"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
J'ai découvert dans ce roman un personnage particulièrement haut en couleur : Emna Aït Saada, une archéologue algérienne qui en impose sur tous les plans. De par sa corpulence d'abord, hors normes, qui inspire le respect, de par sa personnalité ensuite, de femme qui ne se laisse pas marcher sur les pieds, capable de réparties cinglantes et ravageuses, comme peut en témoigner le pauvre chauffeur de taxi qu'elle terrorise littéralement en début de récit, et enfin de par son étonnante capacité à avaler les verres de Campari.
Venue rendre une visite de courtoisie à Martine Thévenot, une journaliste française avec qui elle a une amie en commun, elle apprend qu'elle arrive trop tard, la jeune femme s'étant suicidée quelques jours auparavant. Bernie, l'oncle de la malheureuse ayant eu vent des qualités d'enquêtrice d'Emna, lui demande de faire la lumière sur ce drame, persuadé que sa nièce a été assassinée.
L'action se déroule dans un pays du Maghreb qui n'est jamais expressément nommé, où la corruption règne à tous les niveaux, les proches du « Palais » protégés par une police répressive à leur solde s'enrichissant sans scrupules.
Des extraits de cahiers que tenait Martine Thévenot, qui ont échappé aux mains des policiers pour tomber dans celles de l'archéologue, nous renseignent sur les reportages effectués par la journaliste, nous plongeant au cœur des conflits, coups d'État, génocides qui ont marqué ces dernières années de nombreux pays d'Afrique, donnant l'occasion au lecteur de se rafraîchir la mémoire aux niveaux historique et géopolitique de ce continent.
Emna, qui n'a pas beaucoup de doutes sur l'implication de sbires protégeant les intérêts de personnes hauts placées, entreprend de trouver des témoignages pouvant orienter ses recherches sur ce que pouvait bien avoir découvert la journaliste de si gênant pour mériter d'être purement et simplement éliminée du paysage. Elle utilise sa grande sagacité et sa facilité à obtenir des informations sans faire de vagues, qualité essentielle dans une atmosphère ambiante qui devient de plus en plus chaude et dont la température n'est pas seule responsable.
On sent que Catherine Simon, grand reporter, est en terrain de connaissance. Elle nous invite avec brio, à suivre au cœur d'une Afrique en perpétuelle ébullition les pérégrinations d'une enquêtrice atypique des plus attachantes.
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