Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
L'Oscar de la lecture la plus foutraque de l'année est attribué à «L'outil et les papillons» de Dmitri Lipskerov !
C'est une histoire fantasque, absurde.
Arseni Iratov, la cinquantaine fringante se réveille un matin et découvre qu'il n'a plus de sexe. Plus de pénis, plus de testicules, son bas-ventre est aussi lisse que celui de sa Véra d'amour. Les attributs masculins ont disparu. Evaporation de zob ! Magique, inexplicable.
Rajoutez à cela une jeune paysanne russe qui découvre sur le chemin de l'école un gnome qui va se transformer en un jeune homme de toute beauté (gnome qui n'est ni plus ni moins que le pénis d'Iratov) et vous voilà au coeur d'une histoire franchement barrée.
Ça part dans tous les sens, des histoires s'entremêlent, les sauts entre le passé et le présent d'Iratov sont continuels et pourtant on ne lâche pas le bouquin tout en ne sachant pas où nous entraine ce délire à la Gogol.
Une farce ? sans aucun doute mais avec en toile de fond la Russie, nos sociétés hyper masculines, la politique, la paternité, la religion, le pouvoir de l'argent, la corruption et j'en passe.
Dmitri Lipskerov est un écrivain à l'imagination débridée mais avec un sens impeccable du style. Le surnaturel se mêle au poétique, au grotesque et au baroque. L'auteur s'amuse et perd son lecteur pour conclure par un dernier chapitre jubilatoire.
Traduit par Raphäelle Pache
Dmitri Lipskerov est l'auteur d'un roman paru chez Agullo, l'an dernier, classé dans mes Coups de coeur, Le dernier rêve de la raison. Il récidive avec ce dernier roman, absolument génial, foisonnant, explosif. Les trois histoires, plus toutes les intrigues secondaires, qui sont nombreuses, se rejoignent évidemment. Elles se mêlent, s’entremêlent, se croisent et convergent toutes vers Arseni Iratov, le personnage principal.
Dmitri Lipskerov joue avec les genres du roman, il y a un peu de fantastique, de la saga familiale totalement déjantée, déstructurée qui explose les codes, les cadres. Il s'amuse sans doute, nous distrait sûrement. C'est le style de bouquin qui bien que comptant presque 400 pages ne se lâche pas une seconde. On a l'impression que ça part dans tous les sens, de tous les coins de la Russie, qu'énormément de thèmes y sont abordés et tout cela est vrai, sauf que c'est diablement maîtrisé. On y parle donc de paternité, de féminité, de la pauvreté en Russie, de la manière dont certains riches s'enrichissent, de politique, de religion, de l'histoire du pays. Finement, l'auteur aborde ces questions, de manière romancée et forte avec l'air d'écrire une farce.
Le texte est formidable, le travail de la traductrice Raphaëlle Pache également, le tout donnant un livre rare et franchement barré, original et fou, drôle et absurde. J'ai lu que Dmitri Lipskerov est considéré comme l'un des écrivains les plus marquants de la Russie actuelle, je le crois sans peine tant ce qu'il m'a montré sur les deux romans parus chez Agullo -très belle jeune maison qui fait un fameux travail de découverte- est remarquable.
Traduction de Raphaëlle Pache.
Aujourd’hui je ne vais pas vous parler d’un roman noir même si ce roman montre, disons, un des travers des hommes qui les conduit à certains comportements qui ont tendance à engendrer le pire.
Je ne vais pas vous parler non plus d’un polar bien que le roman débute sur une disparition qui amène le personnage central à poser des questions et à mener l’enquête sur le pourquoi du comment.
Non. Je vais surtout vous parler d’un texte complètement décalé. C’est une fable très drôle, un conte pour jeunes garçons pas très sages et pour jeunes filles vouées à des vies sous l’emprise des hommes.
Outre une ébauche de la société russe actuelle, c’est un roman profondément féministe, croustillant, subtil, ironique à la limite du cynique.
Et comme tout bon conte, on pourra y trouver une morale : « Tu seras puni par là où tu as fauté ».
Adolescente, j’adorais la littérature russe, en particulier Dostoïevski et ses héros torturés. Ici aussi j’ai retrouvé des hommes torturés, privés de leur virilité.
Le style de ce texte est aussi subtil que l’histoire que l’auteur nous raconte, avec beaucoup d’humour et une écriture moderne, parfois fleurie, si bien que j’imagine que la traductrice a dû passer des moments assez épiques et épicuriens…
Je conclurai en vous disant que c’est vraiment un roman « feel-good », une détente absolue, des éclats de rire et des moments où on se régale à se moquer des personnages.
A lire et relire dès qu’on a un petit coup de blues.
Un vieux Tatare, Ilya Ilyassov, vendeur de poisson dans un magasin d'alimentation se transforme un jour en silure.
Un capitaine de police, Volodia Sinitchkine, est affublé de deux grosses cuisses qui se frottent et s'échauffent, puis de manière incompréhensible se mettent à enfler jusqu'à atteindre des circonférences inédites.
Tous deux habitent ou travaillent dans une zone d'habitation pauvre dans laquelle un grand trou rempli d'eau sert de zone de pêche à deux amis, Mitrokhine dont la fille adolescente est très délurée et un peu droguée et Mykine, qui aiment boire, pêcher et se taper dessus. Au dessus de ce lac, des nuées de corbeaux attaquent tout ce qui ressemble à de la viande, animaux et hommes et fientent sur leurs agresseurs en guise de représailles.
Voilà un résumé qui peut paraître foutraque, barré et encore, je reste volontairement sobre. Sobre, je ne sais pas si Dmitri Lipskerov l'est mais quelle imagination, quel délire. Lorsque l'on croit qu'il a atteint des sommets dans l'art de raconter des folies pures, il en rajoute encore une couche. Ce roman est surréaliste, surnaturel, onirique, grotesque, magique, je n'en ai pas vu passer les presque cinq cents pages !
C'est une pure folie qui se déguste et se dévore. J'ai pu y trouver un discours sur la tolérance, la différence, sur la mort, l'amour, la croyance en un au-delà ou pas et une certaine philosophie zen enseignée par un homme-arbre... Ce roman se lit a plusieurs niveaux, soit comme une simple farce -on passerait quand même à côté d'une grande partie-, soit comme un roman à messages -et on perd également l'autre grande partie- soit comme je l'ai fait, comme un mélange habile des deux.
Dmitri Lipskerov, je le disais plus haut, est habile, il construit son roman avec différents narrateurs qui s'expriment par chapitres, un coup le capitaine de police, un coup le poissonnier devenu poisson, puis d'autres intervenants au fur et à mesure que l'histoire avance. Evidemment, tout se recoupe, et même si les liens sont faciles à faire, à chaque fois, le romancier surprend ses lecteurs par des inventions, des folies inimaginables pour tout esprit sain, pas celui de l'auteur...
C'est un roman fou comme rarement j'en ai lu, d'une folie douce et parfois plus violente qui exacerbe les passions humaines, les pulsions mais aussi les bons sentiments. J'ai peur que mon article soit pâlot, je l'écris juste après ma lecture, et qu'il ne transmette que peu la joie et l'enthousiasme avec lequel j'ai dévoré ce livre. Laissez vous tenter par ce coup de cœur, laissez-vous embarquer dans ces histoires fantasques, magiques, cocasses, tragiques, comiques, grotesques, totalement barrées -j'accumule les adjectifs, parce qu'un seul est trop réducteur et j'ai même l'impression que ma liste est trop légère, en-dessous de la réalité, c'est dire le pied que j'ai pris et que vous allez prendre...
Diable, c'est une tuerie ce bouquin !
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