Taïna, indienne des Caraïbes, a été instruite dès son enfance pour devenir chamane, mais Christophe Colomb et les Espagnols arrivent...
Alors l’art, essentiel ou pas ? Ce n’est pas par hasard que les éditions Sarbacane ont réuni « Mes hommes de lettres » et « Le pont des arts » de Catherine Meurisse dans ce coffret classieux à tirage unique qui contient également un ex-libris. Première bédéiste à être élue à L’académie des Beaux Arts, elle a, de ce fait, permis à la bd de faire son entrée dans la prestigieuse maison. Et cette nomination n’est que justice car si il en est une qui a traversé et traverse sans cesse ce pont, c’est bien elle, mettant, pour notre plus grand plaisir, le neuvième art au service des troisième et cinquième avec cet humour percutant qui n’appartient qu’à elle.
Vous reprendrez bien une petite madeleine ?
Si la couverture de Mes hommes de lettres représentant Marcel Proust, son « auxiliaire de vie » et quatre de ses prestigieux compères écrivains prêts à tremper une madeleine dans une tasse de thé reste inchangée, celle du Pont des Arts a été relookée à l’occasion de la nouvelle édition et on y voit le fameux Marcel offrant la précieuse pâtisserie à Picasso, ce qui renforce la cohérence de la réunion de ces deux ouvrages facétieux qui font rimer culture avec humour dans lesquels l’autrice qui adore faire descendre les célébrités de leur piédestal s’en donne à cœur joie, façon bien à elle de leur déclarer sa flamme avec cet humour corrosif à la fois subtil et exigeant qui lui est propre. Son œil acéré saisit le détail qui fait mal, qui fait mouche, qui nous touche et nous fait sourire, rire, nous esclaffer.
Mes hommes de lettres
Vous aimez la littérature ? ... Ce livre est pour vous . Vous détestez la littérature ? … Ce livre est pour vous. Voilà ce qu’on peut lire au quatrième plat de Mes hommes de lettres et qui résume parfaitement la situation. Ce livre, véritable madeleine évocatrice de nos années lycée, s’adresse tout autant aux amateurs éclairés qu’aux néophytes. Paru en 2008, premier album de bande dessinée de la jeune caricaturiste rentrée trois ans plus tôt à Charlie Hebdo, cet ouvrage est une jubilatoire anthologie pétrie d’érudition et de drôlerie - à la fois pédagogique et déjantée - de l'histoire de la littérature française, truffée de clins d’œil et de références, rythmée par un dessin vif et nerveux et ponctuée d’anecdotes plus savoureuses les unes que les autres.
Le feu d’artifice commence dès les pages de garde avec une séance de dédicaces où une longue file d’admirateurs attend patiemment devant la table de l’auteur de « Et si c’était vrai » alors qu’à la table voisine, l’auteur des « Misérables », ignoré de tous, se morfond. Après une préface touchante de Cavanna, et une page de titre où Molière, Flaubert, Proust et Voltaire, cheveux au vent, traversent leur Abbey Road, les Beatles de la littérature cèdent leur place à Renart qui tel un troubadour va parcourir le Moyen-Âge en fin et fieffé lettré. Les narrateurs vont se succéder et avec eux les situations burlesques truffées d’anachronismes savoureux, de mises en abyme vertigineuses, d’épisodes follement drôles : Montaigne allongé sur le divan se faisant psychanalysé par ... Montaigne, Corneille chahuté par ses comédiens dont Gérard Philippe lors de sa propre mise en scène du Cid, les loupés de Gaston Gallimard... Et que dire de l’épisode avec Flaubert scandant le fameux « Tous ensemble, tous ensemble » ?… Un véritable festival !
En fin d’album, lors des remerciements, Catherine Meurisse évoque les auteurs qui auraient pu également y figurer, le mot de la fin revenant à Montaigne : « Premiers arrivés, premiers servis ! »
Le pont des arts
Quatre ans après « Mes hommes de lettres », paraît « Le pont des arts », ouvrage tout aussi hilarant et érudit que le premier dans lequel elle va cette fois évoquer en huit chapitres aux titres judicieux (« Refusés, levez-vous », « A la Recherche du pan perdu »… ) les relations passionnées entre peintres et écrivains. On va y croiser Diderot et Chardin, George Sand et Delacroix … avant que ne soit relaté le fameux vol de La Joconde de 1911, pour lequel un poète illustre et un peintre majeur du siècle dernier ont été soupçonnés : un petit bijou de loufoquerie … Et là encore, vont se succéder analyses pertinentes, anecdotes, saynètes dans lesquelles les personnages de fiction viennent mettre leur grain de sel. Une scène fabuleuse : Baudelaire, brandissant pour l’occasion le parapluie du guide va tâcher de nous apprendre à distinguer un chef d’œuvre d’une croûte et clamer son admiration pour Delacroix en nous entraînant dans une visite guidée du Musée … d’Orsay ! Et en clôture de chaque chapitre, bien entendu, le tableau détourné s’impose et s’expose.
