"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Écoutez voir Alfons Cervera !
Ce serait comme une litanie, les plis du temps, tels des murmures.
Texte de renom, « Claudio, regarde » est la généalogie de la vie.
Une voix qui s’élève et acclame l’alliance d’une littérature spéculative. Avec ce qui fut de cette famille, cercle et l’arborescence qui retient le tout entre ses mains.
Nous sommes dans la ferveur de la parole.
Dans ce regard qui va s’élever sans craindre la chute ou le pouvoir des mots. C’est la dignité de la parole qui rend hommage à la vérité. L’heure belle d’écouter Alfons Cervera au chevet de son frère qui se fait opérer de la cataracte.
« Il cligne des yeux, comme s’il était gêné par la lumière, Claudio regarde. »
Il conte, rassure, se rappelle. Entre les mirages de la destinée, le réel qui retient la somme des images trouvées dans la malle des rémanences. Ici, pas de poussières, mais le plein du liant. Deux frères en fraternité, l’instant des dires est une chapelle de lumière.
« Notre père s’est égaré au fond de lui-même et nous ne l’avons jamais retrouvé. Il sait que je suis toujours là, dans cette maison qui s’écroule de vieillesse, à ses côtés. N’aie pas peur. »
L’histoire familiale qui s’emmêle à la grande. « Nous avions appris alors pour la première fois que la mort n’était pas un jeu innocent de l’enfance. Rechercher des soldats ennemis à tous les coins de rue. »
Il parle d’une voix douce, en tenant la main invisible de la minute même où les paroles seront sèves, écorces et myriades. L’évènementiel qui joue avec les rais de lumière dans le pâle de cette chambre d’hôpital. On retient ces sentiments indicibles. L’espace-plein de confidences, comme si tout revenait d’un seul coup, de cette maison, des parents, des rideaux, jusqu’au charme de la lampe familiale, et des drames et trahisons des siens.
L’exploration intime qui refait surface et change l’épreuve de l’opération médicale en étymologie pastorale.
« La maison est bien trop grande pour nous deux. On a fermé le premier étage. »
« Certains jours j’ouvre le tiroir où je range les papiers de la condamnation de père et je me mets à compter les noms oubliés de la défaite. »
« L’écho de ce que nous avons lu devient une nouvelle écriture. »
Regards lianes, fusions, frères et la fulgurance d’une filiation avec vue sur le monde.
« Claudio regarde » Les miscellanées qui s’élèvent. L’héritage comme une fresque qui est magnétique, insistante et désignée, et change le tout. La lucidité des faillites parentales. L’honneur pour les faibles. Ce livre est repentance et fronton. Irradiant, intemporel et secret, intime et vaste. Un mémorial, l’ode au regard. Voir.
« Le passé n’existe que lorsqu’on s’en souvient, lit-on dans Claudio, regarde. »
la fraternité de l’existence. Après, « Ces vies là », « Le dernier des juges », « Claudio, regarde » est l’apothéose d’un triptyque.
Prendre soin de la clef qui se trouve dans la maison à la toute fin de ce récit magistral.
La couverture de Renaud Buénerd est gémellaire de ce beau livre. Traduit à la perfection de l’espagnol par Georges Tyras. Publié par les majeures Éditions La Contre Allée.
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