Nous sommes dans la tête d’un adolescent le 14 mai, jour marquant pour sa vie et son quotidien. Il va essayer de sortir de chez lui, action qui lui complètement impossible. Il souffre du syndrome de la cabane. A partir de cette date, Ludovic Lecomte remonte le temps. Les chapitres sont numérotés dans l’ordre décroissant, ce qui renforce la pression pesant sur le protagoniste. Il est enfermé. Chez lui. Dans son intériorité. Dans son tumulte.
Ce texte à la première personne renforce son travail d’intériorité par la pudeur de son ton mais également par son rythme. Avec ses phrases découpées, ses mises à la ligne régulières mais pas systématiques, Ludovic Lecomte tente de saisir le souffle et le fil des pensées de son personnage. Totalement dérouté, incapable de mettre un mot sur ses propres failles et empêchements, il questionne son état. L’auteur montre le chemin fait pour trouver le bon interlocuteur, celui qui peut écouter, celui qui apaise et qui peut dialoguer sans jamais mettre, dans ses mots, un quelconque jugement ou avis. Le partage d’expérience permet de donner de la respiration à ce quotidien enfermé et d’ouvrir son esprit.
Ce roman est également très beau dans sa description d’une situation familiale et sociale. Les parents ou les amis, malgré leur familiarité, ne sont pas toujours les personnes les plus appropriées. Là apparaissent des doutes et une incapacité à aider, amplifiant la douleur de la situation. Mais ils comprennent que leur présence à une certaine distance suffit, signe d’un soutien infaillible, même dans le brouillard.
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