"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Robert Hébras aura été l'un des derniers survivants et témoins du drame d'Oradour-sur-Glane, miraculeusement échappé aux tirs, aux flammes, sa parole est infiniment sacrée.
Disparu en février 2023, il était important pour lui que l'on continue de parler de cette tragédie après sa mort afin qu'elle ne s'efface pas dans les limbes du temps.
En parler aux plus jeunes était pour lui une priorité et cette idée de bande dessinée est donc d'abord la sienne.
Il a pu voir les premières planches et rendre compte de son témoignage pour que l'écriture du scénario respecte les faits, qui sont donc parfaitement restitués.
Ce qui s'est passé ce jour du 10 juin 1944 doit continuer d'être raconté pour que nous puissions en parler et faire ce travail de mémoire collectivement.
Transmettre aux plus jeunes, c'est aussi faire en sorte que ces tragédies ne se reproduisent plus.
Hélas, on sait trop bien comme les hommes n'y entendent pas grand-chose en mémoire… alors, si cela pouvait au moins provoquer un sursaut pour mieux vivre notre présent et mettre la pression sur ceux qui, encore à l'heure actuelle, déploient des trésors de cruauté et massacrent des populations civiles innocentes.
La division SS Das Reich qui a perpétré ses atrocités était principalement composée d'hommes jeunes, manipulables, parfois incorporés de force (principalement des Alsaciens-Mosellans); on voit alors comme il est important d'éveiller les consciences pour que plus jamais une telle barbarie ne puisse se reproduire.
Si je connaissais l'histoire, certains faits m'ont prise de court, on ne peut certes pas rester insensible, ces "détails" de l'histoire n'étant que la triste vérité (tout un village puni par les nazis, des familles entières exterminées, des enfants brûlés dans une église…).
Graphiquement, le rendu est réel, c'est une plongée intense, presque suffocante. La préface et le dossier historique post-lecture permettent de mieux contextualiser l'événement et donnent des clés de compréhension importantes, notamment pour les plus jeunes.
Pour ma part je ne sais pas si je pourrais aller sur place, dans les ruines du village. La charge émotionnelle me semblerait trop forte.
Mais en lisant cette bande dessinée, en la partageant avec vous ou ma famille, j'ai l'impression de faire avec vous une partie de ce devoir de mémoire.
Le 10 juin 1944, la division SS Das Reich a détruit Oradour-sur Glane et 643 civils innocents, un assassinat collectif, un acte immonde de barbarie. Seules quelques personnes ont pu s'échapper dont Robert Hébras qui toute sa vie a témoigné de cet événèment tragique. Un devoir de mémoire qui ne doit pas s'éteindre, ce qui a généré cet album car il souhaitait qu'un maximum de jeunes puissent s'y intéresser.
Jean-François Miniac, pour le scénario et Bruno Marivain pour le dessin ont brillament relevé ce défi.
Cet album est un indispensable qui doit être lu et relu par un maximum de monde afin de ne pas oublier, de sensibiliser davantage à la menace de néfastes idéologies fascistes en recrudescence en Europe.
On va revivre, presque heure par heure la destruction de ce village sacrifié. C'est minutieusement décrit sur base de recherches historiques et un dossier pédagogique vient compléter cet ouvrage.
On revit la vie au village les jours précédents, la motivation des allemands voulant faire un exemple pour dissuader les villageois de soutenir la résistance. C'est dur, difficile car on ne peut imaginer sans lire ce qui est arrivé à ces centaines d'innocents qui n'ont rien vu venir de leur funeste sort.
Les dessins sépias, sobres nous font revivre cette horrible journée. Les planches sont parfois difficiles mais sobres et tout en pudeur. Détails et précision nous montrent la méticulosité et l'étendue des recherches documentaires.
C'est un très bel outil pédagogique qui donne envie de visiter le centre de la mémoire à Oradour
https://nathavh49.blogspot.com/2024/10/oradour-linnocence-assassinee.html
Que l'on connaisse ou non l'histoire d'Oradour, cette bd très bien documentée qui s'appuie sur les témoignages des derniers survivants, ne peut laisser personne indifférent.
Je trouve que la force de ce récit est de nous placer au même niveau que les habitants de l'époque. C'est-à-dire que nous sommes là, spectateurs des faits, sans vraiment comprendre le pourquoi de la situation. Les nazi parlent Allemand, nous ne les comprenons pas mais pourtant nous sentons la tension monter.
Bien sûr nous sommes en sécurité dans notre canapé, la bd dans nos mains, mais le stress habite le lecteur au fur et à mesure que nous tournons les pages, jusqu'à l'horreur ultime. Horreur que je connaissais mais qui me transporte systématiquement, comme la découverte des camps de concentration par exemple. Comment peut on en arriver là?
L'innocence assassinée, oui, car personne ne pouvait se douter de ce qui allait se passer ce jour-là. Certains ont d'ailleurs accueillit les troupes SS avec le sourire. "Nous ne risquons rien" répète à plusieurs reprises le jeune Robert. Et pourtant.
Je dois juste ajouter une difficulté à me repérer dans la chronologie, dans les premières pages de la bd. Les débuts de la lecture m'ont dérouté, mais m'ont aussi conditionné à me plonger dans l'incompréhension des événements qui vont suivre.
Une BD historique qui rejoint la liste des récits à mettre entre toutes les mains, pour ne pas oublier.
La façon dont les auteurs nous fait entrer à l'intérieur est remarquable, comme les gens d'Oradour et de ses hameaux ont peu à peu découvert puis vécu la tragédie. Remarquable, par ce côté fragmentaire grâce auquel on suit un groupe de gens puis un autre, par la façon dont on ne nous raconte pas chronologiquement les choses mais depuis plusieurs points de vue. Systématiquement, on repart d'un endroit pour converger vers l'horreur finale, en suivant des destins individuels et collectifs. Scénario très bien mené et dessin soigné, d'un réalisme classique, académique. Aucune complaisance dans l'horreur également. La révélation progressive de cette horreur, à travers des gens qui ne peuvent imaginer jusqu'où les soldats de la Waffen-SS peuvent aller, est terriblement efficace. Un album véritablement poignant, éclairant, minutieux. Quelle gageure, relater cette terrifiante histoire vraie ! L'album destiné au plus grand nombre, et aux jeunes en particulier, présente le logo de l'association nationale des familles des martyrs d'Oradour. Surprenant et réussi, je trouve.
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