Tout d'abord, je tiens à remercier Babelio et les éditions Desclée de Brouwer de m'avoir donné la chance de découvrir "Tintin, le Diable et le bon Dieu". Chaque Masse Critique est l'occasion de découvrir de nouveaux auteurs, de nouveaux éditeurs et cette lecture l'a confirmée une fois...
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Tout d'abord, je tiens à remercier Babelio et les éditions Desclée de Brouwer de m'avoir donné la chance de découvrir "Tintin, le Diable et le bon Dieu". Chaque Masse Critique est l'occasion de découvrir de nouveaux auteurs, de nouveaux éditeurs et cette lecture l'a confirmée une fois encore.
"Tintin, le Diable et le bon Dieu" est l'œuvre de Bob Garcia, romancier, essayiste et surtout tintinophile à qui l'on doit rien moins qu'une dizaine d'ouvrages sur le sujet. Bob Garcia est également un grand amateur de Septième Art, un amoureux de Sherlock Holmes et un passionné de Jules Verne et si je vous en parle, c'est parce que cette érudition pour d'autres sujets que le héros de Hergé sert parfois de terreau à son argumentation.
Avant de s'intéresser au contenu, il est important, à mon sens de s'intéresser au contenant et de saluer le joli travail effectué sur la première de couverture. Non seulement ce jaune rayonne et interpelle, mais il met surtout en lumière ce dessin qui illustre à la fois le titre de l'ouvrage tout en faisant référence à plusieurs scènes des aventures de Tintin au cours desquelles Milou est en proie à des pulsions pantagruéliques ou dionysiaques et peine à prendre une décision, un dilemme illustré par cet ange et ce diable qui tentent de l'influencer.
L'autre point fort de ce "Tintin, le Diable et le bon Dieu" est sa structure. Au programme : pages aérées, références accessibles, chapitres courts, thématiques pertinentes et un découpage qui rend la lecture aisée et plaisante. Le fait d'avoir contextualiser chaque album dessiné par Hergé est également une très bonne idée, d'autant plus lorsque l'auteur s'interroge sur les influences cinématographiques d'Hergé, ce que j'ai peu trouvé chez d'autres essayistes en apparence plus érudits sur le sujet.
À vrai dire, j'ai tout bonnement dévoré les cent-vingt premières pages avec très peu de réserves si ce n'est l'impression de survoler les polémiques qui ont secoué la sphère hergéenne, une impression fausse, soit dit en passant, car ces sujets sont abordés plus longuement plus tard. Mes premières réticences sont apparues avec le chapitre IV dans lequel Bob Garcia s'évertue à faire de Tintin un héros aux valeurs catholiques en convoquant quelques grandes figures et mythes bibliques, en s'interrogeant sur le langage, sur les rapports qui régissent les personnages. Plus libre dans sa structure que ses prédécesseurs, ce chapitre questionne la présence avérée des éléments constitutifs du catholicisme dans l'œuvre d'Hergé, mais alterne raisonnements cohérents, références décelables et interprétations douteuses voire même "pirouettées".
Les deux derniers chapitres qui s'intéressent aux autres religions ainsi qu'aux mythes, croyances et superstitions sont plus intéressants même s'ils renforcent l'impression que l'auteur est sur un double-langage. D'un côté, il avance que Tintin a toujours distillé les valeurs de l'Église catholique, mais de l'autre, il argumente qu'Hergé s'en est éloigné pour s'interroger sur les autres religions.
Ces quelques réserves et d'autres qui ne méritent pas d'être développés ici n'ont toutefois pas entaché le plaisir procuré par cette lecture qui m'a apporté un éclairage nouveau sur l'univers d'Hergé. "Tintin, le Diable et le bon Dieu" est un ouvrage passionnant, une belle introduction pour ceux qui souhaitent en savoir plus sur le créateur de Tintin avant d'attaquer des ouvrages plus pointus.