Cette semaine, suivez Yann Briand, Directeur littéraire des éditions Le Passage et Charlotte Lefevre, responsable éditoriale pour la littérature française et étrangère aux éditions Pocket
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"La nuit, la mer n'est qu'un bruit" est un roman assez déroutant.
C'est une histoire d'amour où l'amour ne s'exprime pas, où d'un côté seulement, celui de Tim. Ce qui le rend malheureux. Maud, de son côté, est une femme hermétique aux sentiments, malgré l'attention et l'amour que Tim lui porte.
C'est le roman d'une fuite : Maud n'exprime rien et lorsque le malheur arrive, le couple explose. Tim se réfugie dans sa famille et Maud décide de prendre la mer et affrontera les éléments déchaînés... Trouvera t elle alors la paix ?
Un très beau roman par la force de son personnage féminin.
Je remercie les éditions Piranha pour cette très belle découverte.
Un roman historique qui dresse un certain portrait de la France avant la révolution. L’alphabétisation fait son chemin : la population est à même de lire les slogans contre les souverains qui fleurissent sur les murs. On veut faire table rase du passé en supprimant ce cimetière et aller vers une modernisation de la ville.
J’ai particulièrement apprécié les personnages du roman, notamment ces mineurs que l’on fait venir de Valenciennes pour faire le sale boulot et cette espèce de révolte qui semble gronder en eux. Un très bon roman historique.
Très très bon roman historique sur un cimetière qui a existé et qui fut vidé, ainsi que d'autres à Paris, les ossements furent alors emportés vers des galeries d'anciennes carrières souterraines, appelées depuis lors, Les Catacombes. Très bien documenté, c'est un roman passionnant qui énonce les conditions de vie de l'époque, juste avant la Révolution, lorsqu'on commence à parler de salubrité et de santé publiques. Ce que l'on appellerait aujourd'hui les conflits d'intérêt sont aussi présents (comme quoi, nos politiques n'ont vraiment rien inventé), comme l'arrogance des grands envers les petits, surtout s'ils sont provinciaux, donc mal dégrossis. Le peuple travaille et vit dans ce quartier, proche des halles, c'est surtout une vie organisée autour du marché : beaucoup de commerçants et d'artisans. Ils vivent de peu mais plutôt bien. Jean-Baptiste arrive là, originaire de Bellême en Normandie, il découvre la vie parisienne, les petites rues, la verve gouailleuse des hommes et surtout des femmes. C'est un peu le Candide de service (Voltaire est mort à peine dix ans auparavant). Logé dans une famille respectable, il a d'abord du mal à se faire à l'atmosphère plombée par les odeurs émanant du cimetière, puis finalement s'y fait, devient ami avec Armand, l'organiste de l'église, avec Lisa la petite-fille du sacristain, tandis que Ziguette la fille de ses hôtes a quelques vue sur lui, un beau parti.
Pour ce sale boulot, Jean-Baptiste fait appel à un ancien camarade ingénieur comme lui avec qui il a travaillé dans les mines à Valenciennes. Il descend avec trente hommes mutiques, pour certains qui ne parlent que -très peu- flamand. Des gars qui bossent et ne demandent en retour qu'une paie, un peu de gnôle et quelques libertés quant à leurs déambulations parisiennes qui seront néanmoins très limitées. De cette trentaine, on ne retiendra que quelques noms, quelques visages et les yeux violets de l'un d'entre eux.
Ce roman fait la part belle aux personnages dans leurs difficultés, leurs contradictions, leurs questionnements. Les relations entre eux sont détaillées, parfois houleuses, parfois très fraternelles. Il y aura un net rebondissement au mitan de l'ouvrage qui ouvrira une seconde partie totalement différente, plus noire, à la fois plus intérieure pour le héros et plus extérieure également, enfin, il s'ouvrira aux autres en s'affirmant. Evidemment Jean-Baptiste a le premier rôle, mais Armand et d'autres surviennent, l'aident à se construire, à se forger. C'est comme souvent, un roman initiatique, celui d'un jeune homme un peu emprunté qui devient un homme en passant des épreuves parfois rudes.
Pour être complet, je me suis un peu accroché pendant les 50 premières pages, j'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire, une difficulté qui revient brièvement aux trois quarts du bouquin, mais tous les autres chapitres sont formidables (ce qui fait quand même 250 pages de très bonnes sur 300 !). L'écriture est très agréable, fluide, accessible, bien traduite (par David Tuaillon). Un pur plaisir que de lire ce requiem.
Les éditions Piranha signent là un fort bon roman, une deuxième bonne pioche pour moi chez eux après Carambole. Une belle couverture également, soigné, un plan de l'ancien paris, que l'on peut également voir en deuxième et troisième de couverture en plus détaillé et auquel, par pur curiosité, je me suis référé plusieurs fois.
Assis depuis un certain temps dans le château de Versailles, un jeune homme fraîchement diplômé attend qu'un ministre lui offre le travail de sa vie : la destruction du plus grand cimetière de Paris en cette année 1785, le cimetière des Saints-Innocents, dont l'odeur pestilentielle a déjà envahi le quartier... et dont la menace sanitaire est plus que certaine. Un travail plutôt ingrat que Jean-Baptiste Baratte ne pourra refuser, lui qui aurait préféré construire des ponts dans sa Normandie natale.
Logé dans une maisonnée attenante auprès d'une famille attachée au cimetière autant qu'à son église pourtant condamnée, le jeune ingénieur va devoir creuser le problème que représente sa tâche autant d'un point de vue technique que moral. Sans oublier qu'il n'est qu'un autre provincial qui débarque à Paris : sa rencontre avec l'organiste Armand et ses grandes idées philosophiques inspirées des Lumières vont avoir un certain incident sur sa nouvelle vie.
En découvrant la vie animée du quartier en compagnie de son nouvel ami au tempérament aussi vif qu'enjoué, Jean-Baptiste va croiser d'autres personnages hauts en couleur à qui il essaiera tout d'abord de taire sa besogne. De la jolie Ziguette, la fille des Monnard, ses logeurs, en passant par l'Autrichienne conspuée ; sans oublier le prêtre fou à lier qui hante encore les Innocents, la douce Jeanne et son grand-père qui n'ont jamais connu que le cimetière, quelques médecins, l'homme à tout faire du ministre au traits crispés, etc. etc., c'est une ballade foisonnante dans le Paris avant la Révolution qui donne à réfléchir !
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