Des incontournables et des révélations viendront s'ajouter à cette liste au fil des semaines !
Le titre de ce roman est énigmatique, tout comme la photo de couverture. Mais ne vous laissez pas surprendre : il n’est pas question de mythologie ni de folklore, sauf peut-être si l’on considère qu’il s’agit d’une lecture libre d’interprétation.
C’est une lecture qui nous happe dès le départ. L’auteur choisit délibérément un style avec des phrases à rallonge, qui s’enchaînent rapidement, séparées par des virgules, et que l’on lit d’une traite, presque dans un souffle.
Tout commence dans un parking, où un jeune attend un autre. On est le 21 juin et c’est le début de l’été, des vacances, et d’une période qui s’annonce vide dans des vies adolescentes où tout semble traîner en longueur. En parallèle, le Dr Rombouts quitte son hôpital pour rentrer chez lui. On comprend très vite que ces personnages, que tout oppose, vont se croiser, et on imagine des scénarios sur la manière dont leurs destins vont s’entrelacer.
Dans ce roman, rien n’est mâché, et les sentiments sont à vif. On ressent le profond malaise d’une société qui n’arrive plus à vivre dans son environnement et qui est sans cesse en quête de quelque chose d’autre une fois les besoins primaires satisfaits. C’est une lecture qui pousse également à réfléchir sur le vivre-ensemble et sur cette connexion aujourd’hui perdue, alors que, matériellement, tout est fait pour se connecter aux autres. Par ailleurs, on met en lumière cette vie qui va trop vite, où l’on ne prend plus le temps de respirer ni de comprendre les choses que l’on fait. Un roman qui nous percute en quelques pages.
Un soir de 21 juin, quelque part à la fin du siècle précédent, Théo et Max, 18 ans et des poussières, glandent dans la vieille bagnole de l’un des deux, sur un parking de centre commercial. Quelques joints et canettes de bières plus tard, ils décident d’aller se poser au calme, près d’une cabane abandonnée dans la forêt, au bord d’un étang.
Ce même 21 juin, le Dr Rombouts termine sa journée à l’hôpital et rentre chez lui, dans sa vaste propriété, à la lisière de laquelle se trouve une cabane abandonnée, au bord d’un étang. Chez lui, le Dr Rombouts se délasse et se prélasse, un verre de whisky à la main, dans sa maison cossue de riche bourgeois, seul depuis que sa femme et ses enfants se sont fait la malle. Un verre après l’autre après l’autre, il se détend. Jusqu’au moment où il entend des voix au loin, du côté de l’étang.
Dans la première partie, le récit alterne les séquences entre Max et Théo d’une part, et le bon docteur de l’autre. Au moment d’aborder la seconde partie, on se dit, on s’attend à ce que ces trois-là se rencontrent, et à ce que la tension qui s’est accumulée, l’air de rien, grâce à la chaleur, la fumette et l’alcool, va tourner au drame. On ne se trompe pas.
Au début, il faut s’habituer au style, fait de longues, longues phrases qui seraient étouffantes si elles n’étaient pas parsemées de virgules et autres signes de ponctuation, qui permettent de respirer juste le nécessaire. Puis, une fois le rythme pris, on se laisse porter et emporter sur le fil du suspense qui se tend inéluctablement.
Inspiré d’un fait divers aussi tragique qu’absurde*, ce premier roman raconte une histoire de frustrations et d’échecs, d’ennui, de matérialisme, de perte de contrôle, de violence et de paranoïa, d’instincts primitifs, de la peur de perdre ce qu’on possède et de ce qu’on est capable de faire pour que cela n’arrive pas.
*survenu en Belgique en juin 1999 (« l’affaire Riga »)
#Lisezvouslebelge
Théo, 18 ans depuis peu, vient de terminer sa rhéto. Il glande, fume des pétards et bois des coups sur le muret d'un parking de supermarché. Il attend son pote Max qui va arriver. Il se dit qu'il serait mieux chez lui mais il y a sa petite soeur, sa mère, alors il traîne là, tuant le temps. On partage ses pensées, ses peurs, ses angoisses. Que va-t-il faire plus tard, il aime la mythologie, on revit avec lui la naissance du monde - passage fabuleux - c'est sympa pense-t-il, il aime ça, pourquoi pas étudier l'histoire. Perdu dans ses pensées, dans la moiteur de l'été, l'asphalte dégouline (ou fond), le temps s'étire dans l'attente de son pote, l'ennui s'installe.
