Dans Les Trois femmes du consul (Flammarion), le deuxième tome d’une série policière, Jean-Christophe Rufin installe un personnage d’enquêteur totalement hors des clous du genre.
Il y a un diplomate qui veille dans le cœur de l’écrivain Jean-Christophe Rufin. Dans plusieurs de ses romans, il se nourrit de son expérience de médecin, d’engagé humanitaire, mais aussi d’ambassadeur de France au Sénégal et en Gambie. La preuve par son nouveau roman qui met en scène un petit personnage aussi singulier qu’attachant, français d’origine roumaine, Aurel Timescu, « dont la dégaine évoquait autant l’Empire austro-hongrois que l’univers soviétique, qui écrivait des opéras et jouait le soir sur son vieux piano des airs de café-concert ». Déjà héros du Suspendu de Conakry, la petite cinquantaine, il est la hantise des ressources humaines du Quai d’Orsay, tant il s’applique, avec génie, à ensabler les dossiers et à trouver les meilleurs stratagèmes pour en faire le moins possible.
Inspiré d’un collaborateur que Jean-Christophe Rufin confie avoir croisé au cours de ses missions, cet attaché drôlement accoutré se retrouve mêlé à une affaire de meurtre. Au commencement des Trois femmes du consul, Aurel est nommé à Maputo, la capitale du Mozambique, où l’on retrouve le patron irascible d’un hôtel de luxe, un Français, noyé dans sa piscine. Piètre diplomate, Aurel, le singulier cossard, secoue sa flemme et se passionne pour l’enquête, avec l’alibi d’être le consul adjoint, pour foncer au cœur de l’énigme.
On se lance dans un roman policier sans presque s’en apercevoir. L’auteur s’amuse, autant que le lecteur, à faire évoluer son personnage à la fois dolent et dynamique dans ce qui ressemble à un marivaudage, mais qui cache en réalité un énorme scandale écologique. Pour ceux qui aiment lire dans les trames des romans, ils y trouveront un portrait en creux des us diplomatiques, une réflexion sur les traces de l’exil, des considérations sur la « Françafrique », la corruption au Mozambique et la complexité féminine du point de vue masculin.
Les Trois femmes du consul est le Paris-Marseille idéal, un roman finement ficelé, drôle et revigorant, qu’on lit en trois heures en espérant une suite, attaché qu’on est déjà à ce personnage, tout comme son auteur, Jean-Christophe Rufin, qui montre encore une fois qu’il est capable d’écrire le roman dans tous ses genres.
je viens de lire le suspendu de Conakry c'est génial j ai hate de lire celui ci.
Merci pour cette chronique. J'ai envie de découvrir ce personnage!
Bonjour et merci pour cette chronique!
Bien envie de le lire! Pour pouvoir en parler avec Jean Christophe Ruffin si je suis sélectionnée comme jury au Prix Orange du livre! Oui car les sélections sont ouvertes!