"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Des enfants disparaissent à Abidjan, les mères commencent à avoir peur mais la police n'agit pas beaucoup.
Le commissaire Kouamé est, lui, mandaté pour retrouver la fille d'un homme d'affaires, très gros employeur du pays. Gaëlle, la jeune fille disparue a 16 ans et n'a plus donné signe de vie depuis la veille. C'est le ministre de la défense en personne qui charge Kouamé de la retrouver.
Retour du commissaire Kouamé et de son adjoint, le seul flic blanc de la ville, Arsène, collectionneur de vieilles voitures, qui ne parvient à faire entrer dans le pays que des petits modèles et qui a été mis hors de son propre appartement par l'une de ses conquêtes. A l'inverse, Pour Kouamé, tout roule entre sa femme et ses enfants, même si Fanette sa fille, amis de Gaëlle est... adolescente.
Beaucoup d'humour dans les textes -des expressions très drôles-, des situations décalées, grossies et des dessins vifs, dans lesquels on voit la rapidité de Kouamé, son impulsivité. Il se heurte à une certaine inertie de ses services, à un laisser-aller qu'il ne supporte pas surtout lorsqu'il s'agit d'enfants disparus. Alors, il virevolte, menace, fait arrêter, interroge en usant de la manière forte voire très forte, il bouge, se démène et fait tout pour retrouver Gaëlle mais aussi comprendre pourquoi des enfants disparaissent et qui les kidnappe.
C'est drôle, disais-je, mais les auteurs montrent également le pays, ses croyances, ses coutumes, ses bas-quartiers, la justice à deux vitesses -heureusement Kouamé veille-, la société ivoirienne où les plus pauvres n'ont droit à rien et où les riches se gavent. Bref, une bande dessinée très réussie comme l'était le premier, Un si joli jardin et lisible à plusieurs niveaux.
En Côte d'Ivoire, rien ne va plus : la délinquance ne cesse d'augmenter, aussi le ministre nomme-t-il à la tête de la police, le commissaire Kouamé, dit Le Scorpion Urbain. Icelui, un poil irascible est secondé par le fidèle Arsène, fan des petites voitures des années 50/60, ce qui nuit grandement au prestige du commissaire. Lorsqu'un notable important, un juge, ami du commissaire Kouamé est retrouvé assassiné, la discrétion est de mise, mais les policiers ne sont pas tous des flèches et le commissaire n'est point très diplomate et agit selon ses préceptes, parfois éloignés des méthodes douces.
Marguerite Abouet est connue de moi surtout pour son Aya de Yapougon dont j'ai aimé l'humour mais aussi le fond qui aborde sans détours des questions importantes. Pareil pour ce Commissaire Kouamé qui sous des dehors de comédie policière parle des méthodes peu orthodoxes de la police, des droits des hommes à vivre leur sexualité fut-elle homo, voire leurs travestissements, de la violence a Abidjan, des relations parents-enfants et des conflits de génération...
Cela reste une bande dessinée distrayante au trait de Donatien Mary virevoltant, vif et drôle et aux dialogues et textes soignés : on y retrouve des formules, des manières de décrire, des adages très colorés. Bref, un tome 1 très fréquentable qui donne l'envie de fréquenter le tome 2.
Je n’avais pas lu le tome 1 de cette série dont l’auteure est aussi celle de « Aya de Yopougon », un tome primé en 2019 du prix du polar SNCF.
Je profite donc de la sortie récente du tome 2 pour découvrir enfin ce personnage haut en couleurs et ce dessin qui ne l’est pas moins.
Un polar, un vrai,… une jeune fille a disparu, Kouamé, commissaire redoutable et redouté enquête flanqué de son acolyte blanc qui conduit la voiture, passe du temps sur son téléphone à se prendre la tête avec sa meuf… L’enquête est menée tambour battant, sur fond de sorcellerie, Kouamé ne recule devant rien pour mener sa mission à bien.
Le dessin flamboyant, caricatural mais dynamique de Donatien Mary met en scène une Afrique colorée, dont la police semble un peu démunie face à la criminalité locale. Kouamé lui semble dopé par la vocation et la volonté de mettre de l’ordre dans le désordre ambiant.
C’est aussi très drôle, brutal et violent parfois, mais on finit par s’attacher à ce commissaire que l’on sent sincère… hystérique mais sincère.
Au final, un polar dépaysant, par son récit et son travail graphique, une découverte sympathique et originale que je vous encourage à tenter !
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