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Léa est divorcée d’un mari pervers narcissique qui l’a détruite psychologiquement. Passionnée de littérature policière, véritable boulimique de lecture, elle trouve un emploi dans une librairie. Ses goûts sûrs, son sens maladif de l’organisation en font très vite la responsable du rayon qui deviendra vite l’un des plus courus de Paris.
« Aujourd’hui, je règne sur cet espace clos où se bousculent les amateurs. Sensation nouvelle d’avoir un rôle majeur. Celui de décider des ouvrages qui seront exposés aux meilleures place ; celui d’influencer les lectures de dizaines d’inconnus pour qui je n’éprouve qu’indifférence. »
Malgré ses succès professionnels, Léa s’ennuie profondément. Elle n’a pas d’amis, sa fille Laura est dans le coma suite à un accident mais elle ne se sent pas capable d’aller la voir. Sa rencontre avec un SDF va bouleverser sa vie. En la regardant, en lui demandant comment elle va, en lui souriant, il va la réveiller. Léa va se rendre compte qu’elle ne vit pas ou alors par procuration.
Suite à cette rencontre, Léa va se transformer. Elle va prendre sa vie en main. D’une bien curieuse façon me direz-vous : elle va devenir tueuse en série. De son père, caïd de la pègre elle n’a reçu en héritage qu’un pistolet calibre 22, des leçons de tir et sa collection de SAS. Ces leçons, elle va les mettre à profit.
Après son premier meurtre, Léa se sent enfin vivante, vibrante, sa manière de s’habiller change, elle devient femme fatale , femme létale. Elle veut revivre ces sensations au plus vite. Elle veut enfin devenir une héroïne, pas un personnage de papier comme ceux qu’elle suit au cours de ses lectures, mais bien une tueuse de chair et de sang.
« Un attroupement s’est formé autour du corps à présent apaisé. Je planque l’arme sous le siège. Hypnotisée par la scène, je fais comme eux, les badauds, je mate le cadavre. Voir la mort pour se dire qu’on est vivant.
Une flaque rouge dessine une arabesque ronde et vivace autour de sa tête. Soulagement brutal, délivrance inquiétante, toute-puissance. La montée d’adrénaline est si forte qu’il n’y a plus de place pour la tristesse ou la colère. Juste un sentiment de joie intense auquel succède une sensation de plénitude absolue. »
Avec La femme au 22, Anna-Véronique El Baze nous offre un thriller au rythme soutenu. La construction faite de flash back et d’alternance du « Je » et du Léa pour modifier les points de vue, le style vif et mordant accentuent encore cette impression de fuite en avant. Le rythme de l’histoire suit celui, envoûtant du Boléro de Ravel, musique de fond des meurtres de Léa. Nous suivons sans pouvoir le lâcher, le destin de cette femme qui donne la mort pour vivre. Un roman à découvrir absolument !
« Au fil des mois, je m'habituais au silence, aux petits déjeuners avec pour compagnons une tasse de café et un livre. Il avait fallu que Franck me quitte pour que je mesure l'ampleur de ma dépendance. Un amour bancal. J'avais été la victime consentante d'un expert en manipulation. Un constat sans appel. Je n'avais pas connu l'état d'ivresse que je devinais dans les scènes d'amour torrides des polars. Les affres de mon chagrin n'étaient que l'angoisse liée au bouleversement de mon quotidien. Le vertige du taulard bousculé à la porte de son centre de détention. Cette terreur imbécile de n'avoir plus de tortionnaire pour poser les limites, de gardien pour veiller au respect des règles. Plus rien ne me protégeait de moi-même. »
Je tiens à remercier Eric Poupet et Cherche midi pour cette découverte détonante. Sans cela je ne me serais surement jamais penché sur ce roman chez mon libraire.
Je dois avouer ne pas avoir accroché dès le début avec ce roman, la narration m'a dérangé au début sans que je puisse en expliquer la cause. Il m'a fallu plusieurs courts chapitres avant que mon intérêt commence à être titillé et que je me pose beaucoup de questions sur l'intrigue et son héroïne: Léa.
Car le centre de tout ici, comme le titre l'indique, est bel et bien Léa. Et quel personnage l'auteure a travaillé pour ce roman !! Du grand travail psychologique passionnant à découvrir au fil des pages. On suit son évolue, sa déchéance: la naissance d'une folie sans nom.
Au final, il me devenait difficile de poser cette lecture tant je souhaitais savoir le but de tout cela, quel en serait le dénouement. Chapeau à l'auteure qui a su faire chavirer ma première impression; et tant mieux !!
C'est donc sur une impression d'une excellente surprise que je conclue mon avis sur "La fille au 22", vous conseillant sa courte lecture à l'addiction progressive.
Absolument conquise, ce thriller avait décidément tout pour me plaire. Je ne pouvais m'imaginer un pouvoir d'attraction aussi impétueux qu'il vous colle à la peau. Trop rares sont les tueuses dans les thrillers et pourtant le crime leur sied si bien...
Léa est le profil de femme terne sur lequel on ne se retourne pas. Son quotidien serait morne et triste si elle ne pensait pas à s'évader au cours de ses lectures. Sa came, c'est le polar noir, celui qui lui procure le sentiment d'être vivante et où elle puise ses explosives montées d'adrénaline. Jusqu'au jour où la frontière entre le réel et la fiction devient si étroite que le danger gagne, bascule.
L'écriture est sublime, féminine, incandescente, évaporée. La séduction opère avec le personnage de Léa qui nous trouble jusqu'à l'obsession perverse, ultime et assassine. L'ambiance est sombre, prédatrice, les scènes sont cinématographiques. L'auteur subjugue avec une insolente légèreté. Au coeur des drames, un caractère névrosé et le développement d'un fort complexe d'abandon.
On se laisse abîmer au fil des pages dans la saltimbande des mots jusqu'à s'en étourdir. Un roman classe, prodigieux aux volutes aussi intrigantes que captivantes. Toute la dynamique repose sur ce personnage féminin autant redouté que fantasmé.
Que vous-dire de plus sinon que je suis sous le choc, le charme et définitivement désarmée. Passer à côté serait une grave erreur mais c'est à vous de voir...
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