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Antara n’aime pas sa mère. Ma n’a cessé de la rabrouer, de l’abandonner, de l’insulter. Et pourtant, Antara aime sa mère. Une sorte de paradoxe qui empoisonne sa vie.
Les choses se compliquent encore davantage lorsque les premiers signes d’une maladie neuro-dégénérative se déclarent chez Ma. Elle oublie que certaines de ses amies sont mortes, se retrouve perdue, désorientée.
Antara va donc devoir veiller sur cette mère. Mais ce lien si dysfonctionnel, sème également le chaos dans sa vie de femme mariée et d’artiste…
Ce roman est un vrai coup de cœur !
Il parle de la maternité, sujet tant de fois évoqué, mais le fait d’une manière tout à fait singulière.
En racontant le présent d’Antara mais aussi son enfance, Avni Doshi met en parallèle la souffrance de Ma, alors jeune maman, incapable d’aimer sa fille sans la détruire. Créant ainsi une souffrance, un gouffre dans l’âme de sa fille qui continue à la ronger, une fois adulte elle-même.
Antara, ressent la même déchirure que sa mère. La même incapacité à s’aimer et à aimer. Emprisonnées toutes deux dans des carcans, celui du mariage, de la bienséance, des relations sociales.
Ce roman offre aussi un panorama de la société indienne, celle des classes moyennes, qui peut à la fois s’enfiler de la drogue en soirée mais où la belle-mère continue à régenter le foyer.
C’est un roman plein de couleurs et de d’odeurs, d’expériences. De souvenirs et finalement, de peu de rêve. Ce roman interroge, et hante même lorsqu’il est refermé.
Encore une très belle découverte grâce aux éditions du Globe.
Avni Doshi a choisi un thème difficile pour son premier : celui de l’Alzheimer. Elle l’aborde sous l’angle de la maladie d’une mère qui, au fil des jours, a la mémoire qui s’effiloche et pour qui sa fille, Antara, se plie en quatre pour l’aider à garder ses souvenirs.
Ma n’a pas été une mère modèle, bien loin de là : lorsque sa fille avait 4 ans, elle l’a enlevée à son père et est partie vivre dans un ashram, sous le charme d’un gourou, y oubliant même l’existence de son propre enfant. Après plusieurs années où des adeptes l’ont élevée, Ma envoie sa fille dans une pension catholique, l’abandonnant une nouvelle fois à son triste sort.
La vie d’Antara a été une suite d’abandons par cette mère qui ne l’a jamais respectée, dont la tendresse lui a fait cruellement défaut, qui n’a finalement jamais joué son rôle de mère. Mais aussi par Pa, ce père, totalement dépassé par les élucubrations de son épouse. Pourtant, âgée d’une cinquantaine d’années, seule sa fille unique pourrait s’en occuper, comme tout le monde l’attend. Alors que l’une perd ses souvenirs, ceux de sa fille ne font que remonter à la surface.
L’auteure, Avni Doshi, dresse le portrait d’une mère acariâtre, égoïste, dont la gentillesse n’a jamais effleuré sa propre fille. Malgré ce manque d’amour, Antara, fille unique, ne cesse d’essayer de trouver des aménagements à cette mère qui n’a pourtant jamais été tendre envers elle. Malgré les liens de sang les unissant, la toxicité de cette mère pourrait la désunir à jamais de la chair de sa chair.
Traitant de la, ô combien, difficile relation mère-fille dans ce qu’elle a de plus inextricable, on ne peut que s’attacher au personnage d’Antara. Malgré tout, au deux tiers du livre, l’auteure nous livre un subtil détail qui nous fait revoir certaines de nos positions.
Ce livre a été finaliste du Booker Prize 2020. Ne tombant pas dans la facilité, ce roman sur la force de la mémoire ouvre la rentrée littéraire d’hiver avec beaucoup d’élégance et d’émotions.
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