"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
C’est une histoire triste.
L’histoire d’un homme dépressif qui part à la recherche d’un ami d’enfance élevé avec lui dans une ferme.
Ils étaient tous les deux des enfants abandonnés.
C’est bien écrit même si les dialogues ne sont pas signalés mais inclus dans les texte, ce qui n’est pas toujours très clair.
La fin semble inachevée.
Une lecture un peu déprimante qui confirme qu’on ne sort jamais indemne d’un abandon.
Surtout si les conditions d’adoption sont mauvaises, ce qui est le cas ici.
Ce récit a un titre très poétique pourtant il dresse un tableau très sombre de la vie de 2 petits garçons Léonard et Sammy qui se retrouvent dans la même famille en Creuse les Landry. Léonard est plus âgé, il est de l’assistance et se retrouve après plusieurs foyers placé à la campagne chez cette famille de paysans et leurs 2 fils. Au lieu d’un foyer il ne trouve que du travail du soir au matin, du mépris, du racisme et de l’exploitation. Il dort dans la grange et n’a pas le droit d’aller à l’école et le père Landry l’exploite sans vergogne comme main d’œuvre gratuite sur sa ferme. Un soir de décembre arrive pour lui un petit frère de substitution, compagnon d'infortune: Sammy directement débarqué de la Réunion. Il a été arraché à son frère et envoyé par sa mère en France et par la DASS pour une vie meilleure.
Ce drame de Sammy est celui qu’ont vécut de nombreux enfants réunionnais enlevés ou envoyés par leurs familles en France dans l’espoir d’une éducation et d’une vie plus facile et le plus souvent main d’œuvre agricole gratuite et corvéable à merci en Creuse. Certains enfants ont d’ailleurs porté plainte contre l’Etat comme il est évoqué dans le récit qui a couvert ces agissements, fait de fausses promesses et totalement délaissé ces enfants. Certains ont eu de la chance et ont été adopté par leurs familles comme celle du petit frère de Sammy d’autres comme lui se sont retrouvés en enfer.
Sammy a du mal à s’habituer au froid, au déracinement il se retrouve seul et ne comprend pas ce qu’on attend de lui, il parle créole, rapidement la poésie, les histoires qu’il va se raconter et partager avec son frère d’infortune l’aide à tenir et à se rebeller. Mais il devient de plus en plus étrange et s’enferme dans son monde, rêve qu’il peut voler retrouver sa mère à la Réunion. L’exploitation de ces enfants et la loi du silence qui s’est opérée et bien retranscrite.
Heureusement pour les 2 garçons ils vont pouvoir aller à l’école ce qui va être une porte de sortie, un répit, la découverte de la lecture pour Léonard et d’une véritable amie : Célimène jeune fille au caractère bien trempée et son père prof révolutionnaire qui se bat pour eux. Ils leur fournissent des vêtements chauds, des livres et les traitent surtout comme des humains et pas comme des animaux.
Le racisme, la bêtise et l’entêtement du père Landry à ne rien donner à ces deux garçons, à les traiter comme des bêtes de sommes, à profiter de l’argent sans rien donner en retour fait froid dans le dos un peu comme des Thénardier modernes.
Le narrateur Léonard réussit à s’en sortir, il s’est installé en Bretagne, il a réussi un concours et devenu gardien de prison mais un jour il craque, il est rattrapé par son passé et une grave dépression lui tombe dessus. Il se remet à penser à son passé et ne voit qu’une seule solution pour continuer à vivre se racheter et retrouver Sammy dont il a été éloigné depuis de nombreuses années. Il décide de retourner en Creuse et de remonter le fil du temps. Pendant son enquête il reconstitue la vie plus difficile de Sammy, rencontre d’autres solitudes, la brutalité des hommes.
Ce récit m’a ému il est par moment très poétique quand ils se rappellent Célimène ou leurs rencontre, le pouvoir de la lecture sur le narrateur. Quand Sammy évoque la Réunion et à certains moments bouleversant quand celui-ci parle du froid qui lui glace les os, qu’il ne pourra jamais se réparer à cause de l’abandon et de cette enfance volée. On se demande comment on a pu justifier légalement et pour leur bien cet envoi d’enfants seuls en métropole sans repères. Les sentiments, l’amitié, l’amour, l’espoir ne sont pas absents, cette introspection du narrateur et de Sammy sont émouvantes et donnent envie d’écouter ces hommes pleurer.
Ouvrez ce livre et découvrez cette histoire méconnue et boulersante et laissez vous emporter par les mots d’Eugene Durif qui rend justice à ces enfances volées.
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