Max arrive, ils continuent à boire dans la voiture pourrie de son pote, sur ce parking à refaire le monde.
En parallèle on découvre, Rombouts, un toubib qui fait de longues journées de travail à l'hôpital. Il vient de faire dix heures de permanence, reprend sa voiture sur le coup de 20h. 45 minutes de route pour rentrer chez lui et retrouver son havre de paix. Rentrer, s'installer face à son jardin en bordure de la forêt, face au petit bois avec son étang qu'il vient d'acheter pour retrouver sa tranquillité, boire un verre de whisky puis un autre et un autre encore face à sa solitude. Faut dire qu'il a tout, qu'il mesure l'étendue de son patrimoine, la valeur des choses gagnées à la sueur de son travail mais l'essentiel, il l'a perdu, sa femme et se enfants l'ont quitté pour une petite infidélité.
La soirée est longue, interminable, c'est le premier soir d'été. Fin de la première partie !
Ces personnages vont bien entendu se croiser, on sent la tension, cela va mal se passer, la perte de contrôle est inéluctable. Un fait divers en somme, une violence, une folie passagère.
Céléstin de Meeûs nous propose un premier roman d'atmosphère, par sa narration, ses longues phrases dépourvues ou presque de ponctuation qui nous tiennent en haleine, la tension qui monte de ligne en ligne. Les phrases sont sans fin c'est comme une respiration - inspiration et expiration de plus en plus longue-, on lit en perdant son souffle, en apnée, les mains moites à la fin car la seconde partie particulièrement se lit d'une traite. Je l'ai terminée à voix haute accentuant ainsi la tension du récit.
Célestin est un poète avant tout et le choix des mots, du langage n'est pas laissé au hasard. On sent d'emblée que l'on va vers la tragédie, on sent le gouffre des générations, le désarroi des jeunes, la crainte de l'avenir, et la peur, la paranoia de perdre les acquis pour les plus anciens.
C'est un récit remarquable, d'une force incroyable, un premier roman déjà récompensé du Prix Stanislas délivré à Nancy en septembre dernier.
https://nathavh49.blogspot.com/2024/11/mythologie-du-12-celestin-de-meeus.html
La vie fait parfois se croiser des destins dont les trajectoires n’avaient aucune raison d’emprunter la même route, comme celle d’une cabane abandonnée au bord d’un étang.
En ce jour du solstice d’été, alors que le docteur Rombouts fait le bilan de sa vie passée, ses longues études de médecine, la réussite de sa carrière, sa propriété de luxe mais aussi sa femme partie avec leurs deux fils et au final le triste constat de sa solitude, Théo lui, pense à son avenir, ce qu’il va faire après le bac, peut-être des études d’histoire lui qui est passionné de mythologie, il repense à ce que lui a appris son père et sait qu’il doit va lui falloir quitter son quotidien d'adolescent oisif.
Mais pour le moment, Rombouts est seul dans sa belle maison à boire du whisky et Théo traîne en voiture avec son ami Max, en fumant des pétards et en buvant de la bière.
Et c‘est le contraste de ces deux étapes de la vie, de ces deux milieux, de ces deux éducations qui fait l’âme du premier roman de Célestin de Meeûs.
Seulement deux points dans tout ce court texte que l’on ne sait où arrêter, deux longues phrases qui nous happent parce que l’on veut savoir où elles nous conduisent, on veut arriver à cette rencontre improbable que l’on sait déjà inévitable.
De son écriture rythmée et très maîtrisée, Célestin de Meeûs nous entraîne dans une histoire envoûtante et sombre, qui parle des questionnements de l’adolescence et des bilans de l’âge mûr et qui interroge sur les choix de vie, faisant se percuter les projets passés et ceux qui sont à venir.
Un premier roman dense et touchant que j’ai lu d'un seul souffle.
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