"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Je l'ai lu il y a déjà un moment. Aujourd'hui je suis tombé sur la fiche de ce livre par hasard et je m'aperçois que personne n'a pris la peine de noter ce livre incroyable ! Du coup je me suis replongé dans ce livre pour vous faire une critique plus juste. L'auteur raconte ici des épisodes de sa vie en prison quelques années plus tôt. Il raconte la violence au sein de la prison mais aussi les différentes histoire de ses co-détenus.
Ces histoires tragiques sont relatées brillamment et sobrement, et même avec un certain humour. Elles interpellent surtout sur la finalité de l'incarcération : si sa fonction première est punitive, alors elle semble remplir son rôle. Par contre, si elle vise à préparer une réinsertion mieux réussie dans la société, c'est le plus souvent raté... sauf pour l'auteur, en l'occurrence.
Ce n'est qu'en fin d'ouvrage que l'écrivain qu'est devenu Lacheb explique les raisons de sa présence en ces lieux, à un moment où le lecteur ne s'en préoccupe plus beaucoup.
Dans la vie raconte le parcours d’un tueur en série. Dans la première partie de ce roman, il décide (il, parce qu’à aucun moment, nous n’apprenons son nom), un jour avant de partir définitivement, de solder ses comptes avec les personnes qui auront croisées sa vie. Pour l’un, c’est parce qu’il a empêché de rentrer en boîte de nuite, pour l’autre, c’est parce qu’elle l’aura fait virer de son travail pour un soi-disant harcèlement sexuel. Il note leurs noms sur une feuille, les recherche, et les élimine.
L’écriture de cette partie est la retranscription de ses pensées ou d’un entretien. Il écrit comme il parle et les négations sont tronquées, quelques phrases sont construites bizarrement. Cette manière d’écrire donne au texte une certaine authenticité mais me paraît gênante à la lecture.
Dans la deuxième partie, on le retrouve dans son travail. Il est infirmier. Toute la rancœur aperçut dans la première partie disparaît pour une humanité réelle et sincère pour les personnes dont il a la charge. Il travail dans un centre qui accueille des personnes malades et âgées.
Mais c’est affligeant de constater comme les personnes malades sont abandonnées. Comment, pour le seul prétexte administratif chronophage, peut-on arriver à délaisser des gens, des êtres humains, les ignorer, les considérer comme des animaux ?
Dans la vie raconte un infirmier qui tue et dans le même temps qui reste très humain. Qui assassine qui ? C’est peut-être la vraie question qu’il faut se poser. Est-ce lui, qui solde ses comptes, ou est-ce ce médecins, qui délivre une ordonnance sur le bord de la table, sans un regard pour son patient qui souffre, est-ce aussi ces infirmières, qui ne se préoccupent plus de leurs douleurs physiques et morales ? Ne sont-ils pas eux aussi des assassins par omission de ces délaissés de la société ? Cette deuxième partie nous raconte le calvaire de ces oubliés de la société qui se donne bonne conscience sous le voile de l’hypocrisie. Cette partie est longue, longue pour nous faire vivre cette souffrance quotidienne, cette persécution silencieuse qu’endurent les résidents maltraités, pour nous faire ressentir ce que c’est de vivre avec l’attente de la mort qui ne vient pas, avec ce corps qui ne répond plus, avec cette indifférence douloureuse.
La troisième et dernière partie est le récit d’une des pensionnaires. Une fiction avec une morale. Une histoire courte et intéressante.
Dans la vie est un roman qui ne laisse pas indifférent, qui force la réflexion. Un roman puissant, chargé d’émotions, un roman à lire.
Dérangeant. L’auteur Aïssa LACHEB-BOUKAKACHE a été condamné à quinze ans de réclusion criminelle pour vol avec port d’armes. Il était âgé de 27 ans.
Il a écrit ce livre en prison. Son objectif premier est de défendre sa cause car il estime injuste sa condamnation au regard d’autres jugements intervenus dans les mois précédant sa propre affaire. J’ai été profondément touché par la violence des premiers chapitres, violence et crudité du langage ; même si elle fait parfaitement ressortir la colère et le dégoût de l’auteur sur sa situation. L’auteur met en scène un autre personnage, un codétenu comme un contre-point ou un renfort à ses propos. La violence est très présente dans leurs échanges jusqu’à une violente bagarre qui entraîne une modification de la méthode. Il ne s’agit plus alors de se plaindre et critiquer mais d’argumenter. Cette bagarre n’est peut-être finalement qu’un conflit interne qui permet à l’auteur de se repositionner. Il met fin à la vulgarité car il craint d’être déconsidéré, qu’on ne prenne pas ses arguments au sérieux. L’écriture s’apaise, s’enrichit et s’attelle avec minutie à appuyer le propos de l’auteur. On le découvre certes influencer par ses lectures mais il n’en est pas encombré ; il en retire des arguments, des références qui étayent sa démonstration. Son plaidoyer au Président de la Cour Européenne des droits de l’Homme explique sa situation, reprend d’autres condamnations, mais évoque aussi les manipulations de la justice sur un peuple, des jurés manquant d’instruction (ou du moins de connaissances) ainsi que les dérives langagières de certains professionnels de la justice. Il cite le propos d’un substitut de procureur se levant de sa chaise « pour déclamer au monde entier que ces jeunes-là, accusés, n’étaient que les déchets de la basse humanité. » Il rappelle que « ces paroles sont celles-là même par lesquelles Eichmann et Himmler justifiaient leurs actes. » Ce plaidoyer à défaut de convaincre » son destinataire, fait réfléchir le lecteur sur le rendu de la justice, sur l’usage des mots et le sens de la vie. L’auteur atteint un autre objectif : il (re)devient humain. Parce qu’il réfléchit, qu’il a des opinions construites, il quitte son état de criminel pour retrouver un état d’home libre. Il confirme par là-même la nécessité de l’instruction, de la culture qui donne à chacun le pouvoir de réfléchir et d’affirmer ses opinions. Je l’ai lu en quelques soirées. Chaque chapitre nous porte vers le suivant …
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