Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Qui ne connait les nanas colorées de Niki de Saint Phalle ? Elles ne sont pourtant qu’une facette de l’œuvre colossale de cette artiste singulière qui a légué au monde plus de 3500 œuvres disséminées dans plusieurs pays.
Les parents de Niki se séparent. La petite fille, qui a subi l’inceste de son père, est une rebelle. Elle quitte sa famille pour fonder la sienne. Mère de deux enfants, elle finira par quitter son mari infidèle. Souffrant de maladie mentale, c’est au cours de son hospitalisation qu’elle découvre la couleur grâce à la peinture et aux collages. Une artiste est née.
La collaboration avec l’artiste Jean Tinguely, qui deviendra son compagnon, la confirme en tant qu’artiste. Imaginative et curieuse, elle réinvente l’art, exorcise ses peurs et ses phantasmes à travers ses sculptures et ses collages.
Une de ses œuvres maitresses est le jardin des tarots qui se trouve en Toscane.
Ce sont donc les cartes de tarot qui forment le fil rouge de ce roman graphique. Le scénario de Dominique Osuch reprend les faits marquants de la vie de l’artiste. On s’y perd un peu, les raccourcis sont nombreux, ce qui n’est pas gênant lorsqu’on connait déjà le parcours de l’artiste.
Les dessins mêlent la sobriété du noir aux couleurs vives comme les aimait Niki, et ces illustrations sont bien dans l’esprit de l’artiste.
Cette biographie permet toutefois de suivre le destin marqué de drames, de ruptures et de maladie de Niki De Saint Phalle ainsi que son parcours singulier d’artiste mondialement connue.
Niki de Saint Phalle, née Catherine Marie-Agnès le 29 octobre 1930, est une artiste singulière et tellement originale pour son époque.
Sa famille, la relation à son père, à cette mère étrange et peu aimante en apparence, créent un terreau favorable à la solitude, à la création, à l'originalité.
Il y aura Harry, le premier mari volage, deux enfants, la passion pour Jean Tinguely, et les amies, les amants, les fidèles qui l'aident à accomplir sa passion créatrice.
Il y a les malheurs successifs, la maladie invalidante qui a souvent dicté sa vie, ses changements de domicile pour chercher l'air pur et retrouver le souffle.
Mais toujours le foisonnement d'idées, l'art sous toutes ses formes, d'abord sombre, pour exprimer le malheur, la colère, puis lumineux et éclatant comme les nanas qu'on aime tant.
Le tout est présenté à la première personne, c'est Niki qui nous parle d'elle, de sa soif de création, son inventivité, ses rêves, ses échecs et ses réussites. Mais aussi de ses chagrins, de sa maladie, des hommes de sa vie, de son rôle de mère qu'elle aura parfois mal réussi à endosser, comme si le fait de créer des œuvres épuisait toutes ses ressources.
Dès les pages de couverture, la couleur est là pour nous parler de Niki, puis tout au long des pages intérieures le lecteur part à la rencontre de ses performances, de ses nanas, son jardin des tarots, de Hon son œuvre gigantesque, de la fontaine Stravinski à côté de Beaubourg, de son inventivité sans cesse renouvelée.
J'ai aimé le graphisme, les textes et les dessins qui sortent des casent pour déborder sur la page précédente, l'alternance couleurs et gris ou noir et blanc pour dire les cauchemars ou les joies. Chaque chapitre s'ouvre sur une carte du tarot pour nous parler de la vie, mais aussi des réalisations de l'artiste.
Il y a des noms qui à eux-seuls symbolisent un art. Celui de Nijinski est indissociable de la danse, celle qu’il aura révolutionnée au début du 20e siècle, alors que parallèlement grondent les premiers signes de la Révolution russe.
Vaslav Nijinski est né d’origines polonaises en 1889 à Kiev, appartenant à l’époque à l’empire russe. Alors qu’il a cinq ans, la garçon fait une chute depuis une fenêtre située au troisième étage. Ses facultés et ses capacités sont en danger. Cependant, trois ans plus tard, il fait son entrée à l’école impériale de danse, Vaslav a onze ans. Malgré la sévérité de la formation, ses professeurs voient en lui un cadeau de dieu.
C’est en assistant à une performance de la grande Isadora Duncan, que le jeune danseur découvre une autre façon de danser, beaucoup moins académique. Devenu enfin soliste, Nijinski s’imagine danser des rôles féminins sur les pointes.
A partir de 1912, en tournée en Europe avec les ballets russes de Serge de Diaghilev, Vaslav décide de revoir et moderniser la façon de danser de la troupe. Le succès est au rendez-vous que ce soit à Monte-Carlo ou Paris.
Si Nijinski a modernisé son art, c’est en raison de sa façon de danser et d’effectuer ses sauts, mais également en raison des tenues qu’il va porter. Cette période riche artistiquement le fera côtoyer d’autres artistes tels que Rodin, Proust, Cocteau, Sarah Bernhardt, mais surtout Igor Stravinsky, l’auteur des trois ballets : L'Oiseau de feu, Petrouchka et Le Sacre du printemps.
La carrière de Nijinski fut relativement courte, celui-ci souffrant de problèmes d’hallucinations. Sa schizophrénie étant incurable, il sera interné.
Avec Nijinski l’ange brûlé, Dominique Osuch remet en lumière un des danseurs qui aura révolutionné le 6e art. Fait de nombreux retours en arrière, cet album est extrêmement beau visuellement. Les nombreuses scènes de danse sont véritablement aériennes et permettent de bien visualiser le travail de cet artiste hors pair.
Une très belle lecture à découvrir sans plus tarder.
Découverte que cette biographie de Nijinski, artiste singulier, et de l'univers de la danse (et de la musique) au début du XX ème siècle (et de la pesanteur de la première guerre mondiale), de la légèreté des corps dansants, des amours et passions compliquées.
Nijinski aura marqué l'histoire de la danse et la folie n'a cessé de peser (au travers de son frère dans sa jeunesse, et en lui même à la fin de sa vie).
Dominique Osuch parvient à nous emporter et garder notre intérêt dans cette histoire marquante et conséquente (262 pages quand même dont une bio en fin d'ouvrage).
La qualité graphique est aussi au rendez vous donnant une cohérence et une densité à l'ouvrage (un petit bémol sur les références manuscrites qui sont parfois un peu difficiles à déchiffrer ... comme souvent les écritures manuscrites !).
De la rencontre entre Nijinski et Chaplin, ce dernier dira sur le premier : "J'ai vu un esprit sensible, faire ses premiers pas dans un monde de brutalité et en proie à la guerre, vers un autre monde issu de ses propres rêves" (p 197). ... N'est ce pas cela le propre des grands artistes, nous (r)élever vers d'autres mondes ...?
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