Nos lectrices Geneviève et Françoise vous donnent leurs avis. A découvrir d’urgence !
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Avec Insula Caroline Caugnant décrit les traumatismes , elle s'interroge à travers son personnage miraculé Line sur les racines du mal. Sujet difficile, récit psychologique mais les mots sont justes, délicats et poétiques. Certains passage sont dur et cruelle même oppressant. L'autrice a ajouté a cette ouvrage de la mythologie et légendes Japonaise. Une œuvre intime et pudique, on retrouve de la sensibilité dans sa plume fluide. On passe de l'obscurité à la lumière, une ode à la vie.
Très bien écrit, les failles et les forces des êtres, une existence vibrante du désir de renaissance.
"Sa peau, déshydratée, s'était crevassée et la fatigue la clouait parfois des journées entières au lit. Mais tout cela rentrerait bientôt dans l'ordre, ce n'était qu'une question de temps. Les vraies fissures se situaient ailleurs. Elles traçaient leurs sillons au-dessous, dans les zones invisibles, creusant pas à pas en elle."
" Elle se répétait qu’il existait, quelque part, une raison expliquant qu’elle ait été épargnée. Mais elle avait beau s’interroger, aucune réponse ne venait. Pourquoi moi "
Printemps 2023, à Tokyo, les cerisiers sont en fleurs, Line, hôtesse de l'air pose ses valises dans un modeste hôtel avant d'aller flâner dans les rues.. mais un tremblement de terre majeur que tous redoutaient survient.. Line est alors littéralement engloutie par la terre. Miracle, huit jours plus tard elle est retrouvée, puis rapatriée en France. Malheureusement, le plus compliqué reste à venir..
De retour à Paris, dans son appartement avec son compagnon, la vie voudrait reprendre, mais Line reste muette, elle ne garde aucun souvenir de ce drame, ne voulant rien avouer de ses émotions. Au fil des pages, on se retrouve dans le passé de Line, en nous dévoilant son caractère.. Mais au loin une lueur d'espoir apparaît : Saki.
Line ne pense plus qu'à Saki, cette femme sans visage, juste une voix, lorsqu'elles étaient toutes les deux sous terre buvant uniquement de l'eau de pluie, en attendant de l'aide ou la mort. Pour renaître, Line n'a d'autre choix que de partir..
Caroline Causant revient après "Les heures solaires" avec un roman émouvant, rempli de poésie. "Insula" structuré en deux parties où les références au Japon sont nombreuses, à travers des poèmes comme à la mythologie : les tremblements de terre serait du a un poisson-chat vivant dans les profondeurs de la Terre ou encore que les fleurs de cerisiers serait les âmes des soldats morts. Sublime.
Caroline livre un récit poétique, d'une forte douleur sourde, intime, ancrée au fond des entrailles. La plume délicate, épurée, douce de l'autrice colle parfaitement à cette histoire de reconstruction, à la recherche de nos démons, avant que le phénix renaisse de ses cendres. Sombre et lumineux à la fois, me voilà une nouvelle fois conquit par Caroline !
Le séisme qui change toute la vie
En racontant comment Line, victime d'un tremblement de terre au Japon, tente de redonner un sens à sa vie, Caroline Caugant explore la psyché humaine après un traumatisme majeur. Un roman aussi éclairant que bouleversant.
Comment se remettre d'un tel traumatisme? Line, hôtesse de l'air, se promène dans un quartier populaire de Tokyo au moment où se déclenche le Big One, ce tremblement de terre tant redouté. Le séisme ravageur l'engloutit littéralement et durant des jours, on n'a aucune nouvelle d'elle. Mais le miracle va avoir lieu. Elle est déterrée vivante au milieu du chaos, ayant pu boire l'eau qui ruisselait autour d'elle.
Après deux soins, elle peut regagner Paris et retrouver Thomas, l'homme croisé lors d'un vol pour Montréal et qui partageait sa vie depuis six mois. Mais la Line qui lui revient n'est plus la même: «Le corps de Line avait gardé, intact, caché quelque part dans une zone inaccessible ce que le choc avait effacé de sa mémoire. Puis un jour, les souvenirs de Tokyo sont remontés avec une telle clarté, une telle intensité, qu’ils l’ont submergée. Alors elle a fui. Elle est partie là où l’appelait sa mémoire.»
