"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
1780. Rue de la Ferronnerie à Paris. Eusèbe Finet abandonne les études pour écrire des poèmes. Son père lui coupe les vivres et il se retrouve dans une bonne de chambre près du cimetière des Innocents. Difficile ainsi pour lui d'obtenir l'inspiration souhaitée. Une tourterelle vient un jour se positionner à sa fenêtre. Il partage son pain avec elle et celle-ci se laisse apprivoiser, Colombe devient sa confidente. Grâce elle, il finit par entrevoir une jeune dame à sa fenêtre, en face de son logement. Elle le salue. Il trouve en elle sa muse. Il lui écrit des poèmes et Colombe sert de messager. Il finit par comprendre que cette dame, Joséphine, est cloîtrée chez elle : un mari abject et jaloux l'enferme. Ce même mari apprend la correspondance entre les deux jeunes gens. Sa solution : envoyer Eusèbe dans les cieux. Ce qu'il ignore, c'est que le fantôme d'Eusèbe va rester dans les environs, dans le cimetière des Innocents, voisinant sa maison. Eusèbe n'aura alors de cesse de vouloir entrer en communication avec Joséphine pour la prévenir : son mari est un assassin et elle est en danger.
Beaucoup de naïveté dans les deux personnages au début du roman mais on se laisse facilement envoûter par cette belle histoire d'amour naissant et de vengeance. On côtoie à la fois la petite bourgeoisie parisienne de l'époque et le petit peuple, notamment avec une traversée de la cour des miracles.
Un roman captivant et très bien écrit, qui se dévore facilement et rapidement.
Pour info, j'ai dû le commander en librairie car il est publié en auto-édition.
En plein dégrisement après un succès qui lui avait tourné la tête au point de lui faire délaisser ses pinceaux pour mieux courir les salons, le peintre Philéas Chasselat en est à pleurer les caprices d’une gloire éphémère quand il rencontre la toute jeune Clémence Soyer, impatiente de faire valoir son talent dans le monde artistique du Paris de la Belle Epoque. Séduits l’un par l’autre, ils vont se retrouver liés aussi bien sentimentalement que professionnellement, jusqu’à tenter une bien audacieuse association pour faire triompher leur art...
C’est Philéas qui nous relate au passé, dans une langue délicieusement ressuscitée de la fin du XIXe siècle, les affres de la création artistique, entre délicate éclosion du talent et de l’inspiration, et impitoyables lois du marché de l’art. Quand la critique juge davantage l’artiste que son œuvre, se fiant d‘abord au plumage plutôt qu’au ramage et n’élisant qu’un entre-soi sacrifiant aux codes de son temps, la valeur artistique se retrouve battue en brèche par des critères de conformisme, de mode et de politiquement correct, pesant sur la liberté et l’indépendance de création au profit d’un mercantilisme sclérosant. Alors sans la reconnaissance de ses pairs, aujourd’hui sans appui marketing, il est bien difficile, si ce n’est impossible, de percer. Et lorsque le succès est au rendez-vous, l’artiste se retrouve emporté dans un tourbillon d’obligations représentatives à des années-lumière de l’ascèse créative.
En cette fin du XIXe siècle, les femmes-peintres font particulièrement les frais des préjugés. Alors qu’exclues de l’Ecole des Beaux-Arts, elles peinent à se former dans des cercles privés, on les renvoie aux genres considérés mineurs – comme l’aquarelle, « art frivole et superficiel » adapté à leur nature –, attendant qu’elles se cantonnent aux quelques sujets jugés à leur portée : « bouffées florales » ou « merveilles de nos provinces rurales ». En gros, les femmes peuvent peindre les vaches ; les hommes, eux, se doivent de choisir des sujets sérieux, le hussard en étant l’archétype puisque la peinture militaire, extrêmement codifiée bien sûr, reçoit alors tous les honneurs.
Jouant des heurs et des malheurs de ses deux personnages dans une intrigue, qui, pour être prévisible, n’en tient pas moins agréablement le lecteur en haleine et pourra, d’une certaine façon, trouver un prolongement dans le domaine de la création littéraire avec Quelque chose à te dire de Carole Fives, Alexandre Page suscite une réflexion aux extensions très actuelles sur la primauté de l’oeuvre sur l’artiste, trop souvent mise à mal par le goût du lucre et par le culte de la célébrité, le souci de plaire laissant alors libre champ à la médiocrité normative. Dommage toutefois que ce livre aussi intéressant que plaisant n’ait pas bénéficié de la relecture de correcteurs plus attentifs : ses coquilles par dizaines finissent par discréditer une écriture par ailleurs d’une qualité indéniable.
