En début d’année, nous avions eu la chance de découvrir l’excellent livre d’Antoine Laurain, Le service des manuscrits, dans des circonstances exceptionnelles. En effet, à l’occasion du lancement du roman, les éditions Flammarion nous avaient ouvert les portes… de leur propre service des manuscrits !
Une idée géniale puisqu’elle mettait en abyme le récit d’Antoine Laurain dans un lieu qui pour beaucoup de lecteurs et d’auteurs reste un objet de curiosité, pour ne pas dire de fantasmes.
Nous en avons profité pour poser quelques questions à Christophe, en charge du service des manuscrits de Flammarion. Voici un entretien qui démystifie certaines idées reçues… tout en donnant un bel aperçu de ce métier passionnant qui est à l’origine de tant de plaisirs de lecture !
Et si vous écrivez vous-même, connaître l'envers du décor est forcément très instructif...
- Beaucoup de gens écrivent et envoient leur manuscrit à un éditeur, mais rares sont ceux qui ont la chance de connaître le fonctionnement réel d’un Service des Manuscrits. Combien de textes recevez-vous par mois, et comment sont-ils évalués par votre service ?
Nous recevons environ 500 manuscrits par mois. Nous avons plusieurs critères de sélection, mais le plus important est celui de la ligne éditoriale des éditions Flammarion (évaluer si un texte trouverait sa place au sein de notre production). S’ajoutent à ce critère essentiel celui des tendances actuelles et, bien sûr, celui de nos goûts personnels. L’idéal étant de cocher toutes les cases, mais ce cas de figure est rare.
- A quoi ressemble la journée-type d’un lecteur du Service des Manuscrits ? Est-ce un travail individuel ou en équipe ?
Clairement un travail d’équipe, en tout cas chez Flammarion ! Nous effectuons un premier tri des manuscrits qui arrivent quotidiennement par la Poste. Il s’agit de mettre de côté les manuscrits qui nous semblent correspondre aux critères dont nous venons de parler. Cela peut prendre moins de cinq minutes pour les cas les plus évidents (un manuscrit de science-fiction au style maladroit et à l’histoire banale par exemple), et parfois beaucoup plus de temps.
Nous sommes trois à effectuer cette sélection, afin d’être certain de ne pas passer à côté d’un manuscrit intéressant. Ensuite, nous lisons les manuscrits retenus et faisons un point en fin de journée pour dresser un premier bilan. Certains textes passent vite à la trappe, d’autres sont lus une deuxième, voire une troisième fois, nous en parlons toujours entre nous avant de prendre une décision.
- Vous trouvez la perle rare, un manuscrit est retenu. Que se passe-t-il ensuite ?
Quand un manuscrit a retenu notre attention, nous le mettons à l’ordre du jour d’un comité éditorial (réunion hebdomadaire lors de laquelle les éditeurs et toutes les équipes évoquent les projets de publication). Tout le monde le lit et nous évaluons ensemble la pertinence ou non de le publier (d’où l’importance des critères de sélection !). Et si la décision est unanime, alors nous appelons l’auteur pour lui annoncer la bonne nouvelle.
Cela reste un cas de figure exceptionnel (environ 1 manuscrit sur 2000), mais il ne faut pas oublier que tous les auteurs ou presque sont passés par la case manuscrit, sans recommandation particulière. C’est d’ailleurs le cas d’un roman que nous allons publier et dont nous sommes particulièrement fiers : La moitié de la vie, écrit par André Desbazes.
Un grand merci à Christophe et aux éditions Flammarion !
Propos recueillis par Nicolas Zwirn
Tres intéressant
Article très utile qui coupe court au rêve et évite la grosse déception. Je me demande parfois comment certains romans ont franchi ces étapes sans poursuivre l'aventure, ne serait-ce qu'une bonne promotion de l'éditeur.
Lire "le service des manuscrits" m'aiderait sans doute à mieux comprendre.
Très intéressante cette interview !
J'ai très envie de lire ce service des manuscrits !
Je le mets directement sur ma pile de livres à lire rêvée !
Bonjour, c'est un article effectivement très intéressant.
Intéressant, merci !