Thomas va alors tout faire pour l'aider, mais sans y parvenir. La vie en société, les déplacements, les incertitudes du quotidien sont autant de piqûres de rappel d'un traumatisme persistant. Alors prendre un métro qui s'enfonce sous terre ou voir la nuit tomber hors de chez soi deviennent des épreuves. Si Thomas se dit que reprendre son travail au sol peut servir à retrouver de la stabilité, Line ne va pas pouvoir assumer. Elle n'a alors qu'une envie, fuir.
C'est ce qu'elle va finir par faire, direction une île sur l'Atlantique où elle va pouvoir se confronter à ses fantômes. Un père absent, un premier copain victime d'un accident de la route, le rêve d'une carrière de danseuse qui se brise, mais surtout Saki, son double, celle qui a partagé sa «longue nuit sous terre», celle qui a survécu à ses côtés. «Line le savait maintenant, elle était revenue de Tokyo uniquement parce qu'elles étaient deux. Deux âmes affrontant la folie qui guettait, refusant de s’incliner, se tenant la main, et dialoguant pour ne pas sombrer. Ensemble elles pourraient se souvenir. Et guérir.»
Aux côtés de Rose, une insulaire qui va lui proposer de faire quelques heures de ménage dans sa maison, elle va avancer vers la lumière.
En retraçant ce difficile parcours, Caroline Caugant n'élude rien de ce combat à l'issue incertaine, mais à l'image des courts poèmes, comme des haïkus, qui viennent clore certains chapitres, elle montre la force des mots, l'importance du lien, la nécessité de pouvoir s'appuyer sur des histoires pour se construire et se reconstruire.
Comme dans son précédent roman, Les heures solaires, la romancière s’appuie sur un voyage pour permettre à son intrigue de se dénouer et à son personnage principal de se transformer. Billie gagnait le Sud de la France, Line la côte Atlantique. Mais à chaque fois, cette quête se fait dans la douleur. À la hauteur du traumatisme subi.
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu’ici! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024». Enfin, en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.
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Line est hôtesse de l’air et a l’habitude de parcourir le monde au gré des escales que sa compagnie dessert. En mars 2024, elle s’envole pour le Japon. Après plus de douze heures de vol, histoire de ne pas être totalement Lost in translation, elle part se promener pour découvrir les vieux quartiers de Tokyo. Mais le Big One la surprend, un tremblement de terre d’une ampleur jamais vue. Si les bâtiments modernes sont conçus pour résister à de puissantes secousses, il n’en est pas de même pour les vieux bâtiments. Cependant, huit jours plus tard, elle sera retrouvée telle une miraculée, et rapatriée sur Paris.
Mais comment survit-on à une telle épreuve ? Certes elle est vivante, mais à l’intérieur tout est désordre, tout est à reconstruire. « A qui expliquer qu’avoir été épargnée puisse vous anéantir ? » Qui peut imaginer, comprendre ce qu’elle a vécu, bloquée sous terre pendant une semaine, réussissant à survivre grâce aux gouttes de pluie qui ruisselaient le long des murs de sa prison de béton et de verre ? Huit jours à taper contre les murs, à tour de rôle avec Saki une femme coincée sous terre avec elle, pour être repérées par les sauveteurs. Huit jours à parler, évoquer leur enfance, leur vie, dans le noir, jusqu’au silence.
Thomas, son mari, observe sa femme impuissant, ne comprenant pas le combat intérieur qu’elle mène pour survivre à un tel traumatisme. Comme les johatsu, les évaporés, des disparus volontaires (par honte suite à un évènement malheureux, ils décident de fuir, de s'en aller, sans prévenir personne), Line va partir, fuir cette vie où elle se sent perdue. Direction une petite ile française, sur la côté Atlantique. Pas n’importe laquelle, celle où Saki, adolescente, a vécu quelques années. Lentement, au gré des marées, des embruns, des silences des iliens, elle tracera son chemin vers la reconstruction, sa renaissance. La culpabilité d’avoir survécu, le stress post-traumatique feront resurgir des douleurs plus anciennes.
Caroline Caugant mêle habilement le présent et le passé, les croyances et légendes japonaises (les âmes des soldats morts au combat qui se réincarnent chaque année en fleur de cerisiers, comme autant de présence fantômes, le namazu, poisson-chat qui vit dans les entrailles de la Terre et dont les japonais redoutent ses réveils et encore plus ses colères, les séismes naissant de ses colères), l’éveil de nos sens (les bruits, les odeurs) comme pour mieux faire ressortir cette douleur sourde que ressent cette femme touchée au plus profond d’elle.
Belle surprise que ce roman plein de délicatesse et de poésie (quelques haïkus ponctuent le roman) qui avec grâce évoque les failles laissées par les traumatismes.
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