"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un Western glacial.
Les 2 fugitifs se croisent, se domptent, dans un décor où la nature est intense par son froid, sa blancheur. Pas simple de résister quand on a froid, faim, quand on est forcément coupable, qu'on rencontre un autre coupable aussi …
Obligés de collaborer, la survie est à ce prix. Et ce sera violent, passionné, forcément sanglant.
Le dessin est magnifique, on est vraiment pris dans l'ambiance, on est avec eux.
C'est assez énorme d'avoir réussi à faire une histoire de 260 pages, presque un huis-clos dans cet endroit de montagne reculé, bloqué par les éléments.
Impossible de lâcher ce magnifique pavé que j'ai adoré de bout en bout. Triste de voir la fin arriver, et de lâcher ce livre à la couverture juste splendide.
La couverture suggère immédiatement le récit et suscite la curiosité.
Une femme shérif, sur la défensive, mais déterminée et prête à tirer.
Car il s’agit bien d’un western dur en huit clos, dans une nature hostile.
Promesa – une bicoque perdue au milieu de nulle part, dans l’hiver, à la frontière du Canada.
La rencontre violente de deux anti-héros, Zacharie et Perla. Ils ont échoué à Promesa, ils fuient leur passé, leur futur en attendant l’arrivée des Marshalls, qui les ramèneront vivants pour les pendre, ou morts pour la fosse commune.
On comprend tout de suite au fond des images qu’il n’y aura pas de rédemption. Que des morts resteront à Promesa
Un scénario mené de main de maître. Pas de temps morts, pas de relâchement.
Il ne s’agit pas de héros. Tous les deux ont des failles. Pour preuve, ces cauchemars qui reviennent les hanter. Une grande part est faite à ceux de Zacharie. Cela fait penser à « il était une fois dans l’Ouest ». Sauf que dans le film, le héros se nourrit de ses cauchemars pour se venger. Zacharie, lui n’aspire qu’à la paix.
Le personnage fort, c’est Perla. Elle a subi les mêmes traumatismes que Zacharie mais elle est plus forte...
Perla incarne la révolte de la femme face à des conditions d’obéissance et de soumission, le choix assumé et douloureux d’une vie choisie.
Elle explique à Zacharie : « Ce qu’on apprend aux petites filles, c’est qu’une fois devenues femmes, elles n’auront pas le choix… »
Le passé revient les hanter, cette souffrance les rapproche. En miroir l’un de l’autre, ils comprennent mieux que certaines situations deviennent insupportables. Car c’est aussi une belle histoire d’amour, sincère et salvatrice.
Dans ce récit sans manichéisme, chacun est en zone grise, ou plutôt bleu-gris, comme les couleurs de la BD. Y compris les Marshalls. Pierce fait froid dans le dos, toujours à invoquer Dieu pour justifier sa violence, face à Perla : « j’entends que tu armes ton fusil, Diablesse, mais le nom de l’Éternel est une tour forte. Le juste s’y réfugie et s’y trouve en sécurité.
C’est pourquoi, les méchants ne résistent pas au jour du jugement car l’Éternel dicte la voie des justes…Et la voie des pêcheurs mène à la ruine. »
Ce magnifique roman graphique est construit tel un film. Avec des gros plans comme celui de la page 38, où Perla attaque Zacharie. Comme dans un film, le lecteur sursaute en face d’une action violente et brutale.
Les tons sont souvent en bichromie – noir et bleu – noir et rouge – grands traits noirs. Les flashbacks, les cauchemars de Zacharie, les souvenirs de la violence de son père, se reconnaissent immédiatement aux palettes de rose, rouge-violet saturés.
Tout dans le graphisme tend l’atmosphère et rend le récit addictif.
La couleur bleue y tient une grande place. Le bleu de la glace, du froid, de la souffrance du froid qui s’ajoute à tout le reste, devient oppressant. Surtout quand l’action est à peine visible, comme dans une grande tourmente de neige, avec des traits bleus flous.
J’ai adoré ce graphisme, ces gros plans, ces couleurs très travaillées. Il y a du Blueberry dans les dessins et Anthony Pastor indique d’ailleurs que les Blueberry ont bercé sa jeunesse
Certaines planches évoquent aussi certains peintres impressionnistes : traits par petites touches, notamment les scènes dans la forêt. D’autres me font penser à Goya, comme les gros plans sur les expressions de terreur.
Mention spéciale pour les chevaux, excessivement bien dessinés, tant dans les expressions que les postures.
Un réalisateur et un peintre !
Un récit tendu, un graphisme somptueux. J’ai adoré !
https://commelaplume.blogspot.com/
Ils sont seuls, traqués, et se rencontrent dans un village fantôme sous la neige. Zachary et Perla sont deux êtres cabossés, en fuite, cette rencontre va peut-être leur donner la force de faire face à ceux qui sont sur leurs pas.
Anthony Pastor est de retour avec un western ambitieux et soigné qui m'a tenu en haleine pendant 258 pages. Un huis-clos enneigé, deux personnages attachants, une voix off pertinente et une tension grandissante... Tous les ingrédients sont réunis pour une grande BD d'aventure.
Et ce graphisme... Anthony Pastor surprend avec cette encre bleu/vert et ce superbe trait au pinceau. C'est fin, intense, profond...
C'est mon deuxième gros coup de coeur du mois, "La femme à l'étoile" est l'exemple type de BD divertissante avec une histoire forte et un véritable univers graphique marqué. Que c'est bon ! Interview d'Anthony Pastor à suivre !
Montana, fin du XIXe siècle, Zachary fuit ses parents, sur le dos de son cheval Boots, dans la neige. Il cherche le village de Promesa, pour s'y retirer. Il finit par y arriver, épuisé, les maisons tiennent à peine debout, le village est désert. Désert ? Non, car Perla, une jeune femme s'y est réfugiée, elle est recherchée pour le meurtre de son mari. Elle accueille très mal Zachary, puis la méfiance fait place à une nécessaire collaboration contre leurs poursuivants.
Si le scénario peut ressembler à une histoire déjà lue, il est beaucoup plus fin qu'il n'y paraît. Zachary fuit la violence du père et Perla celle de son mari. Les violences intrafamiliales sont donc au cœur de l'album, dans une époque où elles sont tolérées voire encouragées, l'homme domine la femme et l'enfant et doit s'en faire obéir. Ça parle aussi de la liberté et du prix à payer pour la conquérir, de la société de l'époque -mais un parallèle peut être fait avec aujourd'hui- qui ne supporte pas les pas de coté, ceux qui ne suivent pas une supposée norme.
C'est aussi et avant tout un western avec les canons du genre : armes, cabanes en bois, chasseurs de prime, chevaux... Et c'est un quasi huis-clos puisque la plus grande partie de l'histoire se déroule à Promesa : Zachary et Perla se rapprochent pour faire face aux poursuivants.
Et ce qui m'a surpris dès l'ouverture de l'ouvrage et tout du long, c'est le dessin et les couleurs, ou plutôt la couleur, un lavis de vert du plus bel effet qui renforce la sensation de froid, la pression exercée sur les deux jeunes gens. Et lorsque la neige tombe abondamment, elle recouvre tout, et ne subsistent alors des arbres et des hommes que de petites taches plus sombres. C'est très beau.
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