Tout cela est croqué de son « trait vif, sûr de lui, qui va à l’essentiel et méprise l’accessoire » selon Cavanna. Alors que son propos est longuement réfléchi, le geste graphique, lui, relève de la spontanéité. L’usage de la plume et l’encre de Chine, la nervosité du trait caractéristique du dessin de presse réalisé dans l’urgence, contribuent à donner une énergie débordante à ses dessins fourmillant de détails.
Ayant rompu avec le dessin de presse après l’attentat de janvier 2015, la dessinatrice est revenue depuis peu aux sujets d’actualité mais d’une façon différente, exempte de toute pression, avec « L’œil de Catherine Meurisse », double page en couleur qui ouvre le magazine Zadig.
L’art, quant à lui, continue à traverser son œuvre depuis l’inénarrable « Moderne Olympia » qui vient également de refaire peau neuve chez Futuropolis en passant par les statues du Carré des Niobides de la Villa Medicis dans La légèreté, le rosier de Montaigne, le figuier de Rabelais et le platane Swann, plantations littéraires évoquées tout comme la découverte du Louvre dans Les grands espaces pour terminer en apothéose dans son sublime Delacroix, et ce, en attendant le prochain ouvrage consacré au Japon de Sôseki.
En ces temps où la culture est mise à mal, ce coffret apporte une véritable bouffée d’oxygène à inspirer profondément et la chimie (ou la magie, c’est selon) opérant, cet oxygène, nous entraînant dans un délire d’initiés, se transmute en protoxyde d'azote. Se qualifiant de « nain sur les épaules des géants », cette grande dame fait de nous des fourmis sur les épaules du nain. Alors à défaut de visiter la magnifique exposition « Catherine Meurisse : une vie en dessins » que la bpi lui a consacrée, plongez-vous dans ces deux ouvrages qui plus que jamais sont … ESSENTIELS !
Après avoir découvert Catherine Meurisse avec son roman graphique "Delacroix", c'est avec un grand plaisir pour moi de la retrouver avec "Moderne Olympia".
Dans ce nouvel album, la dessinatrice met en scène avec beaucoup d'humour l'Olympia de Manet qui souhaite faire carrière sur la toile après avoir vu plusieurs fois " Roméo et Juliette". Pourtant, malgré sa bonne volonté, ses castings pour interpréter de grands rôles dans des oeuvres exposées au musée d'Orsay ne seront pas de franches réussites (pour notre plus grand plaisir!).
J'ai encore adoré la plume et le pinceau de Catherine Meurisse qui a su animer une cinquantaine d'œuvres célèbres de manière cocasse dont on peut retrouver les références à la fin de l'ouvrage. C'est une belle manière de mettre à l'honneur ce musée et ses nombreux trésors artistiques.
C'est à travers ce roman graphique que j'ai découvert l'auteure Catherine Meurisse. Et quelle belle découverte !!!!! Ce livre est une ode à la nature, l'écologie, la littérature, aux rêves d'enfants. Et si on peut accompagner tout ça avec de l'humour, c'est encore mieux !!!! :) Les dessins sont vraiment beaux !!!!
J'ai dévoré ce livre !!!!!!!!!!!!!!!
La légèreté, c’est tout le contraire de ce traumatisme qui pèse sur les épaules de la dessinatrice Catherine Meurisse. Cette douleur lui est tombée dessus exactement le 7 janvier 2015, jour de l’attentat à Charlie Hebdo. Elle aurait dû se trouver avec ses collègues et amis, mais ce jour-là, un retard bienvenu lui a fait rater le rendez-vous avec la mort.
Cet album retrace son cheminement vers la résilience, car il n’est pas facile de reprendre le crayon après un tel drame. Par petites touches pleines de tendresse où l’humour s’invite, elle nous raconte ce chemin de croix où l’entourage ne comprend pas toujours ce qui lui arrive. Nuits de cauchemars, dégoût de la vie et cohabitation avec les policiers de sa garde rapprochée, Catherine Meurisse croque tout cela d’une plume authentique.
On la suit dans ses pérégrinations de reconstruction, de la mer à Cabourg en passant par la Villa Médicis qui l’accueille, le musée du Louvre qui l’apaise et les séances chez le psy qui l’aide à se reconstruire. Le parcours vers la résilience de Catherine Meurisse se termine face à l’immensité de l’océan.
Un récit beau et poignant qu’il faut lire pour ne pas oublier la barbarie et le parcours douloureux des victimes.
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
Taïna, indienne des Caraïbes, a été instruite dès son enfance pour devenir chamane, mais Christophe Colomb et les Espagnols arrivent...
Une belle adaptation, réalisée par un duo espagnol, d'un des romans fondateurs de la science-fiction, accessible dès 12 ans.
Merci à toutes et à tous pour cette aventure collective
Lara entame un stage en psychiatrie d’addictologie, en vue d’ouvrir ensuite une structure d’accueil pour jeunes en situation d’addiction au numérique...