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Partant d’un constat simple : l’amour heureux n’a pas d’histoire, Didier Rougemont, élabore une théorie très controversée sur les origines de la conception de l’amour en Occident.
La naissance de l’amour-passion remonterait selon lui au XIIème siècle et à l’amour courtois chanté par les troubadours. Le lyrisme courtois serait inspiré par l’atmosphère religieuse du catharisme, « l’Eglise de l’amour », doctrine manichéenne originaire d’Iran.
Ici il faut expliquer que la doctrine cathare repose sur le dualisme fondamental de la séparation de l’âme et du corps. Pour les croyants de cette religion, c’est Satan qui a créé notre monde dans lequel l’âme reste prisonnière du corps. Le but est dès lors que les hommes prennent conscience de cette réalité et qu’ils soient réintégrés près de Dieu après leur mort.
Ce « désir de mort » (plus tard évoqué par Freud) est le but inavoué de la passion des célèbres amants, Tristan et Yseut.
Mais le roman qui narre ce symbolique exemple de l’amour réciproque malheureux correspond à une première « profanation » de la mystique cathare. Denis Rougemont consacre un chapitre à ce qu’il nomme la laïcisation de ce mythe dans la littérature et la culture depuis le XIIIème siècle jusqu’à nos jours : Dante, Racine, Corneille, Stendhal, l’opéra de Wagner… le théâtre avec les vaudeville… l’obstacle à l’amour n’est plus d’ordre religieux (condamnation de la reproduction de l’espèce) mais moral (infidélité)…
Un autre chapitre est consacré à l’influence du mythe dans l’évolution de la guerre :
règles de la chevalerie jusqu’à la 1ère guerre mondiale dans laquelle les hommes deviennent des machines…
AVIS : Le style est un peu « ancien » ; il faut dire que le livre est édité pour la première fois en 1938, remanié en 1954… mais j’ai trouvé les théories développées intéressantes… notamment la passerelle entre Orient et Occident à travers le taoïsme et la libération du cycle des réincarnations. Ce qui prouve que les frontières que l’on voudrait ériger sont poreuses, les individus et les idées voyagent et enrichissent les cultures.
Les deux derniers chapitres qui traitent de l’incidence du mythe dans le mariage et la fidélité sonnent comme une mise en garde un peu moralisatrice contre le côté narcissique de la passion. Car l’objet de l’amour-passion n’est pas tant l’autre mais la brûlure de la passion…En effet l’idéal féminin chanté par les troubadours, « la Dame de leurs pensées », ne parlait pas de la femme idéale mais de la part spirituelle de l’homme…
Ps : L’amour dure trois ans, ce qui correspond à la durée du philtre d’amour bu par Tristan et Yseut !
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