaise. Malheureusement les vicissitudes de la politique russe vont la conduire à être arrêtée puis déportée.
Le Don Juan de Byron sera son oxygène et sa bouée de sauvetage. Elle commencera à traduire le texte de mémoire puis continuera son œuvre pendant deux ans.
Ce livre est bref mais il nous permet de réfléchir à des gens qui, animés par leur passion, font vivre la littérature à travers le monde.
Étonnante découverte que la dernière petite merveille des éditions Interférences ! Écrit par un Efim Etkind (1918-1999), grand spécialiste de littérature russe, co-auteur d'une ambitieuse Histoire de la littérature russe éditée chez Fayard, La traductrice se présente comme un récit surprenant d'une vingtaine de pages qui relate l'histoire de la traductrice du Don Juan de Lord Byron. Arrière-arrière-petite-nièce de Nikolaï Gnéditch, le traducteur de L'Iliade en russe, Tatiana Grigorievna Gnéditch a traduit les quelques 17 000 vers que compte le chef d'oeuvre de Byron dans des conditions quelques peu particulières. Tour à tour enseignante, traductrice et interprète, cette femme à la personnalité des plus tranchées s'est dénoncée elle-même auprès du Régime pour avoir envisagé un peu trop sérieusement de se rendre dans le bloc de l'Ouest. Condamnée à purger une peine de dix ans dans un camp de redressement, elle passa les deux premières années de sa peine dans une cellule du NKVD. Mais un heureux hasard attribua à notre détenue un interrogateur cultivé qui, sensible à son entreprise inédite de traduction, se mit en tête de la faciliter, pour finalement en assurer lui-même la diffusion.
Comment ne pas penser au Liseur de Schlink et au personnage d'Hanna qui apprend à lire en prison, au célèbre joueur d'échecs de Zweig qui s'est servi de ce jeu pour ne pas sombrer dans la folie pendant toute la durée de son internement et de sa torture, ou encore aux nombreux personnages de bourreaux éclairés qui parsèment la production littéraire du XXe siècle (à l'instar de La liste de Schindler, Les bienveillantes ou encore Le violon d'Auschwitz) ? Mais en dépit de ses faux airs de conte désenchanté, gardez bien à l'esprit que cette histoire est authentique...
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