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On suit le destin extraordinaire de Sofonisba Anguissola, depuis son enfance à Crémone dans une famille qui a l’esprit ouvert : le père Amilcare a promis que ses enfants pourraient faire éclater leurs dons qu’ils soient filles ou garçons ce qui était rarissime à l’époque et par la même occasion il va leur donne des prénoms carthaginois. Elle est née entre 1532 et 1538, et s’éteindra en 1625, longévité rare à l’époque où régnait notamment la peste…
Elle et sa sœur vont avoir pour maître Bernardino Campi, toutes les deux sont douées mais Elena va choisir la voie mystique en entrant au couvent. Puis, Gatti et à Rome Michel-Ange. Alors surgit une offre qui va changer le cours de son existence : elle est appelée à la cour d’Espagne par Philippe II, fils de Charles Quint qui va devenir son protecteur.
En tant que femme il faut lui trouver un titre car Maître de Peinture est réservé aux hommes. Elle devient alors demoiselle d’honneur de la Reine (Maîtresse de Peinture ne sonne pas bien aux oreilles) elle fera les portraits des hauts personnages de la Cour. Elisabeth de Valois, qui va devenir Isabel, est âgée de quatorze ans quand elle arrive à Madrid.
Sofonisba est cultivée, parle espagnol, français, elle est musicienne et le roi décide de lui accorder une rente qu’il ne remettra jamais en question. Dans un premier temps c’est Amilcare qui la perçoit, plus tard ce sera elle-même.
Sofonisba va devenir très proche de la Reine, des enfants, les infantes Isabelle Clara Eugenia et Catalina Micaela (elle les peindra à diverses périodes de leurs vies, notamment à un âge avancé (« Les Infantas » (il en sera de même pour les autres épouses qui suivront) mais la Cour d’Espagne est austère, tous les nobles sont, de noir, vêtus, on est loin des couleurs chatoyantes de Cremone ou de Rome.
Elle ne va pas renoncer à une vie de femme pour autant, le Roi lui trouvera un époux. Elle finit par épouser Fabrizio de Moncada de Paterno, dont la famille vit à Gênes, mais chut ! je vous laisse découvrir…
On traverse aussi l’histoire de l’Espagne, au XVIe siècle, (mais aussi de l’Europe et du monde) à cette époque où la Reconquista n’est pas encore très loin, la défiance vis-à-vis des Moriscos, les Moresques, les croisades, et l’importance du rôle de la religion. A travers l’histoire de Sofonisba, on visite la mode, les spectacles, la musique, les arts, en général, la Renaissance etc.
J’ai choisi ce livre car ce prénom, Sofonisba, a immédiatement attiré mon attention par son originalité, et la peinture m’intéresse même si je suis loin d’être une spécialiste. Je n’avais jamais entendu parler d’elle et sa personnalité, son histoire, son talent m’ont fascinée.
Anne Comtour la rend très vivante, opiniâtre parfois, habitée par son art : elle a fait beaucoup de portraits et d’autoportraits, alors qu’elle aurait aimé tenter les paysages, les natures mortes mais ce n’était pas à la mode alors. Elle va sombrer dans les oubliettes dans les siècles qui vont suivre, des hommes vont s’approprier son travail, notamment Alonso Sanchez Coello (peintre officiel de la Cour) et elle sera reconnue beaucoup plus tard.
J’ai retenu, entre autres, deux moments émouvants : lorsqu’elle rencontre, sur le tard, Artemisia âgée de 25 ans à peine ; ou sa rencontre avec Van Dick, un an avant sa mort, venu voir de près l’œuvre de celle dont on lui a parlé de manière élogieuse.
J’ai eu un gros coup de cœur pour Sofonisba et pour ce livre qui lui rend un si bel hommage. Je ne la connaissais pas, comme je l’ai dit précédemment, mais depuis cette lecture (en fait j’ai lu et relu ce livre !, j’ai fait durer le plaisir, je n’avais pas envie de quitter cette belle artiste) je consulte tous les sites internet à la recherche de ses tableaux…
Un détail, au passage, j’ai failli m’étrangler en lisant la préface : « Peintresse » quelle horreur !
Un grand merci à Babelio et aux éditions CREER qui m’ont permis de découvrir ce roman et son auteure que je ne connaissais que de nom…
https://leslivresdeve.wordpress.com/2022/10/29/sofonisba-danne-comtour/
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