Nous sommes en 1880; Phileas Chasselat, jeune peintre plein de promesses, spécialisé dans la peinture militaire, qui a connu son heure de gloire quelques années auparavant et était promis à un bel avenir a dilapidé son argent et son talent dans les futilités et les mirages d'une vie mondaine dissolue. Alors qu'il est au fond du trou, il rencontre la jeune Clémence, qui souhaite être reconnue comme peintre batailliste, qui le subjugue par son enthousiasme, sa pétulance et son talent. Mais le milieu artistique ne peut concevoir qu'une femme peigne des scènes de guerre et les confine aux fleurs et aux vaches dans les prés. Alors Phileas et Constance décident de tricher. Seront-ils démasqués?
Ce roman, proposé, en SP, par l'auteur que je remercie, est arrivé au bon moment après que j'ai lu deux essais sur la place ou plutôt l'absence de femmes dans l'art au 19èsiècle en particulier : "Les femmes artistes vues par une ado (et par sa sœur" d'Alice Brière-Haquet et Appoline Haquet et "Femmes d'art" de Marie-Stéphanie Servos. A travers l'histoire fictionnelle de Clémence et de Phileas, l'auteur dépeint la société artistique française de la fin du 19ème siècle et souligne à quel point le combat des femmes artistes pour être reconnues était terrible et inégal malgré l'exemple de Rosa Bonheur, spécialisée dans la représentation animalière. Les femmes n'était pas admises à l’École des Beaux-Arts et ne pouvaient se faire un nom propre : elles étaient souvent filles de, femmes de. Elles étaient cantonnées à la peinture mineure (fleurs, animaux...) et les sujets militaires, religieux étaient chasse gardée des hommes.
L'auteur décrit, avec brio, la façon dont les femmes, de façon générale, étaient perçues par les hommes et j'ai dû, en permanence, remettre en contexte historique le texte pour ne pas bondir face à la misogynie exacerbée de cette époque. Jugez par vous-même avec deux exemples parmi tant d'autres : "J'étais venu avec la quasi-certitude de voir une mignonnerie pleine d'émotions, de palpitations et de convulsions ainsi que le sont d'ordinaire les femmes" ou "Les femmes sont si inconstantes".
Dans ce roman, les critiques en prennent pour leur grade; Alexandre Page décrit leur toute-puissance qui font et défont, à leur gré, une réputation, qui vilipendent une œuvre en fonction du peintre et non de son travail et qui, parfois, ne connaissent pas grand-chose à ce qu'ils jugent. Est-ce que ceci pourrait s'appliquer de nos jours? Je vous laisse seul juge.
L'auteur manie les imparfaits du subjonctif et les passés simples avec art et dextérité. L'écriture est belle, recherchée, sans être pédante, rappelant le phrasé de la littérature de la fin du 19ème siècle.
Cependant, une relecture attentive de l'ouvrage aurait probablement évité les trop nombreuses coquilles et fautes de français, qui finissent par être agaçantes pour la lectrice que je suis, amoureuse des mots et de la langue française.
Ma chronique : Toute légende aurait un fond de vérité ?
On a aimé les contes de notre enfance parce qu'ils nous faisaient frémir avec ce petit quelque chose de magique. Il en est de même pour ce roman inspiré de la mythologie slave. Il nous transporte loin de toute rationalité.
Aventurez-vous dans l’imaginaire Russe dépeint par Alexandre Page en découvrant l’histoire des "Roussalki", ces sirènes envoûtantes qui attirent les jeunes hommes dans les eaux troubles d'un lac maudit où elles errent. Vous serez pris au piège par cette histoire romanesque pleine de rebondissements.
Le riche voyageur, la Comtesse et l'énigmatique Mavra (une sorcière ?) ont cette part de mystère que l'on trouve dans les œuvres romantiques du XIXème siècle, amoureux sensibles qui échappent à leur destin, attirés par des pulsions de mort.
Saltikov, voyageur distingué, arrive dans un village misérable aux confins de la Russie tout juste après l'abolition du servage. Il se présente comme folkloriste, chargé par la société de géographie de recenser les légendes ancestrales qui plongent le pays dans l'obscurantisme. Il est intéressé par la légende mongole relatant la malédiction du lac de cette région où les terres sont mauvaises et où tous les habitants sont pauvres, superstitieux mais généreux.
Est-ce la véritable raison de la venue de cet aimable voyageur ? Pourquoi cache-t-il son identité ?
Il loge chez la frêle Comtesse, prisonnière volontaire d'un manoir décrépi. Elle est belle, tourmentée, maladive, mélancolique. Saltikov examine les études approfondies sur l'histoire du lac qu'avait fait le père de la comtesse .
On le prévient que cette quête est dangereuse et qu'il risque d'y perdre sa vie et son âme. Saltikov est un scientifique, peut-il trouver une once de vérité dans ces mythes populaires ? Comme le Comte avant lui, poursuit-il une chimère